Jacques Feyder, de son vrai nom Jacques Frédérix, naît dans la banlieue proche de Bruxelles, le jour même de la Fête Nationale belge. Le jeune homme, issu d'un milieu aisé, suit des études militaires mais ne cache pas son attirance pour les métiers artistiques. Désireux de devenir comédien, l'adolescent décide alors de quitter la Belgique pour la France au début du 20e siècle, et part écumer de nombreuses scènes parisiennes.
Celui qui deviendra l'une des figures majeures du cinéma hexagonal d'entre-deux guerres débute sur grand écran en 1912, avec un rôle de figurant dans Cendrillon ou la pantoufle mystérieuse, réalisé par Georges Méliès. Au contact d'un des pères du septième art, le jeune homme en a désormais la certitude : il veut faire carrière dans le cinéma. Après quelques nouvelles figurations, Feyder devient assistant-réalisateur pour Gaston Ravel puis s'engage avec la Gaumont grâce à ce dernier. Jusqu'en 1919, il cumule les casquettes d'acteur, scénariste et réalisateur pour le studio, signant de nombreux courts métrages dont Le Pied qui etreint.
En 1921, au lendemain de la guerre, Jacques Feyder se révèle avec L'Atlantide, son premier long métrage. Tournée en Afrique dans des décors naturels, cette adaptation du livre de Pierre Benoit impose d'emblée le style du cinéaste, maître du réalisme poétique, jamais aussi à l'aise que lorsqu'il doit dépeindre de grandes étendues. Crainquebille, un an plus tard, puis Visages d'enfants, confirment la maîtrise du metteur en scène. Son union avec Albatros lui offre ensuite des garanties, mais pas nécessairement la reconnaissance publique : pour le studio russe, il tourne notamment les films Gribiche et Carmen, en 1926.
Après avoir été naturalisé français, Jacques Feyder traverse l'Atlantique pour réaliser en 1929 The Kiss, avec la star Greta Garbo. C'est en revenant en Europe que le cinéaste connaît sa période la plus faste, avec Le Grand Jeu (1934), Pension Mimosas (1935), deux films majeurs du réalisme poétique, et le polémique La Kermesse héroïque, sur l'occupation ibérique en Belgique au 17e siècle. Cinéaste majeur de l'entre deux-guerre, à l'aise dans tous les genres, il dirige ensuite Marlene Dietrich dans Le Chevalier sans armure (1937) et Michèle Morgan dans La Loi du Nord (1939). Feyder, qui aura tourné aux quatre coins du monde, s'installe en Suisse pour réaliser Une femme disparaît, son dernier long métrage, sorti en 1942.
Biographie rédigée par Clément Cuyer