Cinéaste américain d'origine allemande, Douglas Sirk est né Hans Detlef Sierck le 26 avril 1897 à Hambourg dans une famille danoise, où son père exerçait la profession de journaliste. Elevé en partie par sa grand-mère, il passe son enfance dans le Jutland (Danemark), tout en se passionnant pour l'actrice Asta Nielsen. Revenu en Allemagne, il étudie le Droit, l'Histoire de l'art et la Philosophie, dans les universités de Hambourg et à Munich. En marge de ses études, il emprunte la voie de son père en suivant des études de journalisme en 1920, avant de se consacrer au théâtre. Son premier contact avec le monde du cinéma se fait en 1923, lorsqu'il est engagé comme décorateur dans le studio Berlinois UFA.
En 1934, la société le prend sous contrat et lui permet de réaliser trois courts-métrages, mais ce n'est que l'année suivante qu'il signe son premier long : April, April !. La même année, il réalise La fille des marais, son premier grand mélodrame. Un genre dans lequel le cinéaste excellera. En 1937, après avoir été nommé directeur du théâtre d'état de Berlin, il réalise deux de ses films les plus importants de sa période allemande : Paramatta, bagne de femmes et La Habanera, où s'impose la star Zarah Leander. De plus en plus inquiet par le nazisme, il refuse de collaborer avec le IIIe Reich. En décembre 1937, sous prétexte d'aller en Afrique du Sud faire des repérages pour son prochain film, il quitte l'Allemagne dans des conditions dramatiques et se réfugit en Suisse puis en France, où il décline la proposition de faire d'Une Partie de campagne de Jean Renoir un long métrage. En 1939, peu avant qu'il n'émigre aux Etats-Unis, il réalise en Hollande Boefje. Mais il ne peut assurer son montage, ayant dû quitter le pays à l'arrivée des troupes allemandes.
A son arrivée aux Etats-Unis, il végète un peu. C'est avec Hitler's Madman que s'ouvre la carrière américaine de celui qui est devenu Douglas Sirk. En 1950 débute pour lui sa période la plus féconde, sous l'égide de la Universal. Après Le sous-marin mystérieux (1950) et deux films d'inspiration mystique (La Première Légion et Tempête sur la colline), Sirk réalise une premier série de comédies centrées sur le couple (dont No Room for the Groom en 1952), puis une seconde trilogie nostalgique sur la vie en province, qu'il entame avec Qui donc a vu ma belle ?, où il commence une fructueuse collaboration avec Rock Hudson. Take me to town en 1953 marque la fin de sa période de comédies.
All I Desire (1953) marque ses débuts dans le genre qui fit sa gloire : le mélodrame; un genre dont il ne tarda pas à devenir l'un des maîtres absolu. A l'exception de la comédie Capitaine Mystère, tous ses films seront placés sous le sceau de la fatalité. Si certains de ses films sont des remakes de grands classiques du mélodrame, comme Le Secret magnifique (1954) et Mirage de la vie (1959), le cinéaste atteint des sommets avec le flamboyant Tout ce que le ciel permet, dans lequel il dépeint les luttes de l'amour contre les conventions bourgeoises. Usant de teintes très saturées, empruntées à la peinture dont il est grand admirateur, il dépeint dans Ecrit sur du vent une cellule familiale où se combinent la frustration et l'auto-destruction. Après La Ronde de l'aube, il adapte le grand auteur allemand et pacifiste Erich Maria Remarque en signant Le Temps d'aimer et le temps de mourir, dans lequel l'aliénation des personnages a pour cadre la Seconde guerre mondiale et l'effondrement du IIIe Reich.
Malade, Douglas Sirk met fin à sa carrière américaine et part s'installer en Suisse au début des années 1960. En semi-retraite, il monte néanmoins quelques pièces de théâtres, tout en donnant en parallèle des cours de cinéma à l'université de Munich, avant de s'éteindre le 14 janvier 1987.