Votre avis sur Voyage à Tokyo ?
5,0
Publiée le 19 avril 2024
"quand on perd un enfant, on est malheureux. Mais quand ils vivent, ils deviennent lointains. Il n'y a pas de solution au problème." dit un vieil ami au grand père. Cette phrase résume "Voyage à Tokyo".
Ozu traite ici le fossé qui se creuse entre les générations (grands parents, parents, enfants), de la culpabilité des premiers d'avoir failli dans l'éducation des seconds. De l'ingratitude des seconds envers leurs aïeux, trop occupés par leur travail, et répétant les mêmes erreurs envers leurs enfants. Enfants, à leur tour, gâtés, désobéissants, souvent insupportables.
Aucun personnage n'est épargné dans ce drame, sauf Noriko, la jeune belle-fille déjà veuve, qui éblouit par sa gentillesse.
Dans cet Ozu, il y a toujours des plans fixes, des figures géométriques, du bon dialogue, des trains, et du saké, beaucoup de saké.
Encore une fois, on trouve les acteurs habituels des films d'Ozu, tous excellents.
Chishû Ryû, en grand père tranquille, philosophe et nostalgique, est à nouveau épatant. Il se surpasse dans la scène très drôle de la soirée "légèrement arrosée" avec ses vieux amis.
Et que dire de Setsuko Hara, cachant sa mélancolie sous un flot de sourires et d'altruisme. Etincelante!
Du très, très grand Ozu.
5,0
Publiée le 4 avril 2024
Dernier volet de la trilogie de Noriko ( nom du personnage incarné par Setsuko Hara, égérie de Ozu), c'est aussi le plus bouleversant.

On retrouve la plupart des personnages qui figurent dans le deuxième volet de la trilogie "Été précoce" (1951), même si les acteurs n'ont pas les mêmes rôles dans les deux opus.

Généralement considéré comme le chef d'œuvre du cinéaste décédé en 1960, soit sept ans après " Voyage à Tokyo" ( "conte de Tokyo", si on se réfère à la traduction littérale du titre original), c'est en tout cas mon préféré dans une filmographie qui atteint à partir de 1949 ( "printemps tardif") les sommets du septième art.

Un vieux couple qui vit dans le sud de l'île de Honshu, décide de rendre visite à leurs enfants à Tokyo. L'accueil qu'ils reçoivent n'est pas à la hauteur de leur espérance.

Réflexion sur le temps qui passe, la vie, la vieillesse et la mort, le scénario traite avec délicatesse et émotions de sujets existentiels essentiels à méditer.

On retrouve dans le scénario le thème de la jeune fille qui vit seul avec son père qui sera traité largement par le cinéaste ("printemps tardif" notamment), celui du mariage ( ici avec la veuve incarnée par Setsuko Hara et belle fille du couple âgé).

On notera la prestation formidable de l'actrice Haruko Sugimura ( figure majeure du cinéma japonais) qui incarne la fille la plus âgée du couple, dans un personnage subtil d'égoïsme, de méchanceté, de toxicité et de laideur intérieure.
5,0
Publiée le 22 février 2024
Dans « Voyage à Tokyo », j'ai été profondément touché par la manière dont Ozu explore le passage du temps et la dynamique des relations familiales. La délicatesse et la précision de sa mise en scène, combinées à une narration descriptive rigoureuse, mettent en lumière l'universalité des thèmes abordés. Ce film illustre parfaitement la capacité d'Ozu à capturer l'essence de l'esprit japonais à travers des histoires qui semblent presque ne pas en être, tout en laissant transparaître une cruauté sous-jacente dans le monde qu'il dépeint. La finesse avec laquelle chaque personnage est dessiné est remarquable, presque comme une œuvre d'art. Le film déroule son récit avec une tranquille assurance, capturant l'écart entre le Japon traditionnel et la modernité. C'est une œuvre où la solitude des personnages âgés face à la froideur de leurs enfants est poignante, empreinte d'une mélancolie douloureuse. Un véritable chef-d'œuvre du cinéma, à la fois simple et incroyablement riche, qui capte avec brio les nuances des émotions humaines et les complexités de la vie familiale. WHITE FINGERS : LA PISTE SYSKIYOU (TOME 1) et LE CIMETIERE DES SQUAWS (TOME 2) (Amazon Kindle).
5,0
Publiée le 20 février 2024
Un film magistral, l’on pourrait probablement utiliser le qualificatif de parfait, un peu comme certain chef d’œuvre :« Citizen Kane » ,« 2001 » ou « Le Mépris » . Tout y est ; un sujet intemporel, ou plutôt une foison de sujets, et puis surtout un style unique, envoutant, épuré, mais tellement cinématographique, de la beauté à l’état brut et en même temps sophistiqué, ultra raffiné. Bien sûr nous sommes toujours en plan fixe à ras du tatami, souvent cadré serré sur les visages, des acteurs pleine face caméra , et toute l’émotion transmise directement vers chaque spectateur, individuellement, et puis des interludes de plans fixes de paysages , comme des têtes de chapitre qui annoncent ce qui va suivre , et c’est là où le « Voyage à Tokyo » est un chef d’œuvre c’est que chaque plan transforme un paysage « anodin » et en fait une substance qui annonce la séquence à suivre .On a l’impression d’être dans un tableau de Velázquez, avec cet effet « mise en abime ». Les plans d’usines ou de métro bondé annoncent l’arrivée à Tokyo. Un plan fixe de mer à la station balnéaire, introduit la cure thermale, et les plus beaux plans fixes de Ia ville noire, vidée, désolée, pluvieuse de Onimichi ( petite ville de province éloignée) annoncent le décès de l’héroïne . C’est énorme et diabolique. Il y a un seul travelling dans tout le film, une merveille de sobriété, travelling latéral devant un bâtiment délabré qui découvre soudain les deux grands-parents esseulés, isolés mais solidaires. Sur le fonds le film est d’une grande puissance : ce voyage de la génération sénior vers la mégapole Tokyo, où vivent leurs enfants, adultes, tous très actifs, qui n’ont pas le temps de s’occuper de leurs anciens. La vie moderne, le Japon de la croissance et de l’occidentalisation, qui happe la nouvelle génération. Cette distance, ce manque de temps et de disponibilité est décrit avec rigueur, austérité, mais pas d’aigreur ou de douleur, juste un constat, froid presque clinique ; en douceur , la famille qui se dilue, en finesse : c’est l’évolution du monde du XXe siècle, c’est universel .Très dur, très émouvant , mais qui peut-on ? L’autre sujet est celui de la jeune veuve, jeune femme magnifiquement interprétée par Setsuko Hara , probablement son plus beau rôle dans les films d’ Ozu , elle est illuminée , radieuse, c’est la Greta Garbo ou Marlène Dietrich du cinéma japonais . Elle intériorise sa douleur, son veuvage depuis 7 ans, en compensant par une sorte de bonté naturelle, de grâce. Ses beaux -parents vont tout comprendre, l’écouter, l’aimer et essayé de la motiver à réapprendre à vivre, à profiter de l’instant. Dernières scènes magnifiques où la vieillesse, la mort qui arrive pour certains est échangée contre la vie qui doit revenir , contre le bonheur assouvi. Sublime.
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 6 décembre 2023
Qu'est-ce qui se passe dans ce film, cette histoire de la famille japonaise au début des années 60. Souvent Ozu traite de l'affrontement entre la tradition et l'occidentalisation. L'acculturation occidentale comme effacement d'une vie traditionnelle, avec ses traditions, ses étiquettes, ces codes. La famille qui est le pilier de la société n'est ici plus un piler. C'est ce que Ozu dénonce avec une simplicité déconcertante.
5,0
Publiée le 3 décembre 2023
Passer quelques jours chez leurs enfants qui habitent la capitale, voilà le vœu de ce grand père japonais et de son épouse. Au début, tout semble parfait mais la suite devient un peu déprimante. Seulement la grande politesse et l'extrême pudeur japonaise masquent les sentiments réels. Le réalisateur Ozu filme en plans fixes, une famille de trois générations dans un monde où le temps libre est réduit tout comme l'espace d'habitation et où les adultes ont mille choses de mieux à faire que de consacrer du temps à leurs vieux parents. Parfois ce ne sont pas les enfants biologiques qui sont les plus attentionnés. Thèmes récurrents dans son œuvre, les difficultés de vivre ensemble, d'élever des enfants et le refuge dans l'ivresse pour arriver à dire ce que l'on a sur le cœur.
Ce long métrage se déroule sans dramatisation excessive et comme si la caméra était une petite souris qui observe ce monde d'humains. Message généralisable à d'autres cultures humaines même si la manière d'extérioriser ses sentiments diffère d'un pays à l'autre. Une leçon d'humanité qui fait réfléchir sur les priorités de chacun.
Mickael1993

9 critiques

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5,0
Publiée le 23 février 2022
Voyage à Tokyo est un film japonais réalisé par Yasujirō Ozu, sorti en 1953.

Considéré comme son chez d'œuvre, Ozu nous raconte l'histoire d'un couple de retraités, qui viennent à Tōkyō rendre visite à leurs enfants ...

très beau film a voir.
5,0
Publiée le 31 mars 2021
Un chef-d'œuvre du cinéma japonais, datant de 1953, qui aurait été fortuitement découvert qu’en 1978 en France ! Le rater aurait été bien dommage. Ozu est moins connu que Kurosawa mais tout aussi immense, avec un talent démesuré pour filmer l’intime de l’être humain et tout particulièrement du natif nippon – c’est les Japonais qui le disent. En effet on est touché, sans aucun effet mélo, par la justesse du sujet, les rapports de génération, les dégâts du matérialisme, mais il est certain que certains aspects psychologiques nous échappent, nous Occidentaux déjà bien formatés par la vie moderne et la vie citadine.
Et cette magnifique histoire qui n’en est pas une puisqu’en fait elle est la vie, celle ce chacun d’entre nous, cette émouvante histoire donc nous captive alors qu’il ne se passe rien ! Sinon une interprétation sans défaut épaulée par une science unique des cadrages et un art consommé du noir et blanc et des ombres.
Un film dans lequel il faut se laisser dériver sans impatience et retenir toute la matière sur laquelle réfléchir pour soi-même et sa propre famille.
5,0
Publiée le 11 août 2019
Je mets rarement 5 étoiles mais ce film les mérite amplement.
Si la première heure met en place les personnages et les lieux, la suite est tout bonnement grandiose. C'est un long métrage d'une telle modernité ! Lorsqu'il l'a réalisé en 1953, la société japonaise n'en était qu'aux balbutiements de la société de consommation au sortir de la seconde guerre mondiale. Et pourtant Ozu a parfaitement retranscris ce monde à venir où l'égoïsme et les liens familiaux qui se distendent deviendront peu à peu une certaine norme. Il a parfaitement su retranscrire cette transformation à venir. La famille est au centre du film, spoiler: une fratrie qui délaisse ses parents et se comporte de façon ignominieuse.
Heureusement il y a Noriko, jouée de façon sublime par Setsuko Hara spoiler: qui redonne un peu d'espoir en la famille même si elle reste lucide sur l'idée de famille
. qui d'ailleurs a été la compagne d'Ozu dans la vie et qui à sa mort, a décidé de tout arrêter et vivre en recluse.

La mise en scène est remarquable et chaque plan est composé telle une oeuvre d'art. C'est du grand cinéma. Une oeuvre lumineuse avec un propos sombre. Une leçon de cinéma.
19,5/20
5,0
Publiée le 6 octobre 2019
"Voyage à Tokyo" est le film qui a fait connaitre tardivement Yasujiro Ozu en France où il sortit en 1978 alors que le film datait de 1953. Aujourd'hui Ozu est solidement installé dans le trio de tête des réalisateurs japonais reconnus dans le monde entier en compagnie d'Akira Kurosawa et de Kenji Mizoguchi. Moins épique que Kurosawa et moins mystique que Mizoguchi, Ozu est par essence un cinéaste de l'intime qui dans la deuxième partie de sa carrière observe les mutations sociologiques du Japon de l'Après-guerre à travers les rapports au sein de la cellule familiale, axe central de l'organisation sociale du pays. Pas d'action et encore moins de rebondissements à attendre à la vision d'un film de Yasujiro Ozu. "Voyage à Tokyo" considéré par beaucoup comme son chef d'œuvre, illustre parfaitement ce tropisme. Un couple de retraités habitant la petite ville côtière d'Onomichi décide de rendre visite à ses enfants habitant Tokyo et Osaka. Ozu reprend ici avec quelques variantes la même trame de départ que celle du "Fils unique". Mais il entend cette fois élargir son propos par-delà la simple relation entre une mère et son fils. Dans la grande ville demeurent leur fils aîné pédiatre (So Yamamura), leur fille (Haruko Sugimura) qui tient un salon de coiffure ainsi que leur belle-fille (Setsuko Hara), veuve du fils cadet mort à la guerre. Encore une fois Ozu constate avec un certain désenchantement la distension des rapports entre parents et enfants qui semble irrémédiablement s'opérer une fois que "les oisillons se sont envolés du nid". Reste bien sûr l'éternelle déférence qui colore les rapports sociaux au Japon. Cette attitude propre aux civilisations orientales ne laisse donc rien paraitre en surface mais après une si longue absence, les parents sentent très vite que leur visite loin d'être préparée dans la bonne humeur et la félicité semble plutôt incommoder Koichi (le fils) et Shige (la fille). La proposition d'un court séjour récréatif dans une station balnéaire à la mode dans les environs de Tokyo, ressemble fort à une éviction qui ne veut pas dire son nom. Seule Noriko (la belle-fille) restée célibataire depuis son veuvage, prodigue au couple de retraités un peu désorientés la chaleur qu'ils ne trouvent pas chez leurs propres enfants. Un vide affectif profond chez Noriko peut sans doute expliquer ce décalage durement ressenti par Tomi la mère dont l'attitude laisse à penser qu'elle vit ce voyage comme son dernier. Il ne faut pas attendre d'Ozu qu'il livre des clefs mélodramatiques toutes faites comme le ferait un Douglas Sirk. Choisissant une voie narrative sans aspérités auxquelles se raccrocher, Ozu laisse la possibilité à chacun de ressentir selon son expérience personnelle la chronique familiale qu'il nous livre avec une infinie délicatesse et souvent une poésie émouvante. Ozu introduit en fin de métrage un évènement dramatique dont il avait laissé deviner la survenue par quelques indices mais rien ne viendra bouleverser l'ordre des choses. Toujours entouré de la même troupe d'acteurs, Ozu développe un cinéma qui « réussit à rendre visibles et sonores le temps et la pensée ». "Voyage à Tokyo" illustre à merveille cette réflexion formulée par le philosophe Gilles Deleuze (Cinéma 2: L'image-temps). On remarquera la figure virginale de Setsuko Hara qui occupe chez Ozu la même place qu'Hideko Takamine chez Mikio Naruse.
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 24 octobre 2016
Un couple âgé rend visite à ses enfants...mais ceux-ci sont très occupés, et le séjour ne se passe pas idéalement...c'est un film d'Ozu de 1953...considéré comme un chef d'oeuvre, et ça me va...jamais compris comment certains cinéastes, comme Ozu, arrivent à faire oublier totalement que leurs personnages sont des acteurs, et là, c'est frappant. Quasiment que des plans fixes, filmés assez bas, des scènes qui prennent leur temps, un réalisme étonnant, un paquet de sujets de société abordés mine de rien, avec finesse...Ozu ne reproche rien à personne, il explique simplement pourquoi la société japonaise, au sortir de la guerre, a changé radicalement. La caméra sert alors d'oeil à une neutralité bienveillante. C'est un mélo, un vrai, il y a aussi des scènes assez cocasses...Un film complet, quoi, comme un plat de riz.
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 2 mars 2015
Un couple âgé rend visite à ses enfants...mais ceux-ci sont très occupés, et le séjour ne se passe pas idéalement...c'est un film d'Ozu de 1953...considéré comme un chef d'oeuvre, et ça me va...jamais compris comment certains cinéastes, comme Ozu, arrivent à faire oublier totalement que leurs personnages sont des acteurs, et là, c'est frappant. Quasiment que des plans fixes, filmés assez bas, des scènes qui prennent leur temps, un réalisme étonnant, un paquet de sujets de société abordés mine de rien, avec finesse...Ozu ne reproche rien à personne, il explique simplement pourquoi la société japonaise, au sortir de la guerre, a changé radicalement. La caméra sert alors d'oeil à une neutralité bienveillante. C'est un mélo, un vrai, il y a aussi des scènes assez cocasses...Un film complet, quoi, comme un plat de riz.
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 16 janvier 2015
un film éblouissant de grâce et de fraîcheur, de sensualité joueuse et d'élégance morale. Ozu nous offre un petit miracle de beauté intemporelle d'une déchirante modestie.
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 3 mai 2014
Une autre merveille d'Ozu : précis jusqu'à l'extrême, minutieux jusqu'à l’obsessionnel, simple autant que beau, coulant doucement comme les jours qu'il décrit et décrivant avec tendresse mais néanmoins justesse la société qu'il croque. Le fameux plan au ras du sol est parfaitement maîtrisé par son inventeur et son style statique est au sommet. A recommander avec Ukigusa (la deuxième version) et Le Gout du Saké.
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 5 février 2014
Voyage à Tokyo est un film qui sait prendre le temps, sans se faire ennuyeux et qui nous propose des plans particulièrement bien construit. Les personnages parviennent à se faire attachant, à tour de rôle, ce qui ajoute une grande part de complexité à ce film qui démontre brillamment qu'être une famille n'est pas une chose aisée. La culture japonaise est joliment mise en avant. Parfois, on s'interroge sur les actions des uns et des autres, le choc est-il culturel ? Ou peut-être qu'en connaissant parfaitement cette culture les actions nous choqueraient tout autant ? Il est parfois difficile de faire la part des choses.

Un vrai moment de cinéma, de réflexion et de poésie.
Un film a voir.
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