D'origine espagnole, afro-américaine et amérindienne, Joséphine Baker est née de parents artistes dans un milieu très pauvre. Aînée de plusieurs frères et sœurs, elle passe son enfance dans le Missouri, dans la ville de Saint-Louis, et alterne école et travaux domestiques pour subvenir aux besoins de sa famille. A 13 ans, elle se marie avec Willie Wells. Parallèlement, l'adolescente, qui pratique la danse depuis son plus jeune âge, rejoint en 1920 un trio d’artistes de rue, les Jones Family Band.
A 16 ans, Joséphine Baker quitte son mari et intègre la troupe de la comédie musicale Shuffle Along. Elle rencontre, lors d'une tournée, son deuxième époux, Willie Baker (duquel elle se sépare en 1923). Puis, elle danse avec les Chocolate Dandies et rejoint le Plantation Club, où elle fait la connaissance de Caroline Dudley Reagan, la femme d'un haut fonctionnaire de l'ambassade américaine à Paris. Cette dernière lui propose de la suivre en France pour devenir la star de "Revue nègre".
Ce spectacle musical de jazz, faisant la part belle au style de danse unique en son genre de Joséphine Baker ainsi qu'à la culture noire, rencontre un grand succès à Paris. Après de multiples représentations en France et en Europe, l'étoile montante des années folles abandonne "Revue nègre" et signe avec le théâtre des Folies Bergère pour des rôles principaux. Elle s'essaye aussi à la chanson. Parmi ses nombreux titres, "J'ai deux amours" qu'elle chante en 1931 est de loin sa plus connue.
Parallèlement (mais sans connaître le succès qu'elle a sur scène), Joséphine Baker joue dans les films La Folie du jour (1927), La Revue des revues (id.), La Sirène des tropiques (id.) et Zouzou, où elle a pour partenaire le grand Jean Gabin. Elle poursuit avec Princesse Tam Tam (1935), Moulin Rouge (1944) et Fausse alerte (1945). En 1936, la native de Saint-Louis effectue une tournée aux Etats-Unis avec les Ziegfeld Follies à Broadway, mais le public n'est pas au rendez-vous.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Joséphine Baker (qui acquiert la nationalité française depuis son mariage avec le courtier Jean Lion en 1937) devient un agent du contre-espionnage français, avec un courage et une détermination sans faille. Elle œuvre également pour la Croix rouge et chante pour les soldats alliés au front. Cette mobilisation impressionnante lui vaut, entre autres, la légion d'honneur qu'elle reçoit en 1961 du célèbre général Martial Valin.
Deux ans après la fin de la guerre, Joséphine Baker retourne aux Etats-Unis pour y poursuivre sa carrière musicale mais, le pays connaissant à ce moment une vague de ségrégation raciale importante, doit y renoncer. Artiste on ne peut plus engagée, elle participe au mouvement des droits civiques à partir de 1963, aux côtés de Martin Luther King Jr.. A la fin des années 1960, ses finances sont au plus bas, ce qui amène de nombreuses personnalités (dont Grace de Monaco) à lui venir en aide.
Epuisée, notamment en raison de son activité scénique qu'elle poursuit toujours avec ardeur, elle meurt à Paris le 12 avril 1975 des suites d’une hémorragie cérébrale. Quelques jours avant, elle se produit dans un magnifique gala à Paris, pour ses cinquante ans de carrière. En 2021, le président Emmanuel Macron intronise Joséphine Baker au Panthéon. L’icône au parcours hors normes devient ainsi la première femme noire (et la sixième femme) à rejoindre le célèbre monument français.
Joséphine Baker a eu de nombreuses relations amoureuses et a été mariée cinq fois. Avec son dernier mari, le chef d’orchestre Jo Bouillon, elle fait une fausse couche des plus difficiles, ce qui l'amène à adopter pas loin de douze enfants, d'origines très diverses (témoignant de son engagement contre le racisme).
Laurent Schenck