Votre avis sur Voyage à Tokyo ?
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 29 septembre 2006
Un couple de sexagénaires vivant dans une petite ville de campagne se rend à Tokyo afin de rendre visite à leurs enfants. Seulement une fois sur places les dits enfants trop occupés par leurs propres vies voient l’arrivée de leurs parents comme un embarras… La famille, thème principal et récurent d’Ozu, est ici dépeinte dans toute sa modernité et dans le délabrement qui en résulte. Chacun vit à distance les uns des autres, et les joies des retrouvailles ne durent que le temps d’un souffle nostalgique avant que l’appel des obligations personnelles ne se fasse ressentir. La profonde détresse que ressentent ces personnages vieillissant face à la froideur de leurs propres enfants est poignante, imprégnant chaque instant d’une mélancolie douloureuse. Sans jamais user d’effets grandiloquents, Ozu se contente de les filmer avec de longs plans d’ensemble à hauteur de tatamis entrecoupés de plans rapprochés face caméra, laissant ainsi la place à l’expression du réel. Et cette réalité fait de plus en plus mal à mesure que grandit la solitude dans laquelle se retrouve relégué contre leur gré les deux seniors, finalement forcés de s’en aller chercher chaleur ailleurs avant de s’en retourner vers un chez eux qu’ils ne retrouveront pas. Car la paisible demeure qu’ils avaient quitté s’est transformé en antichambre de la mort, où seul persiste la froide attente qui les sépare du moment fatidique. Ozu montre avec dureté comment les enfants, après avoir drainé et absorbé, puis rejeté, la vie de leurs parents, les poussent eux-mêmes vers la mort, les désincarnant de force d’un monde qui ne veut plus d’eux. Terrible réalité fatalement promise à tout un chacun, où subsiste la rare lumière de quelques êtres moins égoïstes que les autres, mais finalement obligés de s’en aller vers leur vie et de laisser les vieux aller vers leur mort.(+de critiques sur http://www.guillaumetauveron.com/Textes/chroniques_films.htm)
5,0
Publiée le 29 septembre 2006
Y a-t-il jamais eu de cinéaste plus pudique qu'Ozu? Grand observateur du choc des générations et des mutations culturelles du Japon de l'après-guerre, Ozu "resserre" tout à l'extrème. Pas d'effets spectaculaires, pas de symbolisme, nulle dramatisation, zéro pathos. La violence "douce" des rapports n'en est que plus terrible. Infiniment subtil et maginifique.
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