Fils du comédien Jean Lescot et frère cadet du metteur en scène David Lescot, Micha Lescot (de son vrai nom Mischa Wajsbrot) baigne depuis son plus jeune âge dans le milieu théâtral. À l’âge de 18 ans, il entre en 1993 au Conservatoire national supérieur d’art dramatique. Il ne tarde pas à faire ses débuts d’acteur à la télévision dans l'un des téléfilms de la collection Tous les garçons et les filles de leur âge de Claire Denis (1994), sur scène avec Hortense a dit : « Je m'en fous ! » de Georges Feydeau et au cinéma dans Le plus bel âge... de Didier Haudepin (1995).
À l’écran justement, on le croise à plusieurs reprises chez Noémie Lvovsky (Camille redouble, La grande magie) et Claire Denis (Nénette et Boni, Vendredi soir), ainsi que chez Albert Dupontel (Enfermés dehors), Bertrand Bonello (Saint Laurent) ou encore Michel Hazanavicius (Le Redoutable). Il se fait aussi remarquer pour sa participation au 1er épisode de la saison 4 de Dix pour cent, où il joue un ami réalisateur de Charlotte Gainsbourg, qui embarque l’actrice dans un médiocre film de SF.
Mais c’est surtout sur les planches que Micha Lescot s’épanouit, aussi à l’aise chez Marivaux, Molière et Feydeau que Tchekhov. Il noue avec le metteur en scène Luc Bondy une relation professionnelle privilégiée : ils montent ensemble cinq pièces en huit ans, parmi lesquelles Les Chaises d'Eugène Ionesco et Le Retour d'Harold Pinter. La collaboration de Lescot avec celui qui est devenu son ami et mentor est interrompue en 2015 par le décès de ce dernier.
Une année particulièrement éprouvante pour le comédien qui fait quelques mois plus tôt une chute de 5m au cours d’une représentation d’En finir avec Eddy Bellegueule, une adaptation du roman d’Edouard Louis, sur la scène de la Comédie de Valence. Il souffre de plusieurs fractures des vertèbres dorsales et des côtes, d’une contusion pulmonaire et d’un hémothorax, qui lui valent quatre mois d’arrêt, un violent choc post-traumatique et quelques centimètres en moins. Un long procès de sept ans est entamé contre la Comédie de Valence, qu’il gagne au pénal.
Lauréat de plusieurs Molières et de prix remis par le Syndicat de la Critique, le comédien est particulièrement salué pour sa performance en Richard II au Festival d’Avignon en 2022. Sous la direction de Christophe Rauck, il incarne l’un des plus grands rôles écrits par Shakespeare.
La même année, il brille au cinéma dans Les Amandiers, film autobiographique de Valeria Bruni Tedeschi qui revient sur le parcours professionnel et personnel des membres de la troupe de théâtre de Patrice Chéreau à la fin des années 1980. Alors que Micha Lescot a failli travailler avec ce dernier à deux reprises, le voilà à interpréter son complice Pierre Romans, directeur de l’école des Amandiers. Une figure plutôt méconnue qui a évolué dans l’ombre de Chéreau, incarné à l’écran par Louis Garrel – dont Micha Lescot est un ami proche. La performance du comédien lui vaut d’être nommé au César du meilleur acteur dans un second rôle.
On le retrouvera bientôt à l’affiche de Jeanne du Barry de Maïwenn.
Émilie Schneider