Rêvant depuis toujours de devenir actrice, Marion Ross travaille comme fille au pair afin de pouvoir se payer des cours d’art dramatique au MacPhail Center de Minneapolis. Après avoir été repérée sur scène lors d’une tournée en Californie, elle débute en 1953, à la fois sur grand écran dans L’Eternel féminin porté par Ginger Rogers et sur petit écran en incarnant la femme de chambre irlandaise dans Life with Father, aux côtés de Leon Ames et Lurene Tuttle. Par la suite, bien que son nom ne soit pas toujours crédité au générique, les films Du plomb pour l’inspecteur, Sabrina, Romance inachevée et La vie passionnée de Vincent van Gogh lui permettent de se former auprès des plus grands, tels que Kim Novak, Humphrey Bogart, Audrey Hepburn, James Stewart ou encore Kirk Douglas. La jeune femme intègre également la distribution du Secret des Incas, premier film hollywoodien tourné en extérieurs, au Pérou. Outre ses nombreuses apparitions à la télévision, les spectateurs la retrouvent dans le film de guerre Un magnifique salaud en 1956, puis à Broadway deux ans plus tard, dans la pièce "Edwin Booth" de et avec José Ferrer. Lentement mais sûrement, Marion Ross accède à des rôles plus importants : elle interprète notamment la secrétaire de Doris Day dans la comédie romantique Le chouchou du professeur et fait partie des infirmières-lieutenants mettant l’équipage d’Opération jupons en émoi, sous la direction de Blake Edwards. Malgré sa persévérance, la comédienne en herbe, désillusionnée, doit également faire face à un divorce difficile. Elle rebondit finalement grâce à une figuration non créditée dans Airport, un des tout premiers succès de la vague de films catastrophes des années 70, puis en donnant la réplique à Eric Braeden dans Le cerveau d’acier.
En 1972, Garry Marshall fait appel à elle pour interpréter Marion Cunningham, femme au foyer d’une famille idéale dans les années 50, pour tourner le pilote de Happy Days - les jours heureux, commandé par ABC. Si celui-ci ne convainc pas les dirigeants de la chaîne, il est toutefois recyclé comme épisode de la série d’anthologie Love, American Style, sous le titre "Love and the Happy Days". Deux ans plus tard, une fois le projet retravaillé, Marion Ross est invitée à reprendre son rôle, aux côtés de Tom Bosley, Ron Howard et Erin Moran. Dans un contexte où les Etats-Unis sont en pleine guerre du Vietnam, la sitcom doit son immense succès durant onze saisons, à la nostalgie d’une époque ainsi qu’à la variété des thèmes abordés. Propulsée sur le devant de la scène, la jeune femme est nommée aux Emmy Awards dans la catégorie Meilleure Actrice à deux reprises. Entre temps, elle accompagne les débuts de Ron Howard en tant que réalisateur, dans Lâchez les bolides et Skyward, et apparaît dans le spin-off Joanie Loves Chachi. Après une récurrence remarquée dans La Croisière s’amuse, la comédienne se voit à nouveau offrir un rôle régulier à la télévision en 1991, à l’opposé de celui qui l’a fait connaître. Dans Brooklyn Bridge, elle prête ses traits à Sophie Berger, matriarche d’une famille juive américaine, à la volonté de fer. Malheureusement, CBS l’annule au bout de deux saisons, faute d’audiences. Cinq ans plus tard, Marion Ross campe la femme de ménage et loyale confidente de Shirley MacLaine dans Etoile du soir et y livre une prestation telle que les critiques lui président une nomination aux Oscars. C’est finalement aux Golden Globes, qu’elle dispute le prix de la Meilleure Actrice dans un second rôle.
Au cours des années 2000, Marion Ross varie ses activités tout en s’amusant de son image, prêtant notamment sa voix à la grand-mère de Bob l’Eponge dans la série éponyme, ainsi qu’à son ancien personnage Marion Cunningham dans Les Griffin, ou encore en jouant son propre rôle dans la comédie de Sam Weisman, Dickie Roberts : ex-enfant star. S’ensuit une récurrence dans Gilmore Girls, avant que l’actrice ne s’illustre sur scène en 2005, dans la peau de la reine Elizabeth Ière dans "Master of Ceremonies". Parmi ses nombreuses participations en tant que guest à la télévision, les spectateurs retiennent surtout son interprétation d’Ida Holden, en conflit avec sa fille (Sally Field) dans Brothers & Sisters, d’une patiente de Nurse Jackie et Grey’s Anatomy, puis de la thérapeute de Charlie Goodson (Charlie Sheen) dans Anger Management. La comédienne reprend également volontiers les traits de Marion Cunningham dans L’apprentie maman et fait une brève apparition sur MeTV en 2015, afin de partager ses souvenirs de Happy Days.
Lucie Peronne