Un film très fort qui inverse un peu le schéma habituel cher à Ozu, cette fois c’est une belle veuve qui vit seule avec sa fille. Mais son mari défunt faisait partie d’un groupe d’amis, et ceux-ci étaient tous amoureux de la veuve dans leur jeunesse. La jeune fille qui ne se songeait pas à quitter sa mère, si vite, est poussé par le groupe d’amis à se trouver un mari pour permettre à l’un d’entre eux d’épouser la veuve. Mais sa fille le prend très mal. Elle a pourtant un amoureux potentiel. Le rapport entre la mère et la fille se détériore, il est très intéressant, on bascule dans un domaine plus freudien que d’habitude, de rivalité , de manque de confiance, de rejet et de jalousie. La très belle Setsuko Hara est une mère exceptionnelle dévouée à sa fille, et qui vit avec le souvenir de son mari, le « piège » tendu par les amis , à la fois bienveillants mais très intéressés, est cruel , voir violent, une certaine domination machiste émerge, dans une vieille tradition japonaise . Elle se défend, comme elle peut. La meilleure amie de sa fille, elle-même indépendante, représentant le Japon moderne l’aidera à déjouer le complot. Les deux femmes partiront ensemble en weekend à la campagne, pour sceller leur entente, leur retrouvaille et leur destin, : sublime scène d’émotion et d’amour maternel. Un drame puissant, très original, mais tellement intemporel, il y a une vraie modernité dans le désir de libération de ces deux femmes, d’accès à leur autonomie , mais aussi un mouvement contradictoire qui les pousse inéluctablement dans des directions opposées.