Sergio Corbucci est l'un des grands noms du cinéma bis italien. Réalisateur prolifique, oeuvrant dans des genres très différents, du péplum au western en passant par les films policiers, il peut être considéré comme la quintessence du réalisateur populaire. Diplômé de Sciences économiques puis journaliste, il devient par la suite l'assistant de l'un des maîtres du cinéma néo-réaliste italien, Roberto Rossellini puis scénariste et enfin réalisateur. C'est en 1951 qu'il réalise son premier long métrage, Sauve ma fille.
Il démarre dans le péplum avec Maciste contre le fantôme (1961), ou Le Fils de Spartacus (1963). En 1965, il réalise son premier western, Massacre dans le grand canyon. Il se consacre aussi à la comédie, trait qu'il garde souvent quel que soit le genre abordé, avec le célèbre acteur italien Toto (7 films ensemble). Il reste également fidèle au cinéma populaire avec L' homme qui rit (1966), en adaptant librement le roman de Victor Hugo. Il s'associe avec son frère, Bruno Corbucci, lui-même scénariste et réalisateur :12 films à leur actif, parmi lesquels deux chef-d'oeuvres brutaux et baroques: Django (1966), incarné par celui qui deviendra son acteur fétiche, Franco Nero, et surtout Le Grand Silence (1968), oeuvre totalement nihiliste.
Sergio Corbucci est surtout connu pour sa contribution au Western Transalpin, auquel il apporte humour noir et conviction politique. Il radicalise encore plus loin la figure de " l'homme sans nom ", incarné par Clint Eastwood chez Sergio Leone: le personnage du Grand silence, joué par l'acteur français Jean-Louis Trintignant, sera muet. Cinéaste de l'outrance, Corbucci l'est aussi pour le traitement qu'il réserve à ses personnages : tandis que Klaus Kinski incarne dans Le Grand silence Tigrero, un chasseur de prime cruel et sadique, l'acteur Jack Palance joue dans Le Mercenaire (1968) le rôle d'un pistolero homosexuel, dissimulant sous de bonnes manières un tempérament vicieux et brutal. Après avoir réalisé Le Specialiste (1969) avec Johnny Hallyday, il accentue encore plus le trait politique de ses films dans Companeros en 1970, et surtout Mais qu'est-ce que je viens foutre au milieu de cette revolution? (1973) interprété par Vittorio Gassman.
Durant les deux décennies des années 1970 et 1980, il s'attache essentiellement à réaliser des parodies tel en 1975 Le Blanc, le Jaune et le Noir, et quelques polars tournés vers la comédie, comme Le Pot de vin (1978) avec Nino Manfredi et Ugo Tognazzi. Sur la fin de sa carrière, il se consacre d'abord entièrement au comique, notamment avec le duo Bud Spencer et Terence Hill (Pair et impair) (1978), puis ensuite à la télévision. Ses 11 derniers films sont totalement inédits en France.
Auteur : Olivier Pallaruelo