Pionnier du septième art, dont il fut l'une des premières grandes stars internationales, maître du burlesque et inspiration majeure de Chaplin, Max Linder naît Gabriel Leuvielle dans un petit village du Sud-Ouest, près de Bordeaux. De parents vignerons, il s'éprend de la comédie au contact de spectacles forains, puis se lance avec passion dans le théâtre, d'abord au lycée, puis au Conservatoire de Bordeaux, sous le pseudonyme de Max Lacerda. Très vite, il opte pour le nom de scène de Max Linder. Nous sommes alors au tout début du 20e siècle.
En 1904, Max Linder part s'installer à Paris, mais ses débuts dans la capitale sont difficiles, avec des petits rôles au Théâtre des Variétés et à l'Ambigu Comique. Un an plus tard, il décide de se lancer dans le cinéma en tournant pour le naissant studio Pathé. Après de nombreux seconds rôles, il se révèle en 1907 avec le court métrage Les Débuts d'un patineur, mis en scène par Louis Gasnier. Déjà, il est difficile de faire le tri dans la filmographie de Max Linder, qui sera souvent le propre réalisateur et scénariste de ses aventures : d'une densité folle, avec plus de 500 films au compteur dont une grande partie est aujourd'hui introuvable, son oeuvre complète ne sera sans doute jamais véritablement recensée.
Si Max Linder connaît un grand succès en France et dans le monde à partir de 1910, c'est parce qu'il se crée un personnage séduisant, peu éloigné de sa vraie personnalité. Le personnage de Max, c'est un dandy séducteur, élégant, avec un look savamment étudié, du pantalon rayé aux souliers vernis, en passant par la redingote, le chapeau haut de forme et l'inséparable petite canne. Un gentleman "à la française" plongé à l'écran dans les situations les plus burlesques. Les Débuts de Max au cinéma, Max fiancé, Max victime du quinquina, Le Roman de Max... : le public se régale de ses (très) folles, (très) nombreuses, et (très) courtes aventures, prolongées sur scène. Max Linder est désormais une véritable star, l'une des toutes premières vedettes internationales, et rien, pas même une grave chute le laissant longtemps immobilisé, ne semble pouvoir freiner cette ascension.
Maître incontesté du cinéma burlesque, Max Linder signe un contrat en or avec Pathé, fait le tour des capitales européennes, achète un cinéma à Paris (le Max Linder Panorama, sur les Grands Boulevards, toujours en activité). Il est un modèle dans le registre de la comédie, et notamment pour un certain Charles Chaplin, qui débute de l'autre côté de l'Atlantique. Si sa carrière est stoppée lorsqu'il part au front durant la Première Guerre mondiale, il en revient plus fort, bien décidé à tenter sa chance aux Etats-Unis. Installé à Chicago, il écrit et réalise trois films pour les Studios Essanay (Max part en Amérique, Max et son taxi et Max veut divorcer), mais, malade, doit rentrer précipitamment en France.
Après avoir tenu la vedette du Petit Café en 1919, Max Linder repart vivre aux Etats-Unis, à Los Angeles, où il côtoie des stars de l'époque comme Charles Chaplin et Douglas Fairbanks, dont il est devenu proche. Sur place, il réalise deux grands succès populaires, Sept ans de malheur (1921) et L'Etroit Mousquetaire (1922), mais sa santé est déclinante et il doit à nouveau revenir sur ses terres. Cette légende du burlesque, véritable pionnier, tourne alors pour Abel Gance (Au secours !) et se marie avec une jeune fille de 17 ans, répondant au nom de Jane Peters. Sa fin est tragique : en plein tournage, mal dans sa peau et d'une jalousie maladive, Max Linder se suicide en entraînant sa compagne. Laissant derrière lui un héritage artistique inégalable.
Biographie rédigée par Clément Cuyer