Né dans un milieu populaire mais cultivé, Marcel Bluwal se prend très tôt de passion pour la littérature et surtout pour le cinéma, où il passe des journées entières. Echappant de justesse à la rafle du Vel' d'Hiv, le jeune Bluwal passe deux années reclus dans une pièce minuscule en compagnie de sa mère. Un épisode qui marquera sa vie à jamais.
Après la Seconde Guerre Mondiale, il entre à la toute jeune ORTF (Office de Radio-Télévision Française) comme réalisateur au département Jeunesse, il y reste 4 ans. Puis il se lance dans les dramatiques en direct, un exercice dans lequel il excelle. Son chef-d'oeuvre, Dom Juan ou Le Festin de Pierres d'après Molière avec Michel Piccoli dans le rôle-titre, lui vaut les louanges de la profession et la reconnaissance publique. Il reviendra toute sa carrière à la dramatique et à l'adaptation des monuments de la littérature (Dostoïevski, Hugo, Marivaux...), fidèle en cela aux pionniers de la télévision, qui voyaient dans ce médium un moyen d'éveiller le plus grand nombre à la culture et à la beauté.
En 1962, Bluwal signe un nouveau coup de maître avec Vidocq, une série télévisée portée par Claude Brasseur mettant en images les mémoires du célèbre bandit (et bagnard) devenu policier. Le succès est tel qu'il donnera deux suites à son héros, en 1970 et 1972.
Le cinéma reste pourtant sa première passion. En 1961, des producteurs lui donnent la chance de réaliser son premier long-métrage, Le Monte-Charge avec Robert Hossein et Léa Massari. Adapté d'un roman noir de Frédéric Dard, le film est un modèle de récit pervers particulièrement bien mené. Deux plus tard, Bluwal connaît les honneurs d'une sélection cannoise pour Carambolages, une énorme farce acerbe sur l'arrivisme avec de Funès et Jean-Claude Brialy. Etrillé par la critique, boudé par le public, le film restera une blessure profonde pour son réalisateur, qui rénouera une dernière fois avec le grand écran en 1999 pour Le Plus beau pays du monde, qui revient sur un épisode méconnu de l'Occupation.