La "Black Trilogy" de Shirley Clarke (The Connection en 1961, The Cool World en 1963 et Portrait of Jason en 1967) est longtemps restée l'oeuvre la plus aboutie de cette cinéaste américaine libre et inventive. Shirley Clarke façonnait ici des formes emplies de sonorités afro-américaines. Après des années d'expérimentations vidéo dans les années 70, elle revint au documentaire en 1984 avec Ornette : Made in America. Soit la rencontre avec une légende du free jazz, au style mouvant et à l'extrême intensité. Inventeur lui aussi ("The Shape of Jazz to Come"), Ornette Coleman a toujours pris soin de bousculer les normes et à conquérir vaille que vaille sa liberté. Son portrait ne pouvait pas être sage : pensé comme une mosaïque complexe composée d’images d’archives, d’entretiens, de séquences de fiction et de performances live, Ornette : Made in America parvient à restituer les multiples facettes du musicien et son style protéiforme. Shirley Clarke convoque ici ses obsessions. Elle synthétise ses recherches formelles. Par son montage chaotique et la fulgurance de ses plans, elle est free- jazz.