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soniadidierkmurgia
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4 182 critiques
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4,0
Publiée le 28 juillet 2024
Si Sidney Lumet était coutumier de l’adaptation de pièces de théâtre pour le cinéma, ayant triomphalement démarré sa carrière avec « Douze en hommes en colère » tiré de la pièce éponyme de Reginald Rose, il n’avait encore jamais versé dans la pure fantaisie. Sans doute inspiré par la réussite du « Limier » (1972) de son aîné Joseph Mankiewicz dix ans plus tôt, il se lance dans la comédie policière en permettant à Michael Caine déjà présent sur « Le Limier » d’aborder de la meilleure des manières la deuxième phase de sa carrière alors qu’il avait jusqu’alors été employé de préférence dans des rôles d’espions ténébreux (la série des Harry Palmer) ou de militaires coloniaux (« Zoulou » de Cy Enfield 1964, « L’homme qui voulut être roi » de John Huston 1975). La pièce d’Ira Levin est à multiples rebondissements et réserve dans sa deuxième partie une mise en abyme des plus savoureuses mais elle permet surtout aux acteurs de se délecter de rôles plus grands que nature qui leur demandent de pousser la machinerie à fond. Dyan Cannon, Christopher Reeve et Michael Caine s’en donnent à cœur joie pour notre plus grand plaisir ne se prenant pas un seul instant au sérieux et lançant au spectateur face caméra des regards complices qui invite celui-ci à les accompagner dans cette farce grandiloquente à souhait basée sur la duperie des apparences et la recherche frénétique de la célébrité que Lumet avait déjà dénoncée dans un tout autre registre en réalisant avec « Network » (1976) un de ses plus gros succès critique et commercial. Si le regretté Christopher Reeve se montre particulièrement à son affaire en jeune homosexuel opportuniste et amoral, c’est bien le grand Michael Caine qui irradie le film de toute sa verve ironique, en rajoutant à qui mieux mieux dans un registre qui sera dès lors une marque de fabrique très recherchée. Un très bon cru montrant l’éclectisme du grand Sidney Lumet
Au cinéma, il est interdit de s’ennuyer et cela ne m’arrive pas souvent mais ce fut le cas avec ‘’Piège mortel’’ faute en est au ‘’Limier’’ de Mankiewicz pour lequel j’ai une grande admiration et un plaisir renouvelé à chaque vision. Ce soir, en dehors de la découverte du talent de comédien de Christopher Reeve et de la nostalgie éprouvée à le revoir aussi en forme, peu de chose m’ont plu. D’abord, c’est beaucoup plus du théâtre que du cinéma et un théâtre empli de bavardages sans aucun intérêt intellectuel. Ensuite, au lieu d’aérer la pièce Lumet la confine et sa mise en scène bien que travaillée et soignée ne se met pas au service de la pièce. Ses gros plans à l’instar de ceux des téléfilms détournent encore l’attention du texte déjà assez vide de sens et plein d’esbroufe. L’ensemble se veut intelligent mais à la sortie il ne reste rien en dehors du jeu des acteurs excellents et bien dirigés comme d’habitude. Parfois de prises de vues se produisent lors des scènes d’action. On sait que Lumet a de la personnalité et qu’il est capable de faire du beau cinéma mais il lui faut des sujets qui lui conviennent bien, ce n’est pas la sophistication qui lui va le mieux ni le cynisme avec lequel il se complait à conclure.
Deux heures de cabotinage. Si le grand acteur Michaël Caine s'en tire bien et si Christopher Reeves réussit à faire oublier qu'il a été Superman, on ne peut pas en dire autant des deux rôles féminins qui sont insupportables. Quant au scénario, qui se veut machiavélique, il est constitué de recettes éculées et sombre très vite dans l'incohérence. Nombre de critiques ont remarqué la ressemblance avec Le Limier de Mankievicz : théâtre filmé, duel entre deux personnages, unité de lieu, où l'on retrouvait le même Michaël Caine dix ans plus tôt. Mais Lumet, honorable mais inégal réalisateur de Thrillers, n'est pas Mankiewicz et c'est franchement raté à mon avis. Au point que j'ai du mal à comprendre les critiques enthousiastes...
Quel bonheur de voir une telle farce macabre policière "sociopathe" où le réalisateur et les comédiens sont constamment animés par une totale liberté de ton et de jeu. Johnny Mandel signe au clavecin un exquis pastiche de musique baroque. Dans ce joyeux jeu cynique de faux-semblants, la cruauté, l'horreur, les coups de théâtres incessants, la comédie de moeurs culottée, le suspense réel, assurent un jouissif divertissement de roi.
La direction d'acteurs exemplaire. Les six comédiens sont virtuoses. Les principaux rôles sont multifacettes.
Au début, on se dit que l'origine théâtrale est très présente (spoiler: jeu boulevardier du couple autour du divan, dialogues très british, comique de situations, décor façon "Au théâtre ce soir" spoiler: ). Avec son adaptation d'un succès de Broadway, Lumet n'essaye pas d'échapper artificiellement aux convention du huis-clos. L'unique décor est utilisé avec beaucoup d'intelligence avec un sens aigu de l'espace. Il ne s'autorise que trois courtes échappées (spoiler: la première catastrophique au théâtre qui ouvre le film, la discussion sur la terrasse entre le dramaturge Sydney et sa femme Myra au début, et la conclusion brève qui est une mise en abyme insolente spoiler: ). Puis, dès la première surprise, on comprend que tout sera possible. On lâche prise pour se laisser manipuler avec délice.
Les personnages sont partaitement dessinés: le dramaturge onctueux et cynique en mal d'inspiration (Michael Caine), l'épouse aimante et dévouée (Dyan Cannon), le beau jeune écrivain arriviste spoiler: faussement candide (Christopher Reeve), l'inénarrable médium envahissante Helga Ten Dorp au fort accent allemand (Irene Worth), l'ami notaire tout en sous-entendus (Henry Jones). Chacun joue sa partition avec un plaisir et un talent communicatifs. Chacun explore une palette la plus large possible. L'épatante qualité de jeu de Cristopher Reeves est celle qui m'a le plus étonné. On est bien loin de Superman.
Les inventives ruptures de ton sont maitrisées et créent une tension qui nous maintiendra sous le charme jusqu'à la dernière seconde. Les scènes de spoiler: meurtres sont effrayantes, la comédie de boulevard fait mouche, la parodie policière est pétillante.. le tout avec une facilité déconcertante.
"Le limier" de Mankievizc" est un brillant souvenir d'adolescent. "Piège mortel" me comble.
Un auteur dramatique, en mal de succès, reçoit un très bon manuscrit d'un de ses anciens élèves. Comment se l'accaparer sinon en faisant disparaître le jeune homme trop doué ? C'est le point de départ, mais les rebondissements vont s'accumuler dans cette comédie policière filmée de façon sobre par Lumet. L'origine théâtrale est évidente dans ce quasi huis-clos dont le duel Michael Caine/Christopher Reeve (l'un des deux est largement meilleur acteur que l'autre) rappelle celui du Limier de Mankiewicz. En moins brillant et plus prévisible, cependant. Un exercice de style pour le réalisateur de Serpico qui s'en tire bien sans atteindre les sommets.
Le film fait un peu théâtre filmé mais les revirements de situations et autres coup de théâtre sont succulents (même si certains sont prévisibles). Michael Caine et Christopher Reeve sont parfaits dans leurs rôles, très agréable comme réalisation.
Hanté par le fantôme d'un des meilleurs films de Mankiewicz, «Sleuth», «Deathtrap» (USA, 1982) de Sidney Lumet calque l'intrigue à rebondissements de l'ultime réalisation de Mankiewicz. La présence de Michael Caine dans les deux films renforcent d'autant plus ce rapprochement qu'il incarne à chaque fois un personnage cynique. Adapté de la pièce de théâtre homonyme d'Ira Levin, l'unité de l'espace est conservé pour préserver la sensation d'enfermement qui donne au film son sentiment d'étouffement. En jouant avec l'étouffement, Lumet se risque à alourdir son oeuvre, ce qu'il obtient parfois. Le coeur vif de «Deathrap» repose sur ses retournements de situations. Avec un scénario à tiroirs, le film de Lumet met en jeu la légitimité de l'auteur à accomplir chacune de ses volitions pour satisfaire la curiosité de son inventivité. Les nombreux effets qui permettent à la pièce de théâtre de s'adapter aux possibilités illusoires du cinéma enrayent la pureté du récit en la saturant parfois de futiles interventions sonores. L'éclatement du tonnerre lorsque surgit un nième retournement de situations rappelle que le cinéma est aussi fait de vieilles conventions. Il est peu certain que transposer une pièce de théâtre au cinéma en employant des effets aussi éculés participent à son plein succès. Pourtant «Deathtrap», outre ses choix narratifs parfois lourds, ne demeure pas sans intérêt. Comme toute oeuvre constituée de rebondissements, elle suscite l'attention du spectateur et en sollicite l'intelligence. «Deathtrap» travaille la vraisemblance des personnages. Lumet, reconnu pour son talent de directeur d'acteurs, réussit à donner consistance aux protagonistes, de telle manière que nous craignons davantage pour leur sort que pour l'issue de l'intrigue générale. Sous-produit inspiré de «Sleuth», le qualificatif est réducteur mais éloquent, «Deathtrap» est une honorable mise en scène de Lumet, trop soucieux des impératifs théâtraux.
Inévitablement, ce film m'a parfois fait penser au chef d'oeuvre de Mankiewicz «Le Limier» (et pas seulement parce que Michael Caine est dans les deux films!) avec son lot de coups de théâtre et son jeu de dupes. Mais heureusement «Piège mortel» a son identité propre avec une histoire tout de même très différente. Si l'issue de ce que l'on peut appeler le premier acte est très facile à deviner, ce n'est pas le cas du second acte qui se montre constamment imprévisible, en particulier avec ce final ironique qu'on attendait pas du tout. Sidney Lumet a l'intelligence de rendre sa caméra discrète raréfiant au maximum les effets de style, ce qui rend le peu qu'il y en a mémorable. Michael Caine et Christopher Reeve sont totalement à l'aise et, pour notre plus grand bonheur, s'en donnent à coeur joie. Un très bon thriller.
Piège Mortel n'est clairement pas le film de Sydney Lumet que je préfère. Le scénario tiens la route mais déçois au vue des annonces ... Le casting est bon, Christopher Reeve notamment.
Adapté d'une pièce à succès d'Ira Levin, "Piège mortel" n'est pas sans faire penser au "Limier" de Mankiewicz réalisé dix ans plus tôt, étant un huis-clos où manipulation et tromperie sont de pair. Mais ici, les enjeux paraissent vite comme différents et le scénario réserve quelques rebondissements vraiment surprenants, le tout pour notre plus grand plaisir. D'autant que Sidney Lumet sait s'y prendre pour créer une vraie tension, aidé par deux acteurs vraiment formidables. En effet, Michael Caine est parfait en écrivain qui recherche désespérément un nouveau succès, quitte à tuer et Christopher Reeve a le charme et le talent nécessaires à son rôle, ancien étudiant de l'écrivain qui a écrit une pièce brillante mais qui a également quelques tours dans son sac. Aucun ressort scénaristique n'est de trop et l'on passe un excellent moment, ravis d'être manipulé.
De nombreux éléments du film - la situation de huis clos, le contexte d’énigme policière, le rapport sado-masochiste des personnages entre eux, les rebondissements en cascade et même la musique - rappellent Le Limier de Mankiewicz, avec de surcroît un acteur commun (Michael Caine). Malheureusement, on constate vite qu’il contient beaucoup moins de virtuosité et d’inventivité. Le scénario propose bien des retournements de situation incessants mais donne parfois l’impression de sonner un peu creux, comme si la virtuosité n’avait d’autre but qu’elle-même. Par ailleurs, les personnages sont loin d’avoir cette épaisseur psychologique que l’on avait pu admirer dans le chef d’œuvre de Mankiewicz et la mise en scène manque parfois un peu d’éclat. Néanmoins, le film est passionnant de bout en bout, magnifiquement interprété (Michael Caine déjà cité mais aussi Christopher Reeves dans un rôle à facettes) et l’on se laisse prendre jusqu'à l’ultime revirement à une intrigue finalement bien ficelée. Avec ce film agréable mais en demi-teinte par rapport à un objectif de départ que l’on devine plus ambitieux, Lumet confirme cependant qu’il est un metteur en scène capable d’aborder tous les registres, ce qui n’est pas donné au premier cinéaste venu.
Digne d’un Hitchcock machiavélique, Sidney Lumet surprend à réaliser ce genre de film, un thriller sombre et palpitant dans la veine de Sleuth (1972). Piège mortel (1983) est un thriller aux nombreux rebondissements, ponctué de divers retournements de situations où il confronte aussi deux acteurs talentueux : le regretté (mais brillantissime) Christopher Reeve et le British Michael Caine. Tout deux se donnant la réplique, à base de coups bas, de manigances, voir plus … Une mise en scène qui nous prouve que Sidney Lumet a de la ressource, on croit avoir atteint le summum et en réalité, chaque minute se dévoile encore supérieur à la précédente. L’alliance d’Alfred Hitchcock & Sidney Lumet, voilà comment résumer cette oeuvre !
L'écrivain de pièces à succès se retrouve dans un complot ourdi par une grappe de parasites et un couple envieux lors d'un atelier d'écriture afin de s'approprier les droits... Un huis-clos avec cottage et sportives anglaises ou le jeune auteur genie a un rôle ambigu ainsi que l'homme de l'ombre, essentielle figure plébéienne s'il en est. Le dernier retournement de l'acte final à taire bien entendu est, ainsi, plus que troublant.
Un film tiré d'une pièce de théâtre et apparemment meilleur qu'au théâtre d'après les critiques. C'est fort possible car il y a quand même Michael Caine et Christopher Reeve qui sont exceptionnels dans leurs nouvelles compositions (sans en dire plus sinon on gâche une partie de l'intrigue). Beaucoup de rebondissements maintiennent l'intérêt du scénario mais le tout dernier rebondissement est peut-être de trop, c'est too much et on perd d'un coup tout le cynisme du film... c'est dommage, à vouloir faire une fin morale on enlève l'acidité pour retomber dans le classicisme.