Xavier Dolan, fils d'un acteur-danseur, naît à Montréal en 1989. A peine six ans plus tard, on le découvre à la télévision dans plusieurs publicités pour une enseigne pharmaceutique. Amoureux du jeu, sa relation avec le cinéma s'impose très tôt et sa carrière d'acteur débute par plusieurs longs-métrages canadiens tels que J'en suis (1997), La Forteresse suspendue (2001), ou encore Suzie (2009). Un an plus tôt, avec la production franco-québécoise gore Martyrs, il pose, pour la première fois à l'écran, la pointe des pieds hors de ses frontières.
Cette année 2009 est celle de la révélation. A partir d'un scénario auquel il pense depuis trois ans, Dolan réalise et produit à seulement vingt ans son premier long-métrage, J'ai tué ma mère, véritable coup de cœur du Festival de Cannes, où il concourt à la Quinzaine des réalisateurs. Avec ce film à l'inspiration autobiographique fantasmée, le jeune homme réussit une œuvre intime et réfléchie qui impressionne par son talent, sa maîtrise et sa polyvalence. Le casting révèle le talent de Anne Dorval et Suzanne Clément, qu'on retrouve dans tous ses films.
Boulimique de travail, le prodige écrit le scénario de son deuxième film en quelques mois et revient dès l'année suivante à Cannes (dans la catégorie "Un Certain Regard"), avec Les Amours Imaginaires où il met en scène la relation en péril d'un duo d'amis bouleversé par l'arrivée d'un jeune homme, se révélant source obsessionnelle de fantasmes. Une fois encore, Xavier Dolan affiche ses inspirations et impose son style : un cinéma d'auteur délibérément décalé et maniéré.
Pour son troisième long métrage, Laurence Anyways, qui raconte le combat d'un homme pour faire accepter à ses proches son désir de devenir une femme, il fait appel à deux comédiens français confirmés : Melvil Poupaud et Nathalie Baye. Le film est sélectionné à Cannes en 2012, à nouveau dans la section "Un Certain Regard". A vingt-trois ans, et en seulement trois réalisations, le Québécois pose ainsi les marques d'un cinéma personnel, devenant l'icône d'une certaine jeunesse exigeante, convaincue par ce cinéma où maturité et humour réjouissant ne sont pas incompatibles.
Variant les supports, Xavier réalise un clip en 2013 pour la chanson Collège Boy du groupe Indochine.
En 2014 sort en salles Tom à la ferme, où le jeune cinéaste tourne de nouveau autour du genre masculin, en se mettant lui-même en scène dans la peau d'un publicitaire débarqué en terre inconnue lorsqu'il assiste à l'enterrement de son compagnon. Ce quatrième long-métrage rafle le Prix Fipresci au Festival de Venise, la critique le désignant comme le film le plus abouti du Québécois.
La même année, il est récompensé par le Prix du Jury au Festival de Cannes pour Mommy (2014), qu'il reçoit ex-aequo avec Jean-Luc Godard pour Adieu au langage (2014). Dans ce film, il réunit à nouveau Anne Dorval et Suzanne Clément, ses actrices fétiches depuis J'ai tué ma mère, et offre le premier rôle à Antoine-Olivier Pilon, la révélation du film, avec qui il avait déjà travaillé sur le clip d'Indochine.
L'année suivante, Xavier Dolan est à nouveau honoré par le Festival de Cannes qui lui offre une place au sein de son prestigieux Jury présidé par les Frères Coen. En 2016, le surdoué québecois présente Juste la fin du monde, qui remporte au 69ème festival de Cannes le Grand Prix et le Prix du Jury Oecuménique. Ce nouveau long métrage voit Gaspard Ulliel se glisser dans la peau d'un écrivain retournant dans son village natal pour annoncer à sa famille sa mort prochaine. Le reste du casting est composé de Nathalie Baye, Léa Seydoux, Marion Cotillard et Vincent Cassel.