Sofiko a une vie bien remplie. D’abord, elle a surmonté le traumatisme de son enfance. Sa mère fut arrêtée sous Staline et envoyée au pays des aurores boréales. Ses tantes la sauvèrent de l’orphelinat en la recueillant. Maintenant elle travaille, dans un quotidien, à la rubrique courrier des lecteurs. Quand les lettres mentionnent des abus de fonctionnaires ou des erreurs administratives, elle enquête sur le terrain. Avec une énergie et une foi à renverser les montagnes, elle s’efforce à chaque fois de résoudre des problèmes concrets. Ce qui l’amène à rencontrer toutes sortes de gens, nous offrant ainsi une série de portraits de ses contemporains géorgiens en ville et à la campagne. Fine, impétueuse, déterminée et empathique, elle aime aider les autres, au détriment cependant de sa vie privée et de sa propre famille. Son mari se sent un peu délaissé. Sofiko s’est peut-être aussi perdue elle- même de vue. Comme le dit la sagesse populaire, cordonnier est toujours le plus mal chaussé.Le fait que le scénario ait été écrit par deux femmes et un homme permet des points de vue variés et nuancés sur les gens que croise la journaliste.
Le film propose une galerie de personnes et de situations riches et contrastées avec même un côté documentaire. Réalisé il y a 40 ans, il reste d’une actualité féministe brûlante quant aux difficultés vécues au quotidien par les femmes qui doivent concilier travail et famille. Comment réussir la quadrature du cercle ? Quelle est la bonne solution ? Peut-on éviter certains sacrifices ? Le film pose ces questions et se garde bien d’y répondre.Car la solution est forcément individuelle. L’héroïne a été pensée en fonction de l’actrice Sofiko Tchiaouréli. D’où le choix de garder le même prénom. Elle lui donne sa force et son désarroi. Et même des éléments biographiques : au journal, on voit sur un mur l’affiche du film Pirosmani (1969), réalisé par son mari Guéorgui Chenguélaïa. Issue d’une prestigieuse dynastie du cinéma, Sofiko Tchiaouréli a interprété plus d’une centaine de rôles. Dans Sayat Nova (1969) de Sergueï Paradjanov, elle se démultiplie en six personnages. Elle retrouve Paradjanov pour La Forteresse de Souram (1984)et Achik Kerib (1988). Sa photographie dans L’Arbre du désir (1977) de Tenguiz Abouladzé orne la couverture du livre consacré au cinéma géorgien par les éditions du Centre Pompidou.
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