Né dans une petite ville minière de Grande-Bretagne, James Whale n’a que 6 ans lorsque le cinéma voit le jour, et il leur faudra encore patienter quelques années avant de se rencontrer. En attendant, le futur réalisateur profite de la Première Guerre Mondiale et de sa captivité dans un camp de prisonniers allemand pour se lancer dans l’écriture de pièces de théâtre. Un talent qu’il met ensuite en pratique, d’abord sur la scène du London Stage, puis outre-Atlantique, à Broadway.
C’est là qu’il est repéré, et engagé, par la Paramount. Et c’est après avoir assisté Howard Hughes sur Les Anges de l'enfer (sans être crédité), qu’il fait ses vrais premiers pas de réalisateur, avec le mal nommé La Fin du voyage (1930). Car le film marque, pour lui, le début d’une carrière qui le verra devenir l’une des grandes figures du genre horrifique hollywoodien, et ce dès l’année suivante, grâce à Frankenstein, adaptation du roman homonyme de Mary Shelley, dans laquelle il iconise Boris Karloff, un acteur qu’il avait lui-même choisi pour incarner la créature.
Les deux hommes se retrouveront dès 1932, pour visiter La Maison de la mort, et boucleront leur collaboration en 1935, avec La Fiancée de Frankenstein, suite considérée par beaucoup comme meilleure que l'original. Entre temps, James Whale se sera essayé à d’autres genres tels que le drame romantique ("The Impatient Maiden"), le film policier (The Kiss Before the Mirror) ou la comédie ("Court-circuit"). Mais c’est bel et bien dans l’épouvante qu’il marque le plus les esprits, en signant un nouveau classique avec L'Homme invisible (1933).
L’horreur qu’il abandonnera pourtant après le succès de La Fiancée de Frankenstein, refusant de se voir décrit comme un expert du genre. Et s’il clame qu’un réalisateur ne peut être bon s’il ne frissonne pas face à la guerre, le meurtre ou le vol, c’est d’abord dans un registre plus léger qu’il s’illustre, grâce notamment à la comédie musicale Show Boat ou la comédie romantique "The Great Garrick". Mais s’il avait acquis beaucoup d’importance au sein d’Universal au début des années 30, la donne change pendant la seconde moitié, où il perd peu à peu le contrôle de ses films, d’"Après" (1937) à "Wives Under Suspicion" (1938), en passant "Sinners in Paradise" (1938).
Le réalisateur se remet pourtant en selle à l’orée de la Seconde Guerre Mondiale, en adaptant Marcel Pagnol (Port of Seven Seas) et Alexandre Dumas Père (L'Homme au masque de fer), mais il semble avoir perdu la flamme, se tournant de plus en plus vers une vie hédoniste en se consacrant notamment à la peinture. Il reprend toutefois la caméra au début des années 40, pour les besoins de L'Enfer vert et They Dare Not Love, et remet le couvert une dernière fois, en 1949, avec "Hello Out There", court-métrage jamais sorti en salles. Un film encore mal nommé puisque c’est avec lui qu’il fait ses adieux au 7ème Art. Atteint d’une grave maladie, cet aquaphobe se suicide dans sa piscine le 29 mai 1957, laissant à son compagnon la lettre suivante : "Le futur n’est que vieillesse, maladie et douleur… J’ai besoin de paix et c’est la seule solution."
Auteur : Maximilien Pierrette