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    M. Butterfly
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    Peter Franckson
    Peter Franckson

    52 abonnés 1 153 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 20 mars 2024
    Le film est adapté de la pièce de théâtre éponyme écrite en 1988 par l’Américain David Henry HWANG à 31 ans et qui s’inspire de l’histoire du Français Bernard Boursicot, en poste à l’ambassade de France à Pékin en 1964. Comme Hwang, le réalisateur déconstruit l’opéra « Madame Butterfly » (1904) de Giacomo Puccini (1858-1924) où un officier américain, Benjamin Pinkerton, en escale à Nagasaki, épouse une geisha (dont le nom japonais signifie Madame Papillon) avant de retourner aux Etats-Unis, sans savoir qu’elle est enceinte. L’histoire débute à l’ambassade de France à Pékin, en 1964, où René Gallimard (Jeremy IRONS, prodigieux), comptable tatillon qui épluche les notes de frais, marié, tombe éperdument amoureux d’une chanteuse de l’opéra de Pékin, Song, découverte dans le rôle de Mme Butterfly. Le film est constamment sur le fil du rasoir, lui évitant de tomber dans le grotesque, grâce à une envoutante mise en scène qui inclue une superbe photographie, notamment des intérieurs, de l’Anglais Peter SUSCHITZKY (dont c’est la 3e collaboration sur 10 avec le réalisateur), évoquant « L’impératrice Yang Kwei-fei » (1955) de Kenji Mizoguchi (1898-1956) pour la gamme chromatique, et la musique du fidèle (5e collaboration sur 9) d’Howard SHORE. C’est, à travers la déconstruction de l’opéra italien, un film sur le déni, sur un amour idéalisé, sans oublier le regard politique sur la Chine de Mao Zedong (1893-1976), président de la République Populaire de Chine depuis 1954, avec ses gardes rouges, ses espions et ses camps de rééducation par le travail pour artistes et intellectuels mais aussi sur la France, pendant les événements de mai 1968 (défilés d’étudiants maoïstes). Le film se termine en apothéose par 2 scènes, spoiler: l’une où Jeremy Irons et John Lone [connu pour son rôle de Puyi dans « Le dernier empereur » (1987) de Bernardo Bertolucci] se retrouvent dans un « panier à salade » à Paris et l’autre, où Jeremy Irons joue sa propre vie devant des détenus.
    Ykarpathakis157
    Ykarpathakis157

    4 546 abonnés 18 103 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 9 juillet 2021
    Sur le papier ce film a l'air d'être bon mais il n'est jamais cohérent. En effet le secret de Butterfly n'est un secret pour personne sauf pour le personnage d'Irons. Il y a d'énormes trous dans l'histoire et je ne me suis jamais senti connecté ou n'ai jamais bien compris aucun des personnages. Bien qu'Irons qui est un acteur de premier ordre à mon avis fasse un aussi bon travail que possible n'est pas suffisant pour rendre ce film intéressant. La photographie est tellement ringarde les décors ne sont absolument pas convaincants la mise en scène et les performances sont vides. Il traite de grands événements d'une manière théâtrale amateur le scénario est ennuyeux, la narration est désastreuse et la musique est sans cesse irritante. La Grande Muraille de Chine devient une blague le seul lieu crédible est Paris parce que c'est le seul lieu réel. Le tout est effrayant et quand le twist est révélé c'est encore plus effrayant. Il y a même quelques bons acteurs dans le casting alors chapeau à David Cronenberg pour le pire film que j'ai jamais enduré de toute ma vie...
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 24 octobre 2018
    Une œuvre magnifique et une histoire vraie rocambolesque, l’étrange relation amoureuse entre un diplomate Français et une artiste de l’opéra Chinois, héritage du passé où les hommes tenaient les rôles principaux sur scène, les femmes en retrait avec beaucoup de pudeur en tant que telle pour la tradition chinoise. René Gallimard ou Bernard Boursicot de son vrai nom, tombe amoureux de Song Liling/Shi Peipu qui est en réalité un homme travesti, ce qui expliqua sa trop grande discrétion intime, dans un contexte politique des années 60, une parfaite reconstitution de la Chine et de la France en pleine ébullition sociétale. Il y a de la tension dramatique dans cette représentation de la mise en scène, une mélancolie mélodieuse pour cette histoire incroyable mais vraisemblable. Les thèmes abordés sont très intéressants dans le cinéma pertinent de David Cronenberg, le vestige du théâtre au cinéma, le travestissement, la bisexualité supposée du français et des intrigues politiques, la période indépendance post coloniale, cette révolution culturelle qui fut une période sombre de la répression Maoïste, en s’en prenant aux anciens maîtres dominants de l’ère impériale, une revanche pour le petit peuple.
    Cyril J.
    Cyril J.

    26 abonnés 625 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 13 novembre 2017
    Pékin, 1964, un expert-comptable à la culture moyenne, marié et promu vice-consul à l’ambassade de France, tombe amoureux d’une cantatrice chinoise le soir de Mme Butterfly. Délicatesse, intensité et profondeur habillent dès lors une excitante et merveilleuse histoire d’amour qui suffirait au film à nous enchanter par son inaccessible beauté, son charme délicat et le raffinement extraordinaire de la pudeur culturelle chinoise, un peu trop pudique même… Ce n’est qu’en France 4 ans plus tard que notre amant réalisera que les personnages féminins du théâtre chinois d’antan sont des hommes. Et qu’ils sont parfois juste motivés par l’espionnage communiste d’Etat.
    Au-delà des actes montrés à l’écran, et du spoil éventuel, l’essentiel de ce film, aux intemporels enjeux et poésies, se ressent avant tout. Son intérêt est clairement dans les sentiments puissants qu’il suscite, bien plus que dans ses images. Dans l’indicible et la fascination d’une romance onirique, dans les bouleversantes déductions et conséquences des non-dits, et surtout par l’effroyable douleur et le hurlement silencieux d’une réalité tant amoureuse qu’intime.
    Décidément excellent et hétéroclite, David Cronenberg nous offre un bijou à la fois magnifique et choquant, inspiré de l’authentique histoire de Bernard Boursicot et de l’affaire d’espionnage dite M. Butterfly, incarné par d’éblouissants Jeremy Irons et John Lone. Mais il en fait surtout une excellente romance dramatico-psychologique, renversante par son au-delà de l’amour et de son intolérable trahison, par l’insupportable mystification de ses sens et de l’amour parfait, quand il s’avère n’être que le rêve que l’on s’en fait.
    mx13
    mx13

    242 abonnés 1 918 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 15 septembre 2018
    Excellente première partie qui malheureusement se laisse aller dans la deuxième.
    On chavire vers les 50 minutes où on passe de la plus sublime (selon moi) histoire d'amour de l'histoire du cinéma, à un film policier porté par un décor judiciaire.
    Dans la première partie, on comprend tout, c'est simple à comprendre, mais dans la deuxième ça se complique, je ne suis même pas sûr d’avoir compris, mais quoi qu’il en soit on part dans un délire judiciaire.
    Au début on assiste à un film lent et calme, mais ça avance. À la fin c'est toujours lent mais on avance plus.
    Jeremy Irons est énorme, comme d'habitude. L’actrice principale est inconnue, mais joue bien. Un Cronenberg assez réussi, mais à part dans sa filmographie.
    Malheureusement ça a mal vieilli, les images ont perdu en intensité. Cette fois ci l’œuvre n’est pas adaptée d’un roman, ou non adapté, (inventé par Cronenberg). Mais il est tiré d’une terrible histoire vraie. Bref film des années 90 à voir.
    Je le déconseille aux moins de 10 ans. 3/5
    Alfredibut
    Alfredibut

    21 abonnés 69 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 20 janvier 2017
    Cronenberg (il parait que c'est un réalisateur connu) réussit à faire d'un fait divers passionnant (presque plus qu'un fait divers même, une affaire passionnante d'espionnage, celle du diplomate français Bernard Boursicot par le Chinois Shi Pei Pu) un film plat, ennuyeux et mal tourné.
    Je l'ai vu en VOST, c'est étrange de voir tous ces diplomates français parler Anglais ? Quelle est la logique ? Et pourquoi avoir modifié l'époque, les lieux, les noms des gens...
    Si je ne connaissais pas déjà l'histoire à l'avance, peut être que ma vision du film aurait été différente, mais là, je ne pouvais pas m'empêcher de m'interroger sans cesse sur les choix du réalisateur. On dirait qu'il cherche à brouiller les cartes et à rendre l'histoire inutilement compliquée. Ce n'est pas assez réaliste, c'est surjoué, il y a une absence totale d'humour...

    C'est vraiment très ennuyeux. Il n'y a aucune tension, même pendant la scène qui est censée être l'apogée du film, le procès final, où le héro se rend compte que sa "Butterfly" est en fait un homme. Tout le monde a l'air de rester de marbre, y compris le héros. Quelle choc ça a pourtant dû être pour Boursicot à l'époque ! Mais là ça ne se voit pas du tout. A croire que tout le monde était déjà au courant à ce moment là. Effet raté, si il y avait une volonté de mettre de la tension.

    Il y a plusieurs scènes qui frisent parfois le ridicule : la manifestation à Paris en Mai 68, et le parallèle maladroit avec la révolution Chinoise. On s'en serait bien passé. Une autre qui me vient à l'esprit, la scène où le vieux chinois lui donne une libellule, et où notre héros retrouve son âme d'enfant, avec son sourire émerveillé. Ça fait très téléfilm de Noël! Les scènes de dialogue entre le héros et Butterfly sont également très souvent surjouées, avec une volonté d'intensité, de théâtralité parfaitement ratée, tout sonne faux. Il est vrai que c'est inspiré d'une pièce de théâtre, elle même inspirée d'un fait réel, peut être qu'il aurait fallu zapper la pièce de théâtre et repartir de l'histoire originale!
    Et il y a un côté factice, tout à l'air tourné en studio ou presque, tout à l'air faux, à l'américaine, on ne se croit pas une seconde en Chine ni en France, ça fait très cheap.

    Il y aurait tellement eu moyen de faire quelque chose de génial, en faisant quelque chose de plus réaliste, qui colle plus à l'histoire, plus cynique pourquoi pas, et même une touche d'humour grinçant ? Mais non apparemment Cronenberg ne connait pas l'humour, sa vie doit probablement être faite de douleur et de souffrance.

    Je constate que les autres critiques sont toutes très positives et ont l'air d'avoir été écrites par des inconditionnelles de ce fameux Cronenberg, des cinéphiles avertis en quelque sorte, qui se font un marathon Cronenberg en allant chercher les fonds de tiroirs que tout le monde a oublié. Ce n'est pas très objectif, et j'aurais bien aimé avoir des critiques de personnes ayant vu ce film par hasard, par exemple à sa sortie au ciné, ou bien un dimanche soir à la télé devant un plateau repas. Ou bien des gens comme moi qui l'ont regardé par intérêt pour l'histoire dont le film s'inspire.

    En bref, un beau gâchis pour cette histoire incroyable. Il faudrait que quelqu'un le refasse proprement.
    Yannickcinéphile
    Yannickcinéphile

    2 397 abonnés 4 438 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 28 septembre 2016
    David Cronenberg s’éloigne pour le coup franchement de son registre habituel pour nous sortir une adaptation d’un étrange fait divers, dans ce film perdu au milieu de ses exubérances des années 90.
    Franchement le film présente forcément un certain intérêt de par son sujet franchement bizarre, mais de là à dire que Cronenberg réussit un métrage qui vaut vraiment le détour j’ai quelques réticences ! L’interprétation est très bonne, c’est sûr, avec un Jeremy Irons encore pris dans un piège amoureux (entre Lolita et ça Irons est une victime continuelle en la matière !), et John Lone est assez énorme, et cela tout en restant d’une grande sobriété. On soulignera aussi la présence de quelques prestigieux seconds rôles, comme Ian Richardson, Vernon Dobtcheff… Mais enfin tout repose sur les épaules de ce duo formé par Irons et Lone.
    Belle interprétation, et histoire donc intrigante et improbable. Le film distille des moments plaisants, et dans l’ensemble M. Butterfly se laisse suivre sans déplaisir particulier, mais ça reste tout de même assez convenu finalement. Il y a beaucoup d’ellipses, ce qui ne rend pas l’évolution de la relation amoureuse entre les protagonistes d’une grande clarté. De même les relations de Lone aux autorités restent juste esquissées, et il y a aussi des moments de grandiloquence qui frôlent le ridicule (notamment vers la fin). Le film reste donc plus une curiosité, pas mauvaise cependant, mais jamais on ne s’élève vraiment vers un moment marquant du genre, d’autant qu’on ressent assez mal l’ambiance chinoise.
    Autant dans Red Corner, sortit à la même époque on sentait l’exotisme du pays, l’ambiance si particulière, autant ici il y a parfois une vraie impression studio plutôt désagréable. Malgré une belle bande son avec quelques connotations asiatiques pour nous mettre dans le bain, M. Butterfly bénéficie surtout d’un joli travail de mise en scène, mais pas de décors exceptionnels. Quelques scènes surnagent, mais même sur la muraille de Chine il y a quelques choses d’un peu faux, d’un peu toc, peut-être car c’est justement trop cliché.
    Franchement M. Butterfly n’est pas un Cronenberg très connu, et cela peut se comprendre. Le film reste mineur, mais, comme je l’ai déjà dit, on est loin d’un ratage. Il y a de bonnes choses, et, outre l’intérêt évident du fait divers dont il s’inspire, M. Butterfly montre un Cronenberg plutôt talentueux pour filmer l’amour, malheureusement pas trop aidé par une ambiance faible et par un scénario trop fainéant qui survole son sujet. 2.5
    Kloden
    Kloden

    125 abonnés 997 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 28 avril 2016
    L'académisme de ce M. Butterfly détonne dans une carrière jalonnée de films radicaux et ultra personnels. Pourtant, David Cronenberg n'abandonnait pas ses vieux fantômes avec la mise en images de cette histoire partiellement réelle, troublante au possible quant à la nature de nos désirs et par prolongement de l'être dont ils sont la projection vers le Monde. Le classicisme de la mise en scène, quant à lui, cherche à retrouver la douceur superficielle de cette supposée cantatrice et de l'histoire mensongère qu'elle vivra avec un diplomate français (Lone et Irons sont des acteurs exceptionnels), pour mieux laisser s'infiltrer par-dessous le poison insidieux et cruellement froid du mensonge et de la fausseté. De plus, ce traitement feutré sert magnifiquement la première partie, où Irons, perdu dans ses fantasmes, rêve l'Orient comme une terre pudique qu'il feint de ne pas pouvoir comprendre (alors qu'il se l'invente lui-même). Si par la suite, lorsque la supercherie se dévoile et que la violence intrinsèque de l'histoire est mise à jour, la mise en scène ne retourne pas à la violence turgescente et agressive dont est coutumier Cronenberg, c'est pour garder une continuité qui permet à l'horreur du final de remonter tranquillement vers le rêve qui l'avait provoqué, et le mettre en pièces sans forcer, comme on brise de la porcelaine. Maintenant, cette placidité globale rend l'ensemble plutôt attendu, et il faut savoir saisir de soi-même la profondeur des enjeux sous peine de sortir du film. Ce n'est pas forcément évident, certains passages s'avérant plus pauvres et cassant légèrement le rythme d'un métrage qui manque peut-être au final d'un peu d'énergie pour traiter de thèmes si vitaux. Beau et subtil, mais peut-être pas si marquant que cela.
    Louis G.
    Louis G.

    1 abonné 108 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 21 mars 2016
    Entre moments de grâce/force et ventres mous, le film reste suffisemment puissant pour valoir le détour.
    cocolapinfr
    cocolapinfr

    66 abonnés 634 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 18 septembre 2015
    Très bon film, histoire intéressante, reconstitution impeccable sur fond de révolution culturelle, des acteurs remarquables. Si vous aimez Jeremy Irons et Cronenberg, foncez !
    Scorcm83
    Scorcm83

    102 abonnés 508 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 13 février 2015
    Encore une belle oeuvre à ajouter à la filmo de Cronenberg. Elle peut paraître de prime abord très différente du reste de ses films, mais la thématique est toujours la même, seulement elle est ici traitée de manière différente. La première partie du film m'a plu sans toute fois être exceptionnelle, il s'agissait d"une histoire d'amour relativement classique mais extrêmement bien interprétée, ajouté à la musique de Howard Shore, comme toujours exceptionnelle. C'est la seconde partie qui m'a plus intriguée, jusqu'à la révélation finale dont je me doutais mais qui fonctionne tout de même très bien. Au final, je dois avouer que j'ai du mal à parler de ce film, c'est presque impossible d'épiloguer là dessus tant il se juge par les émotions et non les mots. En tout cas, c'est une ouvre que je recommande car très originale, belle et maîtrisée. Du bon Cronenberg !
    JimBo Lebowski
    JimBo Lebowski

    396 abonnés 1 080 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 20 janvier 2015
    Un des rares Cronenberg qu'il me restait à voir, mineur me diriez vous ? Et bien pas tant que cela, disons qu'il se place dans une bonne moyenne au cœur d'une filmographie ne manquant pas d'œuvres de grande qualité, et je ne cache pas que c'est un de mes réalisateurs favoris. Ce "M. Butterfly" est adapté d'une pièce de théâtre tirée elle même d'un fait réel, l'histoire d'un comptable à l'ambassade de France en Chine tombant éperdument sous le charme d'une diva qui se révélera être bien des années plus tard un homme.

    Cronenberg place son récit dans la Chine passionnelle et idéalisée, René Gallimard découvre avec émois dans ce petit théâtre traditionnel cette femme qui va le faire sortir de sa petite condition d'homme soumis par la bureaucratie, il va inverser les rôles et jouer à conquérir sa promise avec tendresse et subtilité pour assoir sa domination de mâle occidental face à la fragilité asiatique dépeinte par cette enveloppe pure et pudique. La question fondamentale que je me suis posé pendant un moment c'est est ce que Cronenberg voulait que l'on sache que Butterfly est en fait un homme, qu'on nous le suggère ou qu'on nous le cache plus ou moins habilement pour créer une révélation tout à fait étonnante, le public était il au courant de cette histoire à l'époque de sa sortie ? Et puis c'est aussi dit dans le pitch donc je me suis interrogé, mais je pense finalement qu'il laisse plusieurs choix au spectateur, car même très bien maquillé les traits masculins du visage trahissent le secret (ou pas), ce qui rend l'ambiguïté de certaines scènes intéressante.

    Jeremy Irons interprète brillamment cet homme ensorcelé, ses regards hors champ sont des plus saisissants, John Lone lui est bluffant de par sa présence et son sens de l'androgynie, le duo nous donne de jolis moments de grâce figés à la lueur des lanternes bleutées et ocres. Cronenberg joue des ambivalences sentimentales, sociales et anatomiques, le point de rupture étant le début de la révolution culturelle maoïste qui prive les artistes et les intellectuels de leur statut pour se voir déportés dans des camps de travail, l'image de Butterfly disparaît aux yeux de Gallimard, l'amour tente de perdurer, les années passent, l'environnement évolue, les mœurs elles restent. Une fois la révélation de Butterfly exposée aux yeux d'un tribunal juridique, le poids de l'humiliation retombe d'un coup sur le dominant, les deux êtres ne se voient plus, ne se comprennent plus, la séquence du fourgon de police est d'ailleurs très parlante et d'une sensibilité à fleur de peau. Gallimard ne recherche que l'image de son souvenir, il abandonne la loi de la chair pour celle de l'esprit et de la mémoire, il ne trouvera que l'introspection dans le travestissement pour répondre à ses désirs enfouis, jusqu'à sa fin tragique.

    "M. Butterfly" est donc un bon Cronenberg, il nous offre un film authentique et beau tout en gardant plus ou moins implicitement les thématiques qui lui sont chères, un bon moment de cinéma alliant romance, délicatesse et une profonde réflexion sur la raison de notre statut ambigüe d'entité sexuée face à nos propres sentiments. La seule semi-déception étant que tout est un peu trop attendu, mais ça ne gâche pas foncièrement le plaisir.

    P.S. : Le générique d'intro est excellent.
    Santu2b
    Santu2b

    249 abonnés 1 785 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 19 septembre 2018
    Réalisé entre "Le festin nu" et "Crash", "M. Butterfly" n'est pas le plus connu des films de David Cronenberg. Après "Faux-semblants", Jeremy Irons retrouve le cinéaste canadien pour un tout autre sujet, inspiré de l'histoire assez incroyable de Shi Pei Pu. S'il ne figure peut-être pas parmi les Cronenberg majeurs, "M. Butterfly" n'en est pas moins une curiosité à découvrir. Déjà pour le tout autre visage dévoilé par le cinéaste : celui-ci effectue une reconstitution tout en douceur de la Chine des années 1960, faisant preuve d'une extrême retenue. Pas de sang, pas de chair, mais un propos qui se veut poli et raffiné. Malgré cette absence de sensationnalisme visuel, on retrouve néanmoins toutes les thématiques chères au cinéaste, notamment le rapport au corps et la transformation physique humaine. Des longueurs plus présentes certes, mais un joli condensé pour une vibrante histoire d'amour.
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 3 décembre 2013
    Un best of. Avec un Jeremy Irons surprenant comme on l'aime. Juste un bémol sur le choix de John Lone beaucoup trop "Dernier empereur". Voilà pourquoi "The crying game" de Neil Jordan (presque même période) a plus surpris. Ici on reste un peu dubitatif mais c'est l'esprit de Puccini qui doit prévaloir. Alors on y croit. Fragilité, passion, délicatesse, ambiguité, raffinement... on a de quoi nous faire comprendre cette histoire et accepter ses zones d'ombre.
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 25 août 2013
    Magnifique, époustouflant et surtout, très émouvant. "M. Butterfly" est une pure merveille présentée par un casting très talentueux. On voit la fin arriver sans pouvoir l'empêcher, on sait ce qui va se produire et on ne peut que regarder. En spectactrice très émotive, je n'ai pas pu m'empêcher de verser quelques larmes une fois le film terminé ... Un réalisateur formidable pour un film fantastique.
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