Un couple de sexagénaires vivant dans une petite ville de campagne se rend à Tokyo afin de rendre visite à leurs enfants. Seulement une fois sur places les dits enfants trop occupés par leurs propres vies voient larrivée de leurs parents comme un embarras
La famille, thème principal et récurent dOzu, est ici dépeinte dans toute sa modernité et dans le délabrement qui en résulte. Chacun vit à distance les uns des autres, et les joies des retrouvailles ne durent que le temps dun souffle nostalgique avant que lappel des obligations personnelles ne se fasse ressentir. La profonde détresse que ressentent ces personnages vieillissant face à la froideur de leurs propres enfants est poignante, imprégnant chaque instant dune mélancolie douloureuse. Sans jamais user deffets grandiloquents, Ozu se contente de les filmer avec de longs plans densemble à hauteur de tatamis entrecoupés de plans rapprochés face caméra, laissant ainsi la place à lexpression du réel. Et cette réalité fait de plus en plus mal à mesure que grandit la solitude dans laquelle se retrouve relégué contre leur gré les deux seniors, finalement forcés de sen aller chercher chaleur ailleurs avant de sen retourner vers un chez eux quils ne retrouveront pas. Car la paisible demeure quils avaient quitté sest transformé en antichambre de la mort, où seul persiste la froide attente qui les sépare du moment fatidique. Ozu montre avec dureté comment les enfants, après avoir drainé et absorbé, puis rejeté, la vie de leurs parents, les poussent eux-mêmes vers la mort, les désincarnant de force dun monde qui ne veut plus deux. Terrible réalité fatalement promise à tout un chacun, où subsiste la rare lumière de quelques êtres moins égoïstes que les autres, mais finalement obligés de sen aller vers leur vie et de laisser les vieux aller vers leur mort.(+de critiques sur http://www.guillaumetauveron.com/Textes/chroniques_films.htm)