Né Rudy Lemieux, Jr., à Darien dans le Connecticut, Alpa Chino commença sa vie au milieu des couloirs remplis d'histoire et des étagères poussiéreuses de l'université de Yale. Très jeune, Rudy montra un grand intérêt pour les livres, les affaires et il s'intéressa pendant un temps à la biologie des insectes. Selon sa mère, à douze ans, il avait capturé et rassemblé plus de trois cent cinquante espèces différentes d'insectes du nord-est, il avait dévoré la plupart des oeuvres de Chaucer, Milton et Tolstoï et il avait créé un portefeuille d'actions fictif d'une valeur de plusieurs dizaines de milliers de dollars à partir de ses deux dollars d'argent de poche hebdomadaire.
C'est pour ses treize ans que ses parents lui offrirent un cadeau, qui continue de donner des fruits. Pour entretenir ce qui semblait être un intérêt passager pour la chimie, ils lui achetèrent un ensemble de chimie rudimentaire au marché aux puces d'une Université pour seulement cinq dollars. Une nuit, alors qu'il était dans sa chambre essayant de rester debout pour réviser son cours de botanique, le jeune Rudy concocta un mélange très simple qui changea sa vie pour toujours. Motivé par le seul fait d'essayer de rester éveillé, Rudy mixa des ingrédients de tous les jours (Boisson gazeuse au gingembre, citrate de sodium, inosite, bicarbonate B12 et du guarana), puis il a dissous le tout dans une mixture de gaz carbonique liquide. Il venait de créer une boisson puissante avec un très bon goût, cela le motiva à continuer à travailler toute la nuit. Il le donna à goûter à ses parents, qui l'envoyèrent à un ami grossiste qui tenait une petite épicerie à New York.
Peu de temps après, Rudy se vit offrir la possibilité de produire des petits lots pour une distribution au niveau local. Cependant, il manquait de fonds pour promouvoir sa boisson. C'est alors judicieusement que le jeune garçon de quatorze ans a décidé d'apparaître dans pratiquement toutes les publicités, créant, par la même occasion un porte-parole fictif et très hype nommé "Alpa Chino, Super Pimp !" ("Alpa Chino, Super Maquereau !") qui apparaissait sur tous les supports liés au produit. Dans les pubs TV il rappe un petit couplet sur un rythme cru. Le nom de cette boisson que nous connaissons et aimons tous est bien sûr Booty Sweat. Suite au succès de cette boisson, il créa la barre énergétique Bust a Nut.
La gamme de produits fit un carton auprès des jeunes, qu'ils soient des quartiers pauvres ou des quartiers blancs riches. Il ne fallut que quelques mois pour que Coca-Cola commence à remarquer que la boisson lui grignotait des consommateurs. L'entreprise Coca Cola tenta d'absorber la marque naissante par une manoeuvre commerciale hostile. Cependant, de manière astucieuse, le Alpa Chino fraîchement créé, se positionna en actionnaire principal et prit le contrôle du conseil d'administration. À dix-sept ans et pas encore techniquement un adulte, il était le mineur le plus riche des États-Unis. Son entreprise étant estimée à hauteur de 75 millions de dollars. Sa valeur nette était estimée à plusieurs fois ce montant.
Ayant du temps libre, ainsi qu'un personnage et une marque déjà positionnés pour prendre des parts dans d'autres marchés, Alpa visa un des marchés les plus mouvementés : l'industrie de la musique. Ayant à disposition ce qui semblait être un puits sans fond de liquide, il n'engagea pas un, mais trois producteurs de disques : the Neptunes, Mark Ronson et Quincy Jones. En deux jours, il produit un single appelé Eatin' Ass et il le sortit uniquement sur Apple iTunes, avec peu voire pas du tout de publicité. Ce fut le single le plus téléchargé de l'histoire d'iTunes.
Ce que personne ne savait à ce moment-là, c'est qu'Alpa n'avait pas un, mais quatorze singles, déjà mixés, masterisés et prêts à l'emploi le lendemain matin. Dans une interview pour le magazine VIBE il expliqua sa stratégie. "Écoute mec... tous ces fils de putes savent que l'industrie du disque est morte. L'industrie de DISQUE, mais les singles sont vivants et bien vivants, mon pote ! C'est pour ça que j'ai sorti autant de singles ces derniers jours. Les gens ne veulent pas de disques. Ils veulent des singles. Je ferai peut-être un coffret à la fin du mois. Sauf que j'appellerai ça un disque."
C'est exactement ce que fit Alpa. À la fin du mois, il sortit la Alpa Chino Box Set Record of Singlesnommée I love the Pussy. Plus de cinquante millions d'exemplaires ont déjà été vendus et il faut ajouter à cela tous les singles pré-réalisés qui se sont vendus à plusieurs millions d'exemplaires chacun. Plus tard, Alpa livra ses réflexions sur sa prochaine entreprise, il déclara à The Economist qu'il aimerait "toucher les gens qui vont au cinéma, car c'est comme un p'tit cul qui attend la fessée". En le poussant encore un peu, il laissa échapper des indices sur sa plus grosse entreprise en date : "Qui sait, je mettrai peut-être mon argent sur ce jeu en ligne, un truc sur l'espace souterrain ou de l'oxygène de je sais pas quoi...". Quand on lui demanda plus d'explications, il sourit puis dit : "Nan mec, je vous en ai déjà beauuuuuuucoup trop dit p'tites salopes !"