Après une scolarité au lycée Buffon, Alain Robbe-Grillet, fils d'instituteurs, suit des études d'ingénieur à l'Institut National d'Agronomie, dont il sort diplômé en 1945. Il travaille alors à l'Institut des fruits et agrumes coloniaux, ce qui lui vaut de séjourner en Afrique du Nord et aux Antilles. Mais, déjà pendant la guerre, est née chez lui la passion de l'écriture. Auteur en 1948 d'un premier livre, Un régicide, qui ne trouve pas d'éditeur (et sera publié 30 ans plus tard), il signe en 1953 Les Gommes, audacieuse variation autour d'un genre, le roman policier. Il ne tarde pas à s'imposer, aux côtés de Michel Butor ou Nathalie Sarraute, comme l'un des chefs de file du Nouveau Roman, mouvement qui bouscule les conventions littéraires en remettant en cause des notions comme le "réalisme" ou le "narrateur".
En 1960, le jeune Resnais, qui vient de travailler avec Marguerite Duras sur Hiroshima mon amour, fait appel à Robbe-Grillet pour l'écriture de son deuxième film. Ce sera L'Année dernière à Marienbad, oeuvre onirique et opaque avec Delphine Seyrig, Lion d'Or à Venise en 1961. Après ce premier contact avec le Septième art, l'auteur du Voyeur (1955) décide de se lancer dans la réalisation et tourne L'Immortelle, Prix Louis-Delluc 1963. Dans ce premier opus, comme dans les suivants -Trans-Europ-Express, L'Homme qui ment, tous deux avec Jean-Louis Trintignant-, il se plaît à déconstruire le récit, prenant le risque de déconcerter les spectateurs. Brouillant les frontières entre réalité et fantasmes (avec une prédilection pour le SM), il émaille ses films de scènes érotiques, (Glissements progressifs du plaisir en 1974, Le Jeu avec le feu). Puis, se consacrant surtout à l'écriture, il ne livre, en trente ans, que trois fictions : La Belle Captive (1983), Un bruit qui rend fou (1995) et Gradiva, tourné au Maroc avec Arielle Dombasle (2007).