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NeoLain
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5,0
Publiée le 9 octobre 2013
Première fois qu'Ozu s'essayait à la couleur, un peu sur le tard. Thème de société, le mariage arrangé, l'amour vieux jeux d'un père pour sa fille qui s''inquiète et prend mal le fait qu'elle refuse le mari potentiel qu'on lui propose. Superbe réalisation de Ozu, chaque cadre intérieur, objets, postures des protagonistes est en ordre, modéré et mesuré. L'acteur Shin Saburi qui malgré sa réserve fâcheuse envers la décision de sa fille va au final ouvrir les yeux et faire preuve d'une grande humanité. Que dire aussi du voyage tant pour nos oreilles que pour l'esprit de la scène ou un personnage chante une poésie japonaise autour d'une table basse. Ozu nous offre une bien belle fleur.
C’est la révolte de la jeunesse. Les parents voient ça comme une prise de risque Je me rends compte que les gens sont souvent tristes dans les films d’ozu D’ailleurs ne dit elle pas a un moment: « même bonheur est parfois triste » Il y a comme une sorte de fatalisme que les anciennes générations ne peuvent pas combattre. Malgré l’enthousiasme des jeunes, l’homme ne peut pas vraiment accepter ce changement. Témoin cette scène de chanson entre les hommes comme si le passé restait accroché à eux. Et dans le train, il doit accepter d’y aller sans véritable plaisir. Oui décidément le bonheur est parfois triste.
Dans un cadre qui n’appartient qu’à lui Ozu signe son premier film en couleur (1958) et donne au décor encore plus de signification au drame qu’il met en scène de manière toujours aussi intimiste. Le refus d’un père de voir sa fille mariée à l’homme qu’elle a choisi. La mise en scène toujours aussi soignée et minimaliste donne malgré tout assez d’espace aux personnages qui affublés des convenances nippones réussissent à tomber le masque pour entrevoir la société dont ils rêvent. C’est toute la quête d’Ozu, l’affut de ses concitoyens, qu’il chérie bien. Deux heures enchanteresses… Pour en savoir plus
Mon deuxième film d'Ozu après "Fin d'Automne" confirme la beauté du cinéma de ce réalisateur. Un sens du cadre mgnifique, une précision et une beauté des décors ainsi que des acteurs formidables. Je prends le même plaisir qu'en découvrant l'oeuvre de Rohmer, cinéaste majeur pour moi.
Premier film en couleurs d'Ozu et force est d'avouer que la couleur réussie bien au réalisateur nippon. C'est en effet cette magnifique photographie que l'on remarque en premier. L'histoire, elle, tourne autour de la question du mariage (arrangé ou d'amour) et sur les conflits de générations entre enfants et parents. Quelques longueurs ici et là et une intrigue qui tourne en rondes sont rattrapées par le savoir faire du cinéaste. Beau mais pas toujours intéressant.
Oups ! J'ai cru que je revoyais "Fin d'automne" une nouvelle fois. J'aime bien ce film, certes, mais là ça ne m'a pas plu qu'on reprenne les mêmes personnages et, à un chouia près, le même scénario du mariage que les parents veulent arranger sans l'assentiment de leurs enfants. Je n'aime pas le réchauffé c'est pourquoi je n'ai mis que 3 étoiles. Pourtant j'aime Ozu.
Le couple S.Saburi-K.Tanaka s'emploie merveilleusement bien à donner vie à cette chronique si juste, si douce comme à l'accoutumée chez Y.Ozu, mais également violente et brutale. L'alchimie des sentiments est remarquable.
Loin moi l’idée de critiquer Ozu, sans doute un des plus grands cinéastes japonais de tous les temps mais je dois avouer que si j’admire ce qu’il fait, je reste assez insensible du point de vue émotionnel à sa ''mise en scène'' qui pour moi devrait porter un autre nom. Dans ce film il procède systématiquement par plans fixes, en plus presque tous filmés avec un objectif identique tenu à hauteur du bassin et quasiment sans montages. De temps en temps, histoire de respirer et de nous faire réfléchir, il introduit de superbes diapositives sur les extérieurs des alentours. C’est la seule fantaisie visuelle qu’il se permette, tout le reste se veut signifiant. Je ne partage pas non son humour que je assez lourd et insistant, l’épisode de la serveuse stupide m’a dérangé. Il me faudrait sans doute être japonais pour mieux l’aimer. Comme d’habitude son film traite de l’essentiel, les rapports humains, et cela de la façon a plus simple et évidente qui soit grâce à des détails qui accumulés nous rapprochent des gens. Il y ajoute ici la beauté des couleurs qui font ressortir l’élégance et la distinction de tous les personnages, elles sont convaincantes, le rouge y tenant une grande place. Ce que j’ai le moins aimé dans cette comédie de mœurs, c’est la façon dont l’amie de Setsuro à piégé Wataru qui est un brave homme. Avec une telle mère qui n’aurait pas fait la même réponse :’’Ne vous occupez pas d’elle ‘’ ? Bref un pur film japonais dans les manières même si nos cœurs de français sont les mêmes.
Premier titre en couleurs de YO (1958), le scénario est de nouveau une variation sur le mariage d'une jeune femme. Ici elle a trouvé un futur époux en la personne d'un collègue de travail, mais son père s'y oppose ( un meilleur parti etant déjà prévu par lui).
C'est le père, le personnage central de "Fleurs d'équinoxe". Figure autoritaire qui finira par réviser son attitude ( son jugement ?) sous la pression des femmes ? après une réunion avec ses anciens frères d'armes ? ( Les deux ?).
Personnage contradictoire, voire de mauvaise foi ( il affiche une façade aux yeux de tous et il agit à rebours de ce qu'il prétend être là voie à suivre).
Ozu reprend son axe réflexif sur le passage du temps par le prisme du fonctionnement social et des destins individuels ( rapport parents/enfants, rapports humains au sein du travail, enfin au sein de la famille).
On notera que Setsuko Hara ne fait pas partie de la distribution, mais le personnage de la jeune fille porte bien ce prénom ( déjà dans " le goût du riz au thé vert" (1952) le clin d'oeil est à l'oeuvre.
On peut, peut-être y voir une sorte d'hommage à l'actrice, avec laquelle il se dit qu'il avait conjointement une relation sentimentale à la ville.
Certains commentateurs voient bien chez Ozu la dimension ethnographique de son travail, mais relèvent chez lui une absence de perspectives psychologiques ( rien de plus faux selon moi).
Comment ne pas voir l'importance que revêt pour un individu la disparition d'un proche ?, la perspective de la sienne propre ?, les traumatismes liés à la guerre? les questionnements sur la future place de sa descendance dans le monde ? la solitude ?
Certes, Ozu ne répond pas directement aux questions qu'il pose. Il laisse le spectateur à sa réflexion personnelle, domaine de l'intime et à une forme sous jascente de philosophie existentielle.
Yo n'est pas extérieur aux thématiques introspectives ( son tropisme culturel, les règles de politesse, de bienséance le poussent à afficher une distance à leur égard, mais elle n'est que de surface pour celui qui sait lire entre les lignes) .
Ozu propose aussi un certain art de vivre, sorte d'espace positif à la tragédie de l'existence ( retrouvailles entre copains ou l'on trinque, bonheur d'être ensemble en famille, appréciation et valorisation des petites choses du quotidien...).
Son cinéma n'est pas impressionnant, mais Ozu, lui, l'est. De la grosse dizaine de films de lui que j'ai vu, il n'y en a pas un seul que je n'ai pas beaucoup aimé (ce qui est franchement rarissime, je voie juste Kurosawa, Hawks, Chaplin et Mizoguchi dont j'en dirais autant!). La différence avec ces réalisateurs, c'est que les films d'Ozu ne sont jamais très éloignés les uns des autres, même si dans le traitement, dans les détails, ils ont leur richesse propre. Ici, un père souhaite un mariage arrangé alors que la fille envisage un mariage d'amour. Ce n'est pas tant l'origine modeste de l'heureux élu qui le dérange mais le fait qu'elle ait décidé sans lui en parler, le mariage étant une affaire importante qui concerne toute la famille et pas seulement elle (esprit qui temps à disparaître dans la modernité d'après-guerre et l'influence des américains, que cherche à capter Ozu, sans en faire ni l'apologie ni la critique, juste en observant les conséquences). Si le personnage de la fille n'est pas aussi riche que d'habitude (comme dans son plus grand chef d'oeuvre, Eté précoce), le père l'est incontestablement. Il se montre assez compréhensif face à cette évolution, sauf quand il s'agit de sa famille. Il sera mis devant ses contradictions lors d'une scène culte et hilarante (l'humour fin d'Ozu faisant merveille comme d'habitude) et devra abdiquer, assistant même au mariage (l'absence de la bénédiction du père aurait été très dure à vivre pour le couple), et finissant par aller dans le nouveau foyer de sa fille, pour l'encourager et la féliciter sincèrement, après une discussion avec une amie de sa fille avec laquelle il a tissé une forte et curieuse amitié (amenée de façon remarquable par Ozu). Pas un des plus passionnants de l'auteur, mais réjouissant et intéressant tout de même.
Les films d'Ozu ont sur moi le même effet que les romans de Modiano. Ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre, rien ne ressemble plus à un film d'Ozu qu'un autre film d'Ozu. La ressemblance est entretenue par la distribution qui se retrouve d'un film à l'autre toujours quasiment à l'identique : Setsuko Hara, Chyshu Ryu, Shin Saburi ... Si bien qu'après avoir vu une dizaine de films de Ozu, je les confonds tous. Tout comme je confonds les livres de Modiano dont l'empreinte trop fugace ne laisse, séparément, aucune marque précise.
"Printemps tardif" "Eté précoce" (quelle différence ?), "Fin d'automne" et "Début d'hiver" (cherchez l'erreur dans la liste qui précède !) racontent tous quasiment la même histoire : celle de parents aimants confrontés aux choix de vie de leurs enfants. Des parents qui vieillissent, des enfants qui grandissent et quittent le nid familial sans toujours suivre les conseils prodigués par leurs aînés.
Ozu chronique le temps qui passe, les générations qui se succèdent. Il chronique aussi un Japon en pleine mutation, celui des années 50 et 60, encore hanté par la guerre (ces familles comptent souvent un frère aîné mort au combat dont la mémoire reste présente), mais capable de panser ses plaies à une vitesse étonnante.
Le procédé filmique de Ozu est d'une grande austérité. De longs plans fixes filmés au raz du tatami. Une mise en scène quasi théâtrale autour de quelques décors interchangeables : l'intérieur d'une maison bourgeoise, le bureau du directeur de l'usine, le bar-restaurant où les hommes se réunissent autour d'un verre de saké ...
Je ne me rappellerai pas de "Fleurs d'équinoxe" que je confondrai avec "Fin d'automne" - tous les deux ont été adaptés du même romancier. Mais je n'oublierai pas l'atmosphère inimitable des films d'Ozu, baignés dans une acceptation sereine du temps qui passe.
Un Ozu de très grande qualité. Inconstestablement l'un des plus inspirés de son auteur : le génie d'Ozu éclate dans chaque séquence ainsi que ses thèmes favoris qui prennent une ampleur remarquable.
Y'a rien à faire, plus je vois de films japonais, plus je suis raide-dingue de ce cinéma ! Encore une fois, on retrouve cette capacité si particulière de composer des sortes de magnifiques tableaux animés : un véritable régal pour les yeux pendant près de deux heures. En plus, les deux personnages du père et de la mère sont merveilleusement dépeints et formidablement interprêtés (Shin Saburi arrive à insuffler une grande humanité à son personnage pourtant rétrograde et borné). L'histoire est certes simple, mais elle permets au cinéaste, par de petites touches, de brosser un magnifique tableau d'un Japon perdu entre modernité et tradition (on peut difficilement faire phrase plus clichée :-D). Un cinéma à caractère social, donc, et illuminé d'un humour délicat presque "lubitschien". C'était le premier film d'Ozu que je voyais et c'est sans aucun doute le premier d'une longue série. :-)
Une chronique familiale qui aborde avec tendresse et malice mais sur un rythme languissant et sans émotions, les conflits entre générations et la difficile émancipation féminine dans la société japonaise d’après-guerre en pleine mutation.
Encore un film très important du maître, même s’il n’atteint peut -être pas le niveau de ces quelques chefs d’œuvre. Ici le personnage principal est ce père de famille plein d’incohérence et de contradictions, il est vraiment au centre du film. Alternent en lui des sentiments de modernité et de traditionalisme. Quand il regarde le monde extérieur il est plutôt en faveur de ces avancées, principalement la nouvelle place des jeunes filles dans la société et leur « relative » prise d’indépendance : elles travaillent ,ne veulent plus de mariages arrangés, et par contre elle croient en l’amour et une certaine liberté sexuelle. Mais ce même personnage, quand il s’agit de sa propre fille, devient une sorte de petit « tortionnaire », à la tolérance zéro, avec une rigidité dans les attitudes, sans aucune compassion. C’est en fait une allégorie du Japon, qui évolue et copie le modèle de la société occidentale, US style, mais ne le supporte pas vraiment et voudrait rester attaché à la tradition séculaire japonaise. Ce groupe d’amis de longue date ont tous des filles et leur réaction va diverger selon les profils : de la rupture de communication totale entre père et fille pour l’un, à l’acceptation de ces nouveaux modes de vie pour d’autres pères. C’est très finement analysé. Il faut noter que la couleur (le 1er film de Ozu en couleur ) est un atout essentiel et totalement maitrisé. En plus de cadrages au millimètre habituel, et de plans à hauteur de tatami, Ozu joue de la couleur , et insère dans des plans fixes, très dessinés, des « tâches » colorées, contrastées ,des rouges carmins sur fonds de ciel bleu , ou des bords de mer très pictural . Une vraie réussite.