Yolngu (peuple aborigène habitant au nord-est de la terre d'Arnhem dans le Territoire du Nord de l'Australie) de la tribu Mandhalpuyngu, David Gulpilil, de son vrai nom Gulpilil Ridjimiraril Dalaithngu, grandit dans le bush australien, pleinement plongé dans la culture aborigène. Sa date de naissance lui a été attribuée par les missionnaires locaux, sur la base de suppositions. Il est durant sa jeunesse un chasseur, un pisteur et un danseur de cérémonie accompli. À la mort de ses parents, il suit un enseignement à la mission de Maningrida, où on lui attribue le prénom David.
En 1969, ses talents de danseur tribal lui valent d’être remarqué par le réalisateur Nicolas Roeg, venu faire des repérages à Maningrida pour son film La Randonnée, sorti en 1971. Le cinéaste lui confie le rôle d’un jeune aborigène croisant la route d'une adolescente et de son petit frère, errant dans le bush après le suicide de leur père. C’est la première fois qu’un personnage aborigène est incarné à l'écran par un autochtone.
Suite à cette expérience, il apprend l’anglais et entame une carrière d’acteur de près de 50 ans. Il tourne notamment sous la direction de Peter Weir dans le drame empreint de fantastique La Dernière vague (1977), de Philip Kaufman dans L'étoffe des héros (1983), de Wim Wenders dans Jusqu'au bout du monde (1991) ou encore de John Hillcoat dans le western The Proposition (2005). Il est aussi au générique de la comédie culte Crocodile Dundee en 1983.
Cette carrière fructueuse ne se fait pas sans heurt : peu après ses débuts, le comédien tombe dans l’alcoolisme, qui le mène même à une arrestation en 1976 sur le tournage de Mad Dog Morgan avec son partenaire de jeu Dennis Hopper. En 2011, il est condamné à un an de prison pour son comportement violent envers sa femme, Miriam Ashley. Il redevient sobre à l’issue de son séjour. Ses déboires entraînent un temps son exclusion de sa communauté.
Après la superproduction Australia de Baz Luhrmann en 2008, il s'illustre en 2013 dans l’émouvant Charlie's Country dans la peau d’un ancien chef de guerre aborigène partagé entre deux cultures au point de retourner vivre dans le bush à la manière des anciens. Son interprétation est saluée du Prix du meilleur acteur dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2014.
Avant son décès le 29 novembre 2021 des suites d’un cancer du poumon, il fait l’objet du documentaire My Name is Gulpilil, qui retrace son parcours de première icône aborigène du cinéma.
Émilie Schneider