Visage parmi les plus célèbres du cinéma d’horreur italien, Barbara Steele a bien failli exercer ses talents dans d’autres registres et pays. Née en Angleterre, elle étudie d’abord pour être peintre, puis devient modèle, et ce n’est qu’à la fin des années 50 qu’elle rejoint la compagnie de J. Arthur Rank et fait ses premiers pas à l’écran, dans la comédie "Bachelor of Hearts" (1958). Un petit rôle qui sera suivi par d’autres, jusqu’à ce qu’Hollywood ne la remarque et l’engage pour donner la réplique à Elvis Presley dans Les Rodeurs de la plaine.
Sauf que l’expérience tourne court, ses nombreuses prises de bec avec le réalisateur Don Siegel ayant raison de sa participation au long métrage. Remplacée par une autre Barbara (Eden), elle rentre en Europe aussi vite qu’elle en est partie. Pas en Grande-Bretagne, mais en Italie, où Mario Bava lui confie le rôle principal de son premier film : Le Masque du démon (1960). Salué pour la qualité de sa photographie et son atmosphère inquiétante, le long métrage fait de Barbara Steele une icône instantanée du cinéma fantastique.
Un succès qui lui vaut de repartir aussitôt aux Etats-Unis pour jouer sous la direction de Roger Corman dans La Chambre des tortures, puis dans un épisode de la série Alfred Hitchcock Présente, avant de remettre le couvert en Italie, avec L'Effroyable secret du Docteur Hichcock. Un film qui a d’ailleurs réduit son temps dans présence dans le Huit et demi de Federico Fellini : séduit par son visage voluptueux et sa voix sensuelle, le metteur en scène à en effet dû se résoudre à ne pas lui confier plus que le petit (mais marquant) rôle qu’elle tient dans son film, à cause de son engagement dans le suivant.
Bien que remarquée chez Fellini, Barbara Steele ne se défait pas si facilement de l’étiquette acquise chez Mario Bava, et les années 60 la voient apparaître dans Le Spectre du Professeur Hichcock, Danse macabre, La Sorciere sanglante, Cinq tombes pour un médium, Les Amants d'outre-tombe, Un Ange pour Satan ou La Maison ensorcelée avec, toutefois, quelques pauses grâce aux Les Heures de l'amour, à "Amours sans lendemain", Le Sexe des anges ou Le Monocle rit jaune, sous la direction de Georges Lautner.
L’année 1968 est celle où, trouvant sa couronne de reine de l’horreur trop pesante, elle déclare qu’on ne la reverra plus jamais "dans un foutu cercueil". Mais les choses ne sont pas si faciles pour autant : si son mari, le scénariste James Poe, lui écrit un rôle dans l’adaptation de On achève bien les chevaux (1969), ce dernier revient finalement à une autre Anglaise, Susannah York. Il faut donc attendre 1974 pour revoir Barbara Steele sur grand écran, grâce à 5 femmes a abattre, premier long métrage de Jonathan Demme.
C’est aussi à ce moment-là qu’elle replonge dans l’horreur, devant la caméra de deux jeunes réalisateurs, David Cronenberg et Joe Dante, qui lui offrent de participer à Frissons et Piranhas, puis elle apparaît dans "Le Silence qui tue" (1979), après une légère parenthèse plus dramatique face à Patrick Dewaere et Annie Girardot (La Clé sur la porte). Eloignée des écrans pendant quelques années, elle revient d’abord sur le petit, par le biais de séries, et il faut attendre 1994 pour la revoir dans un long métrage. Mais, de Prophet (1999) à "The Butterfly Room" (2012), en passant "The Boneyard Collection" (2006) ou Her Morbid Desires (2008), elle s’affiche surtout dans des thrillers mineurs, à tendance plus ou moins horrifique. Reine de l’horreur un jour, reine de l’horreur toujours…
Auteur : Maximilien Pierrette