Actualité du discours de la servitude volontaire…
« Mais, ô grand Dieu, qu'est donc cela ? Comment appellerons-nous ce malheur ? Quel est ce vice, ce vice horrible, de voir un nombre infini d'hommes, non seulement obéir, mais servir, non pas être gouvernés, mais être tyrannisés, n'ayant ni biens, ni parents, ni enfants, ni leur vie même qui soient à eux ?.....
….si l'on voit non pas cent, non pas mille hommes, mais cent pays, mille villes, un million d'hommes ne pas assaillir celui qui les traite tous comme autant de serfs et d'esclaves, comment qualifierons-nous cela ? Est-ce lâcheté ? » s’interroge Etienne de la Boétie en 1548.
Question d’actualité. Aussi bien aurions-nous pu intituler ce film : Le prix de la lâcheté.
« Appellerons-nous vils et couards ces hommes soumis ? », avance plus loin l’ami de Montaigne.
Petites boules de billard, à la disposition de brillants stratèges.
« Vous vous usez à la peine afin qu'il (le tyran) puisse se mignarder dans ses délices et se vautrer dans ses sales plaisirs. Vous vous affaiblissez afin qu'il soit plus fort, et qu'il vous tienne plus rudement la bride plus courte. Et de tant d'indignités que les bêtes elles-mêmes ne supporteraient pas si elles les sentaient… »
« Panem et circenses », disaient les romains.
Les outils de la tyrannie, La Boétie les a identifiés depuis l’antiquité, tous ces jouets et passe-temps qui empiètent sur nos vies et que la technique démultiplie à l’envie :
« Ce moyen, cette pratique, ces allèchements étaient ceux qu'employaient les anciens tyrans pour endormir leurs sujets sous le joug. Ainsi les peuples abrutis, trouvant beaux tous ces passe-temps, amusés d'un vain plaisir qui les éblouissait, s'habituaient à servir aussi niaisement mais plus mal que les petits enfants n'apprennent à lire avec des images brillantes… »
Ecrit en 1548 : Ça fait réfléchir, non ?