John Williams est baigné dans le monde de la musique dès son plus jeune âge par son père, percussionniste pour la radio CBS. Il développe très tôt des aptitudes pour la musique et apprend le piano dès l’âge de 7 ans. Adolescent, le musicien fonde son premier groupe de jazz et commence à écrire ses premières compositions personnelles au piano.
En 1948, Williams déménage avec sa famille à Los Angeles ; c’est dans la cité des anges qu’il va se perfectionner dans la musique en suivant des cours à UCLA. L’artiste a la chance d’être supervisé par Mario Castelnuovo-Tedesco, un compositeur italien exerçant notamment son talent pour la compagnie Metro-Goldwyn-Mayer. Vient ensuite l’heure du service militaire pour le jeune John. Au lieu de la mitraillette, il manie surtout la baguette en travaillant comme arrangeur pour les orchestres de l’armée des Etats-Unis.
A la fin de son service militaire, fort de son expérience et de son talent, Williams intègre la très prestigieuse et très élitiste Juilliard School of Music de New-York. Il se perfectionne ainsi aux côtés de son professeur Rosina Lhevinne qui l’incite à se concentrer sur la composition. Le jeune homme travaille en parallèle en tant que pianiste de jazz pour financer ses études.
Après de brillantes études, John décide de retourner à Los Angeles où il parvient à décrocher un travail pour le studio Twentieth Century Fox. Le compositeur n’est alors que de 24 ans et fait ses premières armes aux côtés de musiciens de renom de l’âge d’or hollywoodien tels que Franz Waxman ou Lionel Newman. Une de ses premières missions consiste à accompagner instrumentalement la chanson de Marilyn Monroe dans Certains l’aiment chaud en 1958. Il travaille également en tant que pianiste pour Henry Mancini ou Jerry Goldsmith sur de grands classiques des années 60 comme Le jour du vin et des roses de Blake Edwards ou Charade de Stanley Donen.
Le musicien compose ensuite principalement pour la télévision dans les années 60 avant d’entrer de plein fouet dans Le Nouvel Hollywood et ses bouleversements opérés au début des années 70. En effet, à l’époque, la sortie d’Easy Rider de Dennis Hopper marque la fin de la toute-puissance des studios de l’âge d’or d’Hollywood et le début d’une nouvelle ère, plus axée sur les auteurs. Ainsi émergeront des réalisateurs comme Coppola, Scorsese, De Palma mais surtout Steven Spielberg et George Lucas, qui vont jouer un rôle prépondérant la carrière de John Williams.
C’est en 1968 que le nom de John Williams commence à résonner à Hollywood. L’artiste obtient sa première nomination aux Oscars pour le film de Mark Robson, La Vallée des poupées. Le musicien débute alors ce qui sera une période incroyablement faste et prolifique. En 1971, Un Violon sur le toit de Norman Jewison cartonne et vaut à Williams la récompense suprême, son premier Oscar de la meilleure musique de film. Le compositeur devient alors une valeur sûre à Hollywood. Son style grandiloquent et opératique tape dans l’œil des réalisateurs et c’est dans cette optique qu’il compose la plupart des musiques de films catastrophes des années 70 comme L’aventure du Poséidon, Tremblement de terre ou La Tour infernale.
Impressionné par son travail, le tout jeune Steven Spielberg fait appel à lui pour composer la musique de son premier film pour le cinéma, Sugarland Express. Ce long-métrage marque les débuts d’une des collaborations les plus fructueuses de l’histoire du cinéma, collaboration qui continue encore aujourd’hui, plus de 40 ans après.
En 1975, Steven Spielberg se débat pour mettre en scène Les Dents de la mer dans des conditions difficiles. En effet, le requin mécanique prévu pour le tournage étant inutilisable, le cinéaste doit revoir sa copie et trouver un moyen de suggérer la présence du squale à défaut de le montrer physiquement. C’est là que le rôle de John Williams intervient en plus du fabuleux travail de mise en scène de Spielberg. En effet, le musicien écrit une partition tendue et angoissante qui marque les esprits, notamment lors des attaques du monstre et contribue largement à l’énorme succès du film à l’époque. L’air des Dents de la mer devient instantanément un grand classique et vaut à son compositeur son 2ème Oscar et son premier Golden Globe.
Les deux hommes ne se quittent désormais plus et Spielberg engage donc à nouveau Williams pour son prochain film en 1977, Rencontres du troisième type. Les deux hommes travaillent de manière très étroite, Williams composant la musique au fur et à mesure que Spielberg en écrit le scénario. C’est durant la préparation de ce film que le metteur en scène recommande John auprès de son ami George Lucas, alors en pleine mise en chantier de sa Guerre des étoiles. Le film connaît alors un succès phénoménal et consacre Williams parmi les plus grands compositeurs mondiaux. Sa musique symphonique aux accents épiques convient parfaitement à l’univers du space-opera et entre dans l’histoire du cinéma. Il est à nouveau logiquement récompensé par l’Académie des Oscars et soulève ainsi sa 3ème statuette dorée en 1978.
Williams vole ensuite de succès en succès dans les années 80. Il remporte à nouveau la récompense suprême en 1983 pour un nouveau chef-d’œuvre de Spielberg, ET l’extraterrestre. Il signe également la musique mémorable de la saga Superman dont l’air est toujours dans la tête des cinéphiles du monde entier. Les années 80 sont donc rythmées par la musique de John Williams avec les 3 épisodes de Star Wars, Superman et une autre grande saga sortie de la tête de Spielberg et Lucas, Indiana Jones. John Williams devient aux côtés de ses amis Spielberg et Lucas, l’empereur du box-office avec cette succession de blockbusters.
Le compositeur fait toutefois quelques infidélités aux deux cinéastes en offrant ses services à Oliver Stone (Né un 4 juillet, JFK) ou Alan J.Pakula (Présumé innocent). Les années 90 sont moins prolifiques pour le musicien mais les succès toujours au rendez-vous. Il écrit à nouveau une partition qui reste dans toutes les mémoires en 1993 avec le gargantuesque succès Jurassic Park, toujours pour Spielby. L’artiste reçoit également sa 5ème statuette dorée pour sa magnifique musique de La Liste de Schindler en 1994. On lui doit également la musique des succès du diptyque Maman j’ai raté l’avion en 90 et 92. A la fin des années 90, il reprend son travail pour George Lucas en officiant sur la nouvelle trilogie Star Wars mise en chantier en 1999 avec La menace fantôme.
Les années 2000 sont également synonymes de succès pour le musicien avec la composition d’une nouvelle grande saga au succès mondial, Harry Potter. Il reste également associé à tous les films de Spielberg (Arrête-moi si tu peux, Munich, La guerre des mondes, Tintin, Lincoln…). Cette exceptionnelle carrière vaut à John Williams le record de nominations aux Oscars avec le chiffre impressionnant de 49 citations (38 fois pour la meilleure musique de film, 6 fois pour la meilleure chanson originale et 5 victoires). Avec les différents projets de Spielberg pour les années à venir et la nouvelle saga Star Wars initiée par J.J. Abrams, nul doute que le nom et surtout la musique de John Williams résonnera encore dans nos têtes pour longtemps.
Williams a grandement contribué à faire évoluer la manière de composer des musiques de film en introduisant notamment l’orchestre symphonique au cœur de la partition et s’inspirant des plus grands compositeurs de musiques classiques comme Richard Wagner afin de faire du cinéma un art majeur mélangeant avec génie l’image et le son.
Vincent Formica