Fils du violoniste Serge Tannenbaum et de la journaliste Marcelle Houry, Max-Gérard Houry Tannenbaum rêve dès son plus jeune âge d’une carrière d’acteur. A 17 ans il suit les cours de René Simon et intègre, en 1938, le Conservatoire aux côtés de François Périer et Bernard Blier. En 1939 il devient pensionnaire de la Comédie Française et fait ses débuts sur les planches dans la pièce Britannicus en remplacement d’un acteur mobilisé. Mais l’exode du printemps 1940 change la vie de ce jeune homme d’origine juive. Accompagné de sa compagne l’actrice Jacqueline Roman, Gérard Oury quitte Paris pour Marseille puis Monaco où naît son unique fille Danièle Thompson en 1942. Mais celui-ci ne la reconnaît pas et la déclare sous le nom de sa mère afin qu’elle échappe aux mesures anti-juives. Parallèlement, Gérard Oury fait ses premiers pas au cinéma en tant qu'acteur dans Les Petits riens de Raymond Leboursier et dans Le Médecin des neiges de Marcel Ichac, tournés en zone libre. A la fin de l’année 1942, Gérard Oury et sa famille rejoignent Marcelle Houry à Genève où ils s’installent jusqu’à la fin de la guerre. Le jeune homme jouera dans plus de 40 pièces en 3 ans.
De retour à Paris en 1945, il joue dans la pièce Les Vivants d’Henry Troyat tout en abordant quelques seconds rôles au cinéma (Antoine et Antoinette en 1947, Jo la Romance en 1949, Le Passe-muraille en 1951, La Belle Espionne en 1953, Les Héros sont fatigués en 1955,…). Lassé de ces petits rôles, Gérard Oury décide de passer à la réalisation en 1959 avec La Main chaude. En 1960 il épouse l'actrice Michèle Morgan, avec laquelle il restera marié jusqu’à sa mort. Il dirige Robert Hossein et Marie-José Nat dans La Menace, mais c’est en 1961 pour son troisième long métrage Le Crime ne paie pas que Gérard Oury rencontre le succès. Il y réunit un casting d'exception composé de son épouse Michèle Morgan, d'Edwige Feuillere, Danielle Darrieux, Philippe Noiret et Louis de Funès. Ce dernier lui conseille de se diriger vers ce qui deviendra son genre de prédilection : la comédie. Le réalisateur suit cette suggestion et tourne Le Corniaud en 1964. Pari gagnant : 12 millions de spectateurs viennent acclamer le tandem Bourvil – de Funès. Fort de ce succès, Oury reste dans la veine de la comédie populaire avec La Grande Vadrouille en 1966, pour lequel il collabore au scénario, pour la première fois, avec sa fille Danièle Thompson. Avec ses 17,2 millions de spectateurs, le film reste le plus gros succès pour un film français dans l’Hexagone jusqu’en 2008 et le succès de Bienvenue chez les Ch'tis.
Il fait tourner les comédiens français les plus populaires Jean-Paul Belmondo et Bourvil dans Le Cerveau ou encore Pierre Richard dans La Carapate. En 1971 il retrouve Louis de Funès dans La Folie des grandeurs. Avec son affiche réunissant De Funès et Yves Montand, le film s’est placé 4ème au box-office de l’année 1971, après Les Aristochats, Les Bidasses en folie et Mourir d'aimer. Le cinéaste enchaîne les succès et dirige pour la cinquième et dernière fois Louis de Funès dans Les Aventures de Rabbi Jacob en 1973. Le film est vivement critiqué : sa sortie coïncide avec la guerre du Kippour, le caractère religieux du film provoque plusieurs réactions violentes. En 1982, il retrouve Jean-Paul Belmondo qu’il dirige pour la seconde fois dans L' As des As. Le film est plébiscité par le public puisqu’il réalise plusieurs millions d’entrées en moins d’un mois. L'As des As fut même accusé, dans une pétition de critiques de cinéma, d’avoir nui à la carrière commerciale du film de Jacques Demy, Une chambre en ville. Ses deux collaborations avec Pierre Richard (La Carapate en 1978 puis Le Coup du parapluie en 1980) voguent sur le succès de ses précédents films, tout en accusant une légère perte de vitesse au box-office. Il continue d'appliquer son humour burlesque dans ses films suivants (La Vengeance du serpent à plumes, Vanille fraise) mais le public n'est plus au rendez-vous. Vanille fraise marquera la 10ème et dernière collaboration de Gérard Oury et de sa fille scénariste Danièle Thompson.
En 1993, il dirige Christian Clavier et Tsilla Chelton dans La Soif de l'or et reçoit le César d'Honneur. De plus en plus rare, Gérard Oury tourne en 1995 la comédie Fantôme avec chauffeur, où il réactualise le duo d'acteurs, en confiant à Philippe Noiret et à Gérard Jugnot les rôles principaux, puis Le Schpountz en 1999, dans lequel il aborde les sujets du racisme et de l'intolérance mais le film ne séduit pas le public. Gérard Oury est élu membre de l’Académie des Beaux-Arts le 11 mars 1998 et reçoit un hommage lors du festival de Cannes de 2001. Le metteur en scène décède à Saint-Tropez le 20 juillet 2006.
Biographie rédigée par Laëtitia Forhan