Après avoir étudié à l'American Academy of Dramatic Arts, joué au théâtre et connu une expérience comme mannequin, Lauren Bacall attire l'attention en posant en 1943 pour la couverture du magazine Harper's Bazaar. Cette photo interpelle le cinéaste Howard Hawks qui voit en cette femme la possibilité de réaliser son souhait : celui de "créer" un nouveau profil de star de cinéma.
Howard Hawks offre ainsi à Lauren Bacall son premier rôle dans le thriller Le Port de l'angoisse, en 1944, où elle donne la réplique à Humphrey Bogart, qui deviendra son époux un an plus tard. Elle tourne ensuite à trois reprises avec ce dernier (Le Grand Sommeil, Les Passagers de la nuit et Key Largo) dans des archétypes du film noir qui lui apportent une popularité reniée par la critique, qui pointe son incapacité à se modeler sa propre image. Touchée à vif, elle répond en tenant des rôles plus nuancés dans La Femme aux chimeres de Michael Curtiz et la comédie Comment épouser un millionnaire de Jean Negulesco.
Après le tournage de La Femme modele, de Vincente Minnelli, Lauren Bacall doit affronter la disparition d'Humphrey Bogart en 1957. Elle se concentre alors sur le théâtre et rencontre le succès sur les scènes de Broadway, notamment avec la pièce Applause, adaptation musicale de Eve. Lorsqu'elle revient vers le cinéma, Lauren Baccall se diversifie et s'illustre aux génériques de comédies romantiques (Une vierge sur canapé, 1964), de thrillers (Détective privé, 1966; Le Crime de l'Orient-Express, 1974) ou de westerns (Le Dernier des géants, 1976, avec John Wayne pour son dernier rôle).
De plus en plus discrète, Lauren Bacall effectue une nouvelle parenthèse théâtrale dans les années 80 avant de revenir sur grand écran en 1988 dans Mr North puis, deux ans plus tard, dans Misery. Son expérience fait ensuite merveille dans Leçons de séduction de Barbra Streisand, qui lui rapporte un Golden Globe et une nomination aux Oscars. Après avoir joué aux côtés d'Alain Delon dans Le Jour et la nuit, réalisé par Bernard-Henri Lévy, elle participe en 2003 à l'ambitieux Dogville de Lars von Trier, et deux ans plus tard à sa "suite" Manderlay.
Saluée par un Oscar d'honneur en 2010, elle compte parmi ses dernières interprétations un film de Paul Schrader (The Walker, 2007) ainsi qu'un rôle vocal dans la version américaine du film d'animation Ernest et Célestine (2012). Elle laisse derrière elle le souvenir d'une voix et d'un regard uniques.