Yvonne De Carlo montre très jeune des dispositions pour la danse et le chant, des talents qu'encourage sa mère. Elle se tourne pourtant vers la comédie. Sa plastique hors du commun attire Hollywood. Devenue Yvonne De Carlo, l'actrice enchaîne les figurations dans des films de prestige, dont Pour qui sonne le glas et En route pour le Maroc. En 1945, elle décroche le rôle principal de Salomé, un film d'espionnage où elle prouve ses qualités d'actrice et de danseuse. Sa voie semble désormais tracée. La belle se fait une spécialité des films d'aventures au parfum d'Orient.
Ces productions de qualité ( Casbah) enferment pourtant la comédienne dans le stéréotype. Malgré sa performance dans les films noirs Pour toi, j'ai tué et Les Démons de la liberté (deux films avec Burt Lancaster), les producteurs ne lui destinent que des rôles de princesses exotiques, poussant à l'occasion la chansonnette. Le western, un genre qui lui vaut quelques-uns de ses plus grands succès, n'exploite lui aussi que trop rarement les qualités de l'actrice.
Après une parenthèse européenne ( La Castiglione, en France), Yvonne De Carlo revient aux Etats-Unis. En 1956, elle campe l'envoûtante Sephora, la femme de Moïse (Charlton Heston) dans Les Dix Commandements de Cecil B. DeMille. Le triomphe du film hisse la comédienne au rang de star. Elle prend alors la décision de multiplier ses activités. Sans négliger le cinéma, elle monte sur les scènes de Broadway pour des comédies musicales et se produit à la télévision. Mariée au cascadeur Robert Morgan, elle choisira de mettre sa carrière en suspens pendant quelques mois pour s'occuper de son époux après le grave accident dont il est victime sur le tournage de La Conquête de l'ouest (1962).
Vedette du petit écran (Bonanza, Le Virginien, Les Monstres), elle inspire encore les réalisateurs. Raoul Walsh en fait l'héroïne de L'Esclave libre (avec Clark Gable et Sidney Poitier), tandis que Jacques Tourneur la précipite dans les bras du colosse Victor Mature pour Timbuktu et qu'Andrew V. McLaglen l'oppose à John Wayne (Le Grand McLintock). Avec l'arrivée des années 70, l'actrice réduit son activité au cinéma, se consacrant pleinement à la télévision et à la scène. La jeune génération la découvre en 1991 dans L'Embrouille est dans le sac, un remake d'Oscar porté par Sylvester Stallone.