"quand on perd un enfant, on est malheureux. Mais quand ils vivent, ils deviennent lointains. Il n'y a pas de solution au problème." dit un vieil ami au grand père. Cette phrase résume "Voyage à Tokyo".
Ozu traite ici le fossé qui se creuse entre les générations (grands parents, parents, enfants), de la culpabilité des premiers d'avoir failli dans l'éducation des seconds. De l'ingratitude des seconds envers leurs aïeux, trop occupés par leur travail, et répétant les mêmes erreurs envers leurs enfants. Enfants, à leur tour, gâtés, désobéissants, souvent insupportables.
Aucun personnage n'est épargné dans ce drame, sauf Noriko, la jeune belle-fille déjà veuve, qui éblouit par sa gentillesse.
Dans cet Ozu, il y a toujours des plans fixes, des figures géométriques, du bon dialogue, des trains, et du saké, beaucoup de saké.
Encore une fois, on trouve les acteurs habituels des films d'Ozu, tous excellents.
Chishû Ryû, en grand père tranquille, philosophe et nostalgique, est à nouveau épatant. Il se surpasse dans la scène très drôle de la soirée "légèrement arrosée" avec ses vieux amis.
Et que dire de Setsuko Hara, cachant sa mélancolie sous un flot de sourires et d'altruisme. Etincelante!
Du très, très grand Ozu.