Pas mécontent de revoir ce film, que j’avais apprécié à l’époque, bien que l’ensemble ne m’ait pas pleinement convaincu.
Le problème du film, je crois, c’est qu’il a du mal à se départir pleinement d’un côté un peu « racoleur pour attirer le gogo », avec du coup pas mal de scène à l’utilité discutable. Le topless de O’Toole dans une séquence sans finalité est par exemple une de ces séquences qui n’a pas d’autres utilités que de remplir le quota nudité du film. Alors forcément, toutes ces petites scènes, pas forcément désagréables, mais qui ne nourrissent guère le récit, finissent par l’empeser, et La Féline aurait très bien pu tenir en 1 heure 30-40, soit un bon quart d’heure de moins, pour gagner en rythme, et être plus palpitant.
L’histoire n’est pas mal, même s’il s’agit à peu de chose près à une histoire de loup-garou à la sauce félin. Un peu lent donc et pas très fluide, le film est handicapé par sa narration, ce qui n’enlève rien à la poésie du récit qui est bien là, bien présente, et que quelques scènes spectaculaires viennent émailler judicieusement. La Féline est un métrage prenant malgré ses défauts, et il faut le reconnaitre, il le doit aussi à ses acteurs.
Ces derniers portent véritablement le film, avec une prestation mémorable de Nastassja Kinski, parfaite pour ce rôle sensuel et complexe. Sa composition est remarquable, et elle est entourée de solide acteur, avec là encore un Malcolm McDowell parfaitement choisi pour son rôle trouble. John Heard paraitra un peu fade, mais le piquant de certains seconds rôles, dont Annette O’Toole parvient à compenser.
Visuellement La Féline est, tout comme dans sa bande son d’ailleurs, estampillé années 80. La mise en scène un peu clipesque, les éclairages, la bande son planante avec du Bowie, tout cela sent réellement les années 80, et ce n’est pas du tout déplaisant. Le film accentue vraiment le côté sensuel et érotique de l’histoire, la violence n’apparaissant finalement que par petits épisodes, petits certes, mais volontiers sanglants. Mieux vaut être prévenu donc. En tout cas c’est très propre, même si la réalisation de Schrader n’est pas toujours ultra-lisibles, la faute à une tendance au montage un peu abrupt, clipesque quoi !
Pour moi La Féline reste un bon film de l’époque, un métrage ancré dans son temps qui reste luxueux et pertinent. Schrader signe un métrage marquant, à voir au moins une fois car c’est une expérience intéressante, même si le film n’arrive pas complètement à se débarrasser de certains airs de séries B avec son érotisme aux tendances racoleuses, et si la narration est imparfaite. 3.5