Avis sur Ernesto Che Guevera, journal de Bolivie

"Journal de Bolivie" est un documentaire sur les derniers mois de l'icône révolutionnaire Ernesto Guevara dit le "Che", retraçant son parcours Bolivien (d'où le titre) qui mènera à son assassinat en entremêlant images d'archives, commentaires historiques, interviews de certains concernés trente ans plus tard, rushes d'un cinéaste qui a reparcouru le fameux chemin et bien sûr lecture en voix-off du journal en question. Intéressant donc à première vue, d'autant plus que le film remplit essentiellement un devoir de mémoire, c'est-à-dire totalement neutre, ne retraçant que des faits sans jamais en formuler une quelconque interprétation. Froid mais juste, bien replacé dans son contexte, il s'agit d'une expérience atypique à voir pour ceux qui ne connaîtraient pas encore bien la vie du Che. Cependant, et c'est là que le bas blesse, ce documentaire s'avère terriblement ennuyeux dans sa forme. Triste, monotone, sans rythme, dénuné de toute humanité et au contraire empli d'anecdotes dérisoires (personnellement, je me fiche complètement de savoir ce qu'a mangé une institutrice anonyme le jour où elle a rencontré Guevara), "Journal de Bolivie" est résolument terne, pompant et peine même à retranscrire réellement les sentiments contenus dans les écrits, énoncés sans conviction (je veux dire de la même façon que si c'était une liste de courses à aller acheter au marché). Le carnet de bord du Che aurait pu engendrer une oeuvre passionnante et passionnée mais se retrouve ici piégée dans un documentaire pénible, qui à force de vouloir garder à tout prix un regard reculé finit par ne plus savoir où aller et empiler, une à une, les petites histoires anodines et communes qui ont peuplé la fin de l'existence d'un célèbre guérillero, suscitant aujourd'hui soit l'adhésion, soit le rejet mais pour lequel ce film n'aura pas apporté grand-chose d'autre qu'un hommage triste et ennuyeux. A la limite si vous êtes curieux et inculte sur le sujet... et encore !

Loin de toute commémoration officielle qui en rajouterait dans le mythe du Che, Le journal de Bolivie (1994) est une sorte de décryptage quotidien de la vie et de la pensée du rebelle. Le documentariste et cinéaste belge Richard Dindo s’appuie en grande partie sur les écrits du Che, en l’occurrence sur Le journal de Bolivie qui retrace la dernière ligne droite avant son assassinat par les militaires boliviens. La bonne idée de ce film est de revenir sur les lieux du drame, aujourd’hui d’une insolente quiétude, et d’accompagner ces images de paysage de la lecture quotidienne du Journal, volontairement neutre, par Christine Boisson et J.L. Trintignant. A côté de cette charpente de scénario, qui souligne sensiblement le caractère inéluctable de l’issue de la guérilla, des interviews ciblées de personnes qui ont vécu cette épisode tragique renforcent ce sentiment de fatalité. En fin de compte, le film n’entend pas renforcer un mythe, ni l’égratigner d’ailleurs. Il se contente de se rapprocher le plus possible de la vérité, celle qui fait toute la grandeur d’un âme éperdue de justice au point de s’embarquer dans une aventure suicidaire.