De son vrai nom Roy Harold Scherer Jr., Rock Hudson nait en 1925, dans l'Illinois. Son enfance est marquée par l'abandon de son père pendant la Grande Dépression. Après ses années de lycée, le jeune homme part aux Philippines pour travailler comme mécanicien dans l'aviation, durant la Seconde guerre mondiale. A son retour aux États-Unis, Hudson se tourne vers ce qui deviendra son métier : la comédie. En 1946, il s'inscrit d'abord à l'université de Californie du Sud pour y étudier le jeu mais se fait renvoyer à cause de ses mauvaises notes. Après quelques années de vaches maigres (il exerce le métier de conducteur de camion), il décroche un petit rôle dans son premier film : Les Géants du Ciel (1948). La prestation de Rock Hudson dans ce long métrage est célèbre pour une mauvaise raison : il a besoin de 38 prises pour dire une seule réplique.
A la fin des années 40, il multiplie les petits rôles dans des films de réalisateurs reconnus comme William Castle (Une Balle dans le dos , 1949) ou Anthony Mann (Winchester 73, 1950). Mais Rock Hudson ne parvient pas à trouver sa place au sein d'Hollywood et incarne donc toutes sortes de personnages très différents les uns des autres. C'est en 1952 qu'il fait une rencontre décisive pour sa carrière en la personne de Douglas Sirk. Grâce au succès du film qu'ils tournent ensemble, Qui donc a vu ma belle ?, l'acteur trouve enfin de nombreux premiers rôles. Dans un premier temps, Rock Hudson se dirige vers des personnages qui aiment les grands espaces des plaines américaines. Il tourne ainsi à plusieurs reprises avec des cinéastes spécialistes du western comme Budd Boetticher (Le Traitre du Texas en 1952, Expédition du Fort King en 1953) ou Raoul Walsh (Bataille sans merci, id.).
Encore une fois, c'est Douglas Sirk qui lui offre des rôles aux antipodes des précédents, et qui le pousse à se surpasser en tant qu'acteur. Ensemble, ils enchaînent les "mélodrames flamboyants" : Le Secret magnifique (1954), Tout ce que le ciel permet (1955) et Ecrit sur du vent (1956). Cette même année, Hudson tient le haut de l'affiche dans Géant de George Stevens, qui est le dernier film que tourne James Dean. Ces interprétations d'hommes torturés et sensibles marquent un nouveau tournant dans la carrière du comédien. Mais il montre aussi qu'il peut jouer des rôles plus légers. La fin des années 50 le voit donc triompher dans des comédies, souvent en compagnie de l'actrice Doris Day, comme Confidences sur l'oreiller (1959), Un Pyjama pour deux (1961) ou Ne m'envoyez pas de fleurs (1964). La comédie est un genre qui lui va bien puisque la même année, Howard Hawks lui offre le premier rôle dans Le Sport favori de l'homme, quiproquo entre un homme et une femme dans le monde de la pêche.
C'est à la fin des années 60 que Rock Hudson se tourne de nouveau vers des rôles plus physiques d'homme d'action. Son corps est mis à rude épreuve puisqu'il affronte des températures très froides (Destination Zebra, station polaire en 1968), se bat contre un John Wayne taciturne (Les Géants de l'Ouest, 1969) et replonge dans les combats de la Première Guerre Mondiale (Darling Lili, l'année suivante). Dans les années 70, ses rôles au cinéma se font plus rares, et l'acteur migre alors vers le petit écran, à travers des séries ou des téléfilms. Rock Hudson tourne son dernier film, L'Ambassadeur, en 1984 aux côtés de Robert Mitchum et de Ellen Burstyn. En été 1985, Rock Hudson bouleverse tout Hollywood en devenant l'une des premières personnalités à dévoiler qu'il est atteint du virus du sida, après quoi son homosexualité est révélée au grand public. L'acteur décède quelques mois plus tard, le 2 octobre 1985.
Auteur : Nicolas Johary