Votre avis sur Voyage à Tokyo ?
5,0
Publiée le 2 novembre 2006
Beaucoup de Japonais considèrent qu’Ozu est le réalisateur qui incarne le mieux l’esprit de leur pays et de ses habitants. Cette façon de dire les choses presque sans avoir l’air de les dire, cette douceur des apparences sous laquelle pointe la cruauté du monde. C’est ce qui est le plus admirable dans ce "Voyage à Tôkyô". La tranquille assurance avec laquelle le cinéaste déroule son propos: l’arrivée de ce couple à la capitale, le décalage entre le Japon traditionnel qu’ils incarnent et la modernité dans laquelle leurs enfants sont immergés, la mesquinerie de ces derniers, l'approche de la mort... La précision, la vigueur et la finesse avec laquelle Ozu dessine chaque personnage est proprement ahurissante. C’est presque une démarche de peintre et de calligraphe... et comme dans toute bonne calligraphie, on sent le souffle de la vie circuler dans ces images. L’émotion est toujours là (le court face à face entre la grand-mère et son petit-fils !!!). La tendresse aussi, même pour les personnages les moins sympathiques. Et puis ces plans sur la ville, sur les trains, sur ce Japon qui se transforme à toute vitesse... Un peu étonnant, dans un tel contexte, que vers la fin apparaisse longuement en bas à droite de l’écran une publicité pour... Bridgestone ! Mais à ce degré de perfection, on est prêt à pardonner beaucoup.
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 29 septembre 2006
Un couple de sexagénaires vivant dans une petite ville de campagne se rend à Tokyo afin de rendre visite à leurs enfants. Seulement une fois sur places les dits enfants trop occupés par leurs propres vies voient l’arrivée de leurs parents comme un embarras… La famille, thème principal et récurent d’Ozu, est ici dépeinte dans toute sa modernité et dans le délabrement qui en résulte. Chacun vit à distance les uns des autres, et les joies des retrouvailles ne durent que le temps d’un souffle nostalgique avant que l’appel des obligations personnelles ne se fasse ressentir. La profonde détresse que ressentent ces personnages vieillissant face à la froideur de leurs propres enfants est poignante, imprégnant chaque instant d’une mélancolie douloureuse. Sans jamais user d’effets grandiloquents, Ozu se contente de les filmer avec de longs plans d’ensemble à hauteur de tatamis entrecoupés de plans rapprochés face caméra, laissant ainsi la place à l’expression du réel. Et cette réalité fait de plus en plus mal à mesure que grandit la solitude dans laquelle se retrouve relégué contre leur gré les deux seniors, finalement forcés de s’en aller chercher chaleur ailleurs avant de s’en retourner vers un chez eux qu’ils ne retrouveront pas. Car la paisible demeure qu’ils avaient quitté s’est transformé en antichambre de la mort, où seul persiste la froide attente qui les sépare du moment fatidique. Ozu montre avec dureté comment les enfants, après avoir drainé et absorbé, puis rejeté, la vie de leurs parents, les poussent eux-mêmes vers la mort, les désincarnant de force d’un monde qui ne veut plus d’eux. Terrible réalité fatalement promise à tout un chacun, où subsiste la rare lumière de quelques êtres moins égoïstes que les autres, mais finalement obligés de s’en aller vers leur vie et de laisser les vieux aller vers leur mort.(+de critiques sur http://www.guillaumetauveron.com/Textes/chroniques_films.htm)
5,0
Publiée le 13 octobre 2013
Il arrive que l'on puisse parler de "chef-d'oeuvre" sans galvauder le terme. C'est le cas avec "Voyage à Tokyo"
5,0
Publiée le 12 décembre 2009
C'est un grand film aux valeurs universelles, cette famille décrite dans ce film est aussi la notre, ce film possède une grande puissance, quelque chose de fort. Quelque chose de magnifique, on ne ressent à aucun moment la longueur du film, les plans fixes sont subtiles et l'absence de musique ne se remarque que lorsqu'Ozu pense à en ajouter.
Vraiment un très beau film.
5,0
Publiée le 29 avril 2010
"Voyage à Tokyo" est mon billet d'entrée dans l'univers de Yasujiro Ozu, et bien évidemment pas mon dernier. Je vais éviter le terme de "mélodrame" puisque le réalisateur n'aimait pas qu'on qualifiait son oeuvre par ce terme, disons que ce drame sans la moindre emphase est d'une sobriété apaisante aussi remarquable que touchante. Sans pratiquement utiliser de mouvements de caméra, Ozu nous immerge dans le quotidien de japonais moyens s'attardant souvent par des plans fixes mais très soignés, donnant une certaine élégance visuelle à l'ensemble, sur des éléments de l'environnement qu'il le compose comme pour mieux nous en imprégner. De plus, le cinéaste ne juge en aucun cas ses personnages laissant cela aux bons soins du spectateur qui a du mal à le faire car il ne sait pas s'ils n'auraient pas le même comportement. L'interprétation du film quand à elle est impeccable, avec une mention spéciale pour Chishū Ryū et la rayonnante Setsuko Hara. Une oeuvre magnifique, un chef d'oeuvre.
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 3 mai 2014
Une autre merveille d'Ozu : précis jusqu'à l'extrême, minutieux jusqu'à l’obsessionnel, simple autant que beau, coulant doucement comme les jours qu'il décrit et décrivant avec tendresse mais néanmoins justesse la société qu'il croque. Le fameux plan au ras du sol est parfaitement maîtrisé par son inventeur et son style statique est au sommet. A recommander avec Ukigusa (la deuxième version) et Le Gout du Saké.
5,0
Publiée le 7 mai 2007
«Tokyo monogatari» (Japon, 1953) de Yasujirô Ozu s’apparente au plus grand drame de l’histoire du cinéma. Cependant le drame est ici couvert par la fierté des comportements japonais, l’humilité des sentiments allégeant l’expressivité des émotions. Mais paradoxalement, la componction latente des scènes, s’accumulant les unes aux autres, permet une conclusion où chaque plan est chargé d’un drame vrai. Mais si «Tokyo monogatari» est aussi un film épatant, c’est grâce à son apparente fluidité. Apparente seulement puisque les plans, pour une grande majorité fixes, possède une composition hors norme, où les cadres illustrent eux-mêmes un cadre, composé parfois d’autres cadres in utero. C’est cette architecture des plans, ponctuée par des champs/contre-champs à 180°, qui fait de ce film d’Ozu une cognition de la famille japonaise et de son évolution suite à son entrée dans la mondialisation. Car c’est de cet héritage des générations que traite «Tokyo monogatari». Un vieux couple rend visite à ses enfants à Tokyo mais ces derniers se voient progressivement ennuyés par leurs parents. «Lorsqu’ils sont dans la tombe tout est inutile» cite Keizô, et cela brosse parfaitement le note du film qui traite, sans jamais juger, du rapport entre les générations. Le drame éclos lorsqu’Ozu décide de faire mourir le personnage de la mère, représentant par ce biais la rupture du lien maternel sentimental, la société se raidissant, brisant les liens familiaux au passage. Drame retenu, message âpre sur un thème de prédilection d’Ozu : la famille, «Tokyo monogatari», par l’accalmie de son ambiance, apaise nos sentiments pour mieux les projeter dans le drame nécessaire de la famille. Chef d’œuvre incontestable du cinéma mondial.
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 16 janvier 2015
un film éblouissant de grâce et de fraîcheur, de sensualité joueuse et d'élégance morale. Ozu nous offre un petit miracle de beauté intemporelle d'une déchirante modestie.
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 1 mai 2011
Sincère et magnifique, un chef d'oeuvre captivant et étonnant.
5,0
Publiée le 15 octobre 2013
Le film le plus célèbre d'Ozu fut son premier à sortir en France. Voyage à Tokyo, retenez bien ce titre. Suivez deux personnages âgées qui rendent visite à leurs enfants vivants dans la capitale du Japon. Ils prendront le train et vous de même, car c'est votre billet de séjour dans le parchemin de l'authenticité d'Ozu et sa délicatesse de raconter une histoire forte. Palpable, réel, un chef-d'oeuvre de plus pour ce réalisateur.
5,0
Publiée le 20 février 2024
Un film magistral, l’on pourrait probablement utiliser le qualificatif de parfait, un peu comme certain chef d’œuvre :« Citizen Kane » ,« 2001 » ou « Le Mépris » . Tout y est ; un sujet intemporel, ou plutôt une foison de sujets, et puis surtout un style unique, envoutant, épuré, mais tellement cinématographique, de la beauté à l’état brut et en même temps sophistiqué, ultra raffiné. Bien sûr nous sommes toujours en plan fixe à ras du tatami, souvent cadré serré sur les visages, des acteurs pleine face caméra , et toute l’émotion transmise directement vers chaque spectateur, individuellement, et puis des interludes de plans fixes de paysages , comme des têtes de chapitre qui annoncent ce qui va suivre , et c’est là où le « Voyage à Tokyo » est un chef d’œuvre c’est que chaque plan transforme un paysage « anodin » et en fait une substance qui annonce la séquence à suivre .On a l’impression d’être dans un tableau de Velázquez, avec cet effet « mise en abime ». Les plans d’usines ou de métro bondé annoncent l’arrivée à Tokyo. Un plan fixe de mer à la station balnéaire, introduit la cure thermale, et les plus beaux plans fixes de Ia ville noire, vidée, désolée, pluvieuse de Onimichi ( petite ville de province éloignée) annoncent le décès de l’héroïne . C’est énorme et diabolique. Il y a un seul travelling dans tout le film, une merveille de sobriété, travelling latéral devant un bâtiment délabré qui découvre soudain les deux grands-parents esseulés, isolés mais solidaires. Sur le fonds le film est d’une grande puissance : ce voyage de la génération sénior vers la mégapole Tokyo, où vivent leurs enfants, adultes, tous très actifs, qui n’ont pas le temps de s’occuper de leurs anciens. La vie moderne, le Japon de la croissance et de l’occidentalisation, qui happe la nouvelle génération. Cette distance, ce manque de temps et de disponibilité est décrit avec rigueur, austérité, mais pas d’aigreur ou de douleur, juste un constat, froid presque clinique ; en douceur , la famille qui se dilue, en finesse : c’est l’évolution du monde du XXe siècle, c’est universel .Très dur, très émouvant , mais qui peut-on ? L’autre sujet est celui de la jeune veuve, jeune femme magnifiquement interprétée par Setsuko Hara , probablement son plus beau rôle dans les films d’ Ozu , elle est illuminée , radieuse, c’est la Greta Garbo ou Marlène Dietrich du cinéma japonais . Elle intériorise sa douleur, son veuvage depuis 7 ans, en compensant par une sorte de bonté naturelle, de grâce. Ses beaux -parents vont tout comprendre, l’écouter, l’aimer et essayé de la motiver à réapprendre à vivre, à profiter de l’instant. Dernières scènes magnifiques où la vieillesse, la mort qui arrive pour certains est échangée contre la vie qui doit revenir , contre le bonheur assouvi. Sublime.
5,0
Publiée le 6 octobre 2019
"Voyage à Tokyo" est le film qui a fait connaitre tardivement Yasujiro Ozu en France où il sortit en 1978 alors que le film datait de 1953. Aujourd'hui Ozu est solidement installé dans le trio de tête des réalisateurs japonais reconnus dans le monde entier en compagnie d'Akira Kurosawa et de Kenji Mizoguchi. Moins épique que Kurosawa et moins mystique que Mizoguchi, Ozu est par essence un cinéaste de l'intime qui dans la deuxième partie de sa carrière observe les mutations sociologiques du Japon de l'Après-guerre à travers les rapports au sein de la cellule familiale, axe central de l'organisation sociale du pays. Pas d'action et encore moins de rebondissements à attendre à la vision d'un film de Yasujiro Ozu. "Voyage à Tokyo" considéré par beaucoup comme son chef d'œuvre, illustre parfaitement ce tropisme. Un couple de retraités habitant la petite ville côtière d'Onomichi décide de rendre visite à ses enfants habitant Tokyo et Osaka. Ozu reprend ici avec quelques variantes la même trame de départ que celle du "Fils unique". Mais il entend cette fois élargir son propos par-delà la simple relation entre une mère et son fils. Dans la grande ville demeurent leur fils aîné pédiatre (So Yamamura), leur fille (Haruko Sugimura) qui tient un salon de coiffure ainsi que leur belle-fille (Setsuko Hara), veuve du fils cadet mort à la guerre. Encore une fois Ozu constate avec un certain désenchantement la distension des rapports entre parents et enfants qui semble irrémédiablement s'opérer une fois que "les oisillons se sont envolés du nid". Reste bien sûr l'éternelle déférence qui colore les rapports sociaux au Japon. Cette attitude propre aux civilisations orientales ne laisse donc rien paraitre en surface mais après une si longue absence, les parents sentent très vite que leur visite loin d'être préparée dans la bonne humeur et la félicité semble plutôt incommoder Koichi (le fils) et Shige (la fille). La proposition d'un court séjour récréatif dans une station balnéaire à la mode dans les environs de Tokyo, ressemble fort à une éviction qui ne veut pas dire son nom. Seule Noriko (la belle-fille) restée célibataire depuis son veuvage, prodigue au couple de retraités un peu désorientés la chaleur qu'ils ne trouvent pas chez leurs propres enfants. Un vide affectif profond chez Noriko peut sans doute expliquer ce décalage durement ressenti par Tomi la mère dont l'attitude laisse à penser qu'elle vit ce voyage comme son dernier. Il ne faut pas attendre d'Ozu qu'il livre des clefs mélodramatiques toutes faites comme le ferait un Douglas Sirk. Choisissant une voie narrative sans aspérités auxquelles se raccrocher, Ozu laisse la possibilité à chacun de ressentir selon son expérience personnelle la chronique familiale qu'il nous livre avec une infinie délicatesse et souvent une poésie émouvante. Ozu introduit en fin de métrage un évènement dramatique dont il avait laissé deviner la survenue par quelques indices mais rien ne viendra bouleverser l'ordre des choses. Toujours entouré de la même troupe d'acteurs, Ozu développe un cinéma qui « réussit à rendre visibles et sonores le temps et la pensée ». "Voyage à Tokyo" illustre à merveille cette réflexion formulée par le philosophe Gilles Deleuze (Cinéma 2: L'image-temps). On remarquera la figure virginale de Setsuko Hara qui occupe chez Ozu la même place qu'Hideko Takamine chez Mikio Naruse.
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 5 février 2014
Voyage à Tokyo est un film qui sait prendre le temps, sans se faire ennuyeux et qui nous propose des plans particulièrement bien construit. Les personnages parviennent à se faire attachant, à tour de rôle, ce qui ajoute une grande part de complexité à ce film qui démontre brillamment qu'être une famille n'est pas une chose aisée. La culture japonaise est joliment mise en avant. Parfois, on s'interroge sur les actions des uns et des autres, le choc est-il culturel ? Ou peut-être qu'en connaissant parfaitement cette culture les actions nous choqueraient tout autant ? Il est parfois difficile de faire la part des choses.

Un vrai moment de cinéma, de réflexion et de poésie.
Un film a voir.
5,0
Publiée le 31 mars 2021
Un chef-d'œuvre du cinéma japonais, datant de 1953, qui aurait été fortuitement découvert qu’en 1978 en France ! Le rater aurait été bien dommage. Ozu est moins connu que Kurosawa mais tout aussi immense, avec un talent démesuré pour filmer l’intime de l’être humain et tout particulièrement du natif nippon – c’est les Japonais qui le disent. En effet on est touché, sans aucun effet mélo, par la justesse du sujet, les rapports de génération, les dégâts du matérialisme, mais il est certain que certains aspects psychologiques nous échappent, nous Occidentaux déjà bien formatés par la vie moderne et la vie citadine.
Et cette magnifique histoire qui n’en est pas une puisqu’en fait elle est la vie, celle ce chacun d’entre nous, cette émouvante histoire donc nous captive alors qu’il ne se passe rien ! Sinon une interprétation sans défaut épaulée par une science unique des cadrages et un art consommé du noir et blanc et des ombres.
Un film dans lequel il faut se laisser dériver sans impatience et retenir toute la matière sur laquelle réfléchir pour soi-même et sa propre famille.
5,0
Publiée le 14 octobre 2008
Le dernier opus de la trilogie de Noriko, après Banshun et Bakushu (le meilleur Ozu), s'apparente à une relecture du Make way for tomorrow de McCarey. Les vieux parents vont à la ville pour renouer avec leurs enfants. Ceux-ci, accueillants et chaleureux dans un premier temps, vont vite ressentir la gène que leur occasionnent leurs parents, qui dérèglent leur train de vie déjà pas commode. Culpabilité de cette ingratitude pour les enfants, refus des parents de juger négativement leurs enfants bien que ceux-ci aient moins réussi qu'ils le pensaient et qu'ils soient plus "durs"... Personne n'est innocent, mais comme chez Renoir Ozu accorde une émouvante humanité à chacun de ses personnages, qui souffrent d'être conscients de la laideur de leurs pensées, paroles et actes, mais qui ont leurs raisons... ils sont avant tout victimes d'une société qui se soucie peu de l'Humain. La mort de la mère affecte sincèrement tout le monde, mais très vite il faut replonger dans cette société sous peine d'en être écarté. Le personnage de Noriko (légendaire Setsuko Hara) est dans une situation différente, qui permet de donner une dimension supplémentaire au film. Son profil pourrait la faire passer pour une sainte, surtout en comparaison de ses beaux frère et soeur que les évènements n'ont pas exactement flattés. Mais Noriko sait qu'il n'en est rien. Elle aussi a ses raisons, tout simplement. Le film est un pur drame familial, là où la plupart des films d'Ozu post 1949 ne collaient à aucun genre. C'est ceci, en plus d'une immense qualité et du hasard historique qui font que ce film est dorénavant l'étendard du cinéma d'Ozu en occident, systématiquement cité. La vérité c'est que sa filmo est extrêmement homogène mais que l'occident l'a découvert avec ce film, qui en plus était moins typiquement nippon dans ses thèmes que d'autres. Ici, Ozu est moins tendre et drôle qu'il ne sait l'être, insistant ainsi sur l'âpreté de la vie tokyoïte, ce qui le différencie aussi du film de McCarey.
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