Née le 7 juillet 1975 à Stuttgart, Nina Hoss est la fille d'une directrice de théâtre et d'un syndicaliste, cofondateur du parti allemand Alliance 90/Les Verts. Elle tient son prénom de l'héroïne de La Mouette de Tchekhov, qui lui portera bonheur : c'est en jouant un extrait de cette pièce qu'elle est admise en 1997 à l'École supérieure d’art dramatique Ernst Busch, le conservatoire de Berlin. C'est là qu'elle croise la route de Thomas Ostermeier, dramaturge dont elle deviendra l'actrice fétiche. Pourtant, elle refuse tout d'abord de rejoindre sa troupe à la Schaubühne, un prestigieux théâtre de Berlin, car il y est notamment interdit de tourner des films en parallèle des pièces. Or, malgré son attachement aux planches, Nina Hoss a déjà pris goût aux plateaux de tournage (elle apparaît pour la première fois au cinéma en 1996 dans Und keiner weint mir nach). Elle rejoindra finalement le metteur en scène en 2013, lorsqu'il assouplit les règles de sa troupe.
Au cinéma, c'est avec le réalisateur Christian Petzold qu'elle noue une relation privilégiée. Ils tournent ensemble une première fois dans le téléfilm Dangereuses rencontres en 2001 puis se retrouvent à cinq reprises avec Wolfsburg, Yella, Jerichow, Barbara et Phoenix. Une série de longs-métrages qui impose Nina Hoss comme l'une des actrices les plus en vues de son pays. Avec Yella, elle décroche l'Ours d'argent de la meilleure actrice à la Berlinale 2007 et remporte le prix de la meilleure actrice aux Deutsche Filmpreise (l'équivalent des César). Barbara et Phoenix, consacrés à des femmes blessées qui se battent pour se reconstruire, lui permettent de se faire remarquer au-delà des frontières de l'Allemagne.
Ainsi, en 2014, elle partage l'affiche avec Philip Seymour Hoffman, Rachel McAdams et Robin Wright dans Un homme très recherché, adapté de John le Carré. Elle poursuit la même année et jusqu'en 2017 dans la veine de l'espionnage avec la populaire série Homeland, portée par Claire Danes. Si, dans son pays natal, sa filmographie est principalement tournée vers le drame, elle s'est aussi illustrée dans le fantastique avec le film de vampire Nous sommes la nuit (2010) et le western Gold (2013). En 2021, Nina Hoss, qui a arrêté le théâtre pour se consacrer au 7e art, renoue avec ses débuts grâce au film suisse Petite sœur, dans lequel elle est une dramaturge qui retrouve l'envie de créer suite à la maladie de son frère. Elle y retrouve un ancien partenaire de la Schaubühne, Lars Eidinger.
Emilie Schneider