Fils des comédiens Emile Ronet et Gilberte Dubreuil, Maurice Ronet, né le 13 avril 1927 à Nice, les accompagne en tournée et découvre très tôt le métier d'acteur. Installé avec sa famille à Lausanne de 1939 à 1942, il y fait ses débuts sur les planches en 1941 dans une pièce de Sacha Guitry, Deux couverts, où il donne la réplique à ses parents.
À l'âge de 16 ans, il étudie la comédie au Centre du Spectacle de la Rue-Blanche où il a notamment pour professeur Bernard Blier, et s'inscrit ensuite au Conservatoire national d'art dramatique de Paris. Également passionné de musique et de peinture, il fréquente le milieu artistique du quartier de Saint-Germain-des-Prés. C'est là qu'il est repéré par Jacques Becker, qui lui fait faire ses débuts au cinéma dans Rendez-vous de juillet en 1949. Ce succès lui permet d'obtenir des rôles de jeune premier. L'année suivante, il épouse la comédienne Maria Pacôme, qui met alors sa carrière entre parenthèses jusqu'à leur séparation en 1956.
En 1957, il décroche l'un de ses rôles les plus connus, celui de l'amant criminel de Jeanne Moreau dans Ascenseur pour l'échafaud. Grâce à Louis Malle, qu'il retrouvera pour Le Feu follet en 1963, le comédien s'illustre par la suite dans des rôles plus sombres et tragiques, en homme désespéré et suicidaire, en meurtrier inquiétant, en victime humiliée ou encore en séducteur sans scrupules. Des personnages restés mémorables au sein de sa carrière.
En 1960 dans Plein Soleil, Maurice Ronet tourne pour la première fois avec un comédien français majeur qu'il retrouvera à de nombreuses reprises (dans Les Centurions et La Piscine entre autres) : Alain Delon. Acteur pour Claude Autant-Lara (Le Meurtrier), Claude Chabrol (Le Scandale, La Femme infidèle) ou encore Georges Lautner (Mort d'un pourri), Ronet est aussi sollicité au-delà des frontières hexagonales. S'il n'est finalement pas retenu pour jouer dans Lawrence d'Arabie (David Lean lui préfère Omar Sharif), il tourne aux États-Unis (Les Centurions, How Sweet it is), en Espagne (Le Diable sous l'oreiller), en Italie (Le Diable dans la tête) et en Allemagne (Bis zur bitteren Neige, Seul le vent connaît la réponse).
Maurice Ronet ne se contente pas de jouer la comédie : outre des téléfilms et un court-métrage consacré aux varans géants de l'île de Komodo, il signe deux longs-métrages en tant que réalisateur. Le Voleur de Tibidabo (1964), porté par Anna Karina, est un échec public et critique. Il réitère cependant l'expérience en 1976 avec une adaptation d'Herman Melville qui lui tient à cœur : Bartleby. Diffusé à la télévision, l'accueil est tel que le film finit par être exploité en salles.
Alors qu'on lui diagnostique un cancer des poumons en 1980, il continue à beaucoup tourner. On le voit notamment dans Beau-père de Bertrand Blier et La Balance de Bob Swain. Il s'éteint le 14 mars 1983 des suites de sa maladie à l'âge de 55 ans.
Emilie Schneider