Fille d'un traducteur juif polonais, Simone Signoret connait des débuts très discrets au cinéma avec des apparitions dans des films de Jean Boyer et de Marcel Carné alors qu'Arletty occupe l'affiche de nombreux films. Mais c'est son premier mari, le réalisateur Yves Allégret, qui lui confie ses premiers rôles importants dans les années 1940 : notamment dans Les Démons de l'aube (1946) et Dédée d'Anvers (1948) dans lequel elle interprète le personnage éponyme aux côtés de Bernard Blier. Sa carrière est lancée grâce également à son rôle de Gisèle dans Macadam qui lui permet de recevoir le Prix Suzanne Bianchetti en 1947.
Mariée à Yves Allégret en 1948, elle a une enfant avec lui, Catherine, mais s'éprend rapidement d'amour pour Yves Montand en 1951, ce qui la force à quitter son premier mari. Elle se marie alors avec le chanteur-acteur avec qui elle restera toute sa vie. Côté carrière, Jacques Becker lui propose de tenir le rôle de Casque d'or inspiré de la vie d'Amélie Élie, prostituée dont l'amour prend le pas dès sa rencontre avec Raymond, joué par Serge Reggiani. La carrière de Signoret prend alors un tournant, et se voit proposer plusieurs rôles dans des films de Marcel Carné (Thérèse Raquin, 1953), Henri-Georges Clouzot (Les Diaboliques, 1954), Luis Buñuel (La Mort en ce jardin, 1956) ou encore Raymond Rouleau avec un scénario écrit par Jean-Paul Sartre (Les Sorcieres de Salem, 1957).
En avril 1960, c'est la consécration : elle est récompensée de l'Oscar de la meilleure actrice pour sa sublime interprétation dans Les Chemins de la haute ville du réalisateur britannique Jack Clayton. Elle est la deuxième actrice française à remporter ce prix après Claudette Colbert qui l'a reçu en 1935. Signoret atteint désormais une réputation internationale.
D'ailleurs, son rôle dans le film dramatique de Jack Clayton ne se contente pas seulement de l'Oscar, mais obtient également le Prix BAFTA de la meilleure actrice étrangère, le Prix de la meilleure actrice au Festival de Cannes 1959 et le Diplôme du mérite pour une actrice étrangère (Prix Jussi).
Durant son séjour aux Etats-Unis avec son deuxième mari Yves Montand, elle rencontre le couple Marilyn Monroe-Arthur Miller avec lequel elle s'entend bien. Pendant que l'acteur-chanteur français tourne dans le prochain film avec la blonde hollywoodienne (Le Milliardaire, de George Cukor), Signoret retourne en France endosser le rôle d'Adua dans le film d'Antonio Pietrangeli.
Bien que sa carrière d'actrice connait des succès et des collaborations riches et fortes telles que René Clément, Sidney Lumet, Jean-Pierre Melville, sa vie sentimentale est de plus en plus sombre : délaissée par son mari, Yves Montand entretient en effet une liaison passagère avec Marilyn Monroe. Signoret vivra avec, sans rien lui reprocher, jusqu'à la fin de sa vie.
Elle tourne aux Etats-Unis dans le film de Curtis Harrington (Le Diable à trois) avant d'interpréter en 1970 un rôle politique dans L'Aveu de Costa-Gavras. On la voit également dans la peau de personnages de plus en plus forts comme dans Le Chat, huis clos angoissant aux côtés de Jean Gabin, et dans Les Granges brûlées avec Alain Delon.
A 57 ans, elle reçoit le César de la meilleure actrice pour son rôle de Madame Rosa, ancienne prostituée juive qui élève les enfants d'autres prostituées, dans La Vie devant soi. Lors de la remise du César, elle rend hommage et partage sa récompense avec le réalisateur Moshe Mizrahi. Le film obtient d'ailleurs l'Oscar du meilleur film en langue étrangère.
L'actrice ne connait pas de répit et enchaine les tournages avec un documentaire de Chris Marker (Le Fond de l'air est rouge) dans lequel elle est filmée avec Yves Montand, puis dans la deuxième et dernière réalisation de Jeanne Moreau (L'Adolescente), et dans Judith Therpauve de Patrice Chéreau avant de retrouver Moshe Mizrahi en 1980 dans la comédie dramatique Chere inconnue, avec Jean Rochefort.
Au milieu des années 1970, elle se consacre à l'écriture (sans s'écarter pour autant des plateaux de tournage) en publiant son autobiographie, "La nostalgie n'est plus ce qu'elle était", dans laquelle elle aborde sans tabou ses découvertes, ses regrets, ses rencontres et son amour passionnel et éternel pour Yves Montand. Toujours dans l'écriture, elle publie également un roman, "Adieu Volodia", qui satisfait les critiques littéraires.
Fumant et buvant beaucoup, en 1981, sa santé se dégrade de plus en plus. Cela ne l'empêche pas de tourner dans L'Etoile du Nord de Pierre Granier-Deferre, mais elle subit ensuite une opération du foie et perd progressivement la vue. Son physique de jeune première loin derrière elle et davantage indulgente sur son apparence, elle se fait de plus en plus rare dans les projets de cinéma. On peut alors seulement l'entendre puisqu'elle prête sa voix à un documentaire, et fait une apparition dans la série Music Hall (TV), de Marcel Bluwal, en 1985.
Elle fait une de ses dernières apparitions publiques à la télévision dans une émission présentée par Anne Sinclair, "7 sur 7", dans laquelle elle se présente avec le logo de SOS racisme "Touche pas à mon pote".
On lui décèle un cancer du pancréas dont l'opération chirurgicale est un échec. Simone Signoret meurt chez elle le 30 septembre 1985, à l'âge 64 ans. Inhumée au cimétière du Père Lachaise, son mari éternel Yves Montand décède en novembre 1991 (six années plus tard) et repose à ses côtés, l'unique femme avec qui il s'est marié malgré ses nombreuses relations.
La pierre tombale sur laquelle est inscrit les deux noms des amants est aujourd'hui devenue un lieu touristique mais aussi de recueil.
Auteur : Yoni Nahum