Né d'un père médecin spécialiste en urologie et d'une mère enseignante en langue et littérature russe, Kirill Serebrennikov se dirige d'abord vers les sciences physiques et obtient un diplôme dans cette discipline en 1992. Passionné de théâtre et de cinéma, il débute comme metteur en scène dans des établissements locaux, tout en réalisant parallèlement des documentaires et des publicités pour la télévision.

Durant sa prolifique carrière théâtrale, Kirill dirige de nombreuses productions au Théâtre d’art Anton Tchekhov, au Théâtre Pouchkine, au Théâtre Sovremennik, au Théâtre d’Oleg Tabakov, au Théâtre national de Lettonie, au Deutsches Theater de Berlin ou encore au Thalia Theater de Hambourg. Il s'illustre aussi comme metteur en scène d’opéra dans de nombreux lieux prestigieux (théâtre Mariinski, etc.).

Il met également en scène des ballets au théâtre Bolchoï de Moscou, et s'implique comme réalisateur, concepteur et auteur de livrets. Depuis 2006, il est l’un des directeurs artistiques du festival-école d’art contemporain "Territory". Fondateur du projet "Plateforme", il en est aussi le directeur artistique (2011-2014). Enfin, de 2012 à 2021, il officie comme directeur artistique du célèbre Théâtre Gogol de Moscou.

Côté cinéma, Kirill Serebrennikov réalise les longs métrages Playing the Victim puis Yuryev en 2006 et 2008. Il signe en 2012 le drame Izmena, dans lequel un homme et une femme qui découvrent que leurs conjoints respectifs ont une relation. En 2016, le natif de Rostov-sur-le-Don gagne en notoriété avec Le Disciple, qui relate la crise mystique d’un adolescent (Petr Skvortsov) qui retourne le sens des Ecritures.

Mais c'est en 2018, avec Leto, que Kirill Serebrennikov réalise son film le plus connu et plébiscité. Présenté à Cannes où il décroche le prix Cannes Soundtrack 2018, cette chronique en noir et blanc se déroule dans la scène rock alternative du début des années 1980 en Russie. Elle est emmenée par Roman Bilyk, alias Roma Zver, une vraie rock star qui, pour l'occasion, effectue ses premiers pas sur grand écran.

Fort de ce succès, le réalisateur (qui est assigné à résidence depuis l'été 2017 jusqu'au mois d'avril 2019 pour de supposés détournements de fonds publics qu'il a toujours niés) tourne en 2020 La Fièvre de Petrov, un trip cinématographique baroque et énigmatique. Présenté à Cannes, il s'agit également de l'adaptation cinématographique du roman écrit par le romancier Alexeï Salnikov, "Les Petrov, la Grippe, etc."

S'intéressant depuis de nombreuses années à la vie de Ilitch Tchaïkovski, Kirill livre l'année suivante La Femme de Tchaïkovski, qui retrace le parcours du célèbre compositeur du 19ème siècle, ainsi que celui de sa femme qu'il n'a jamais aimée : Antonina Tchaïkovskaïa. Là encore, le film a les honneurs d'une présentation cannoise, même si le cinéaste ne peut pas quitter la Russie pour des raisons judiciaires.

En 2018, Kirill Serebrennikov est nommé commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres en 2018 par la ministre de la Culture Françoise Nyssen. Il a aussi obtenu, entre autres, le prix Stanislavsky, le prix du Masque d’or, le prix principal du Festival du film de Rome, le prix du jury jeune au Festival du film de Locarno, le prix de la mise en scène au festival Kinotavr et le prix Europe Nouvelles réalités théâtrales.

Laurent Schenck