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    Gertrud
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    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    3 063 abonnés 3 967 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 12 octobre 2015
    Magnifique. C'est un film précieux que Gertrud, alors pas précieux au sens péjoratif du terme, mais précieux car rare, car fragile, c'est tout un équilibre qui ne tient que grâce à la maîtrise sublime et parfaite de Dreyer envers tous les éléments qui composent son film.
    Alors j'ai juste un léger reproche, j'ai dû chercher sur le net qui était le type à la fin lors de la dernière séquence, son nom ne me disait pas grand chose et son visage non plus. Enfin pas besoin de savoir pour trouver cette scène magnifique, et dont le dernier plan m'a fait lâcher une petite larme, tout me rappelant un autre film que j'adore : Saraband.

    Alors Gertrud ça fait depuis que j'ai vu Ordet que je veux le voir, mais je suis un peu lent... et j'ai été encore une fois après La Passion de Jeanne d'Arc, Ordet et jour de Colère complètement abasourdi par le talent fou de Dreyer. J'aime cette austérité magnifique, cette composition des plans, magnifique et épurée, n'en faisant jamais de trop, étant toujours juste... Et ça c'est émouvant.

    La scène au début, où elle annonce à son mari qu'elle va le quitte, on commence avec un plan fixe, long plan fixe où les deux sont dans le cadre, elle tourne autour du pot et du canapé en même temps, s'assoit au bureau, on change de plan, légère contreplongée elle domine son mari, les cut sont acérés, tranchants, le mari tente de revenir dans le cadre...
    C'est juste magnifique. J'ai été tétanisé par tant de beauté à l'état le plus pur.

    Je n'ai pas envie de raconter toutes les pérégrinations de cette femme, toutes ces douleurs de coeur, elles sont sublimes, j'envoyais en même temps à ma copine par SMS les phrases qu'ils se disaient dans le film, c'est très vrai, très juste. Et puis il y a cette scène où l'on voit en ombre chinoise Getrud se déshabiller pendant que son amant joue du piano, la caméra retourne vers l'amant, puis le filme se lever pour rejoindre sa belle. Pas un mot, tout est dit.

    Vers la fin il y a un fondu au noir et je me dis, si ça s'arrête là c'est parfait et chose extrêmement rare le film a bien fait de ne pas s'arrêter car la fin est le meilleur moment du film, c'est d'une tristesse, je ne veux pas révéler forcément ce qui s'y passe, mais la teneur de la conversation, ce qui s'y passe, ce qui se dit sur l'amour, sur la mort, c'est troublant. Et voir cette femme de la sorte, elle qui était courtisée par tous, ça glace le sang.

    Chose extrêmement rare, j'aimerai le revoir, lorsque je vois ça je sais que je serai encore plus ému, j'ai envie de revivre cette expérience de cinéma rare. Et pourtant c'est d'une simplicité, mais d'une telle beauté.

    C'est absolument grandiose, sans nul doute !
    Le meilleur film de Dreyer, assurément et ce n'est pas peu dire !
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 10 décembre 2011
    Absolument sublime et magnifique, Dreyer réalise l'un des plus grands films de l'histoire du cinéma aussi complexe qu'émouvant.
    samadelik
    samadelik

    3 abonnés 32 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 28 avril 2009
    Malgré une belle mise en scène presque entièrement en plan séquence, des cadrages millimétrés et une superbe lumière, l'aspect solennelle des comédiens, leurs postures outrancièrement théâtrales, laissent le spectateur de marbre. Comment, en effet, dans un film composé uniquement de scènes de dialogues sur le couple et l'amour, peut-on diriger des comédiens sans que presque jamais ils ne se regardent, ne se touchent, ou ne laissent paraître dans leur traits une réelle émotion ? Qu'en plus ces dialogues sont débités sur un ton monocorde et lent pendant près de deux heures... On atteint l'ennui pur, et d'ailleurs plusieurs spectateurs sont partis pendant la projection, dans ce petit cinéma d'art et d'essai du quartier latin pourtant fréquenté par des cinéphiles... Un film qui a mal vieilli, qui se répète dans ses grandes tirades sur l'amour sans que l'on en retire une quelques évolution philosophique au final...
    J'ai eu l'impression de voir le mauvais pendant d'un très grand film utilisant les mêmes données dramatiques (à savoir un huit clôt de personnages en souffrances où s'enchaîne les scènes dialoguées sur des thèmes dramatiques): Sonate d'automne de Bergman; mais Bergman a su, lui, nous subjuguer par une des plus formidable performance d'acteurs de l'histoire du cinéma, alors que Dreyer, nous assommes par la platitude du ton des discours, comme un mauvais panflet de la nouvelle vague version danoise... Préférez plutôt le début de la carrière de ce grand réalisateur, ou si vous êtes courageux, allez affronter de face l'ennui... vous serez au moins dédommagé d'une belle esthétique. Mais pour faire court, ce film est tout de même CHIANTISSIME.
    Nelly M.
    Nelly M.

    94 abonnés 525 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 13 avril 2015
    Les valeurs d'absolu incarnées par l'élément féminin peuvent se lire de plusieurs façons dans ce dernier film de Dreyer, longtemps tabou, hué ou boudé à sa sortie, à l'exception de quelques voix élevées en sa faveur. C'est statique mais pas trop, froid, et pourtant ça accroche. En 2015, sous des dehors empesés, des images vaporeuses, on dirait une caricature du romantisme nordique. Bonne société scandinave avec maîtres et serviteurs bien à leur place, robes longues, personnages s'évitant du regard de peur que... Et pourtant le spectateur patient va finir par accepter d'y trouver un sens grâce à la tentation qui fait tergiverser. Les couples établis et les institutions devraient toujours se hérisser. Peuvent aimer, les soignants, enseignants, célibataires de naissance, vrais mystiques dans monastères et couvents, ceux et celles "qui aimeraient croire" et ne croient plus que fugacement.
    Plume231
    Plume231

    3 882 abonnés 4 639 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 22 juillet 2014
    J'ai adoré "Jour de colère", j'ai trouvé "Vampyr" fascinant de bout en bout, j'ai été fortement touché par "Ordet", j'ai pas trop adhéré à "La Passion de Jeanne d'Arc" mais je comprends que beaucoup de personnes puissent aimer cette oeuvre, et je suis loin de cracher sur "Le Maître du logis"... Donc j'étais dans d'assez bonnes dispositions pour aborder le dernier film du grand Carl Theodor Dreyer...
    "Gertrud" a de véritables atouts notamment une histoire très moderne et intemporel où une femme se refuse à suivre un autre guide dans la vie que l'Amour, une technique fluide et pleinement maîtrisée... Reste que je suis très réservé sur la lenteur d'ensemble, sur un aspect terriblement bavard et surtout une direction d'acteurs zombiesque, à faire passer des acteurs bressoniens pour des acteurs zulawskiens, qui rendent le film empesé et qui anéantissent toute possibilité d'émotion.
    On a plus l'impression d'être face à un exercice de style forcé et gratuit qu'autre chose. L'histoire est belle et audacieuse mais j'aime pas son traitement. J'aurais bien voulu aimer les adieux du réalisateur d'"Ordet" mais je ne peux pas.
    real-disciple
    real-disciple

    81 abonnés 1 024 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 2 décembre 2012
    J'avais vu des Dreyer avant que j'avais beaucoup aimé (Vampyr, Dies Irae, La passion de jeanne d'arc) et j'ai donc sauté directement à son dernier film, Gertrud. Si l'on retrouve avec joie la superbe photographie et le travail sur la construction du décor qui a fait sa renommée, force est de constater hélas que ce scénario est d'un profond ennui au point qu'il exclue le spectateur. Les acteurs semblent réciter leurs textes comme au théâtre, les longs plans séquences sont abusivement exploités et on a aucune compassion pour l'austérité des personnages. On est loin de son chef d'oeuvre La passion de Jeanne d'Arc.
    Parkko
    Parkko

    159 abonnés 2 020 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 1 mars 2011
    Terriblement déçu. Je suis resté vraiment en dehors du début jusqu'à la fin. Citons quelques points positifs avant tout de même : le noir est blanc est assez esthétique avec notamment une utilisation de la lumière intéressante. Pour le reste, je n'ai vraiment pas du tout aimé le côté très (trop) théâtralisé de l'œuvre. Déjà, au niveau de la narration on dirait presque une pièce de théâtre avec une unité de lieu à chaque acte. Dans la mise en scène, encore, on retrouve ce côté assez théâtral (j'ai rien contre le théâtre, mais ce n'est pas pareil que du cinéma, et pour le coup ça donne un côté rigide assez déplaisant). Mais ce n'est pas tout. Il y a aussi les dialogues qui sonnent terriblement faux (il faut dire que les comédiens n'aident pas). C'est le genre de truc qui sent terriblement la feuille de script et qui contribue à donner à Gertrud le caractère d'une œuvre terriblement austère et finalement pas très intéressante.
    kinophil
    kinophil

    20 abonnés 262 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 9 juillet 2012
    Réflexion universelle et éternelle sur l'amour, la vie, le temps, la liberté, la solitude, réalisée de la manière la plus dépouillée qui soit. La totale économie de moyen et le choix réduit de décors et de personnages, favorisent la plongée dans l'intériorité des âmes. Tout se joue dans les dialogues entre des acteurs statiques, assis, dont les regards froids s’évitent en permanence, dans des décors figés uniquement animés par l'éclairage de lampes et bougies et les accessoires (statues, tableaux, miroir). Le film est d’une grande beauté formelle hyperclassique, avec des cadrages millimétrés, une superbe lumière, mais qu’est ce que cela est ennuyeux et long.
    weihnachtsmann
    weihnachtsmann

    1 146 abonnés 5 130 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 19 décembre 2019
    Le film est un peu à l'image du discours central sur l'amour.
    Intellectuel mais peu expressif.
    On dirait du Bergmann.
    C'est une peinture des amours entre hommes et femmes.
    Pas mal mais bavard
    Charlotte28
    Charlotte28

    123 abonnés 2 000 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 1 octobre 2019
    Quelle étrangeté... Une mise en scène élégamment maîtrisée mais une direction d'acteurs artificielle par l'absence de regards échangés et la froideur exprimée. La même sensation d'étonnement déçu que Gabriel Lidman lorsqu'un jeune admirateur ânonne ses vers sans sentiment nous étreint régulièrement, et l'on pense même à un sketch des Inconnus quand les personnages adoptent leur attitude faussement philosophe! Et pourtant... La beauté vraie des dialogues nous touche parfois en plein cœur, de même que le cheminement idéologiquement sentimental de l’héroïne fait sens en dépit des renoncements impliqués. Une surprenante expérience de cinéma.
    soniadidierkmurgia
    soniadidierkmurgia

    1 177 abonnés 4 170 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 30 septembre 2017
    Le 18 décembre 1964 pour l'inauguration de la Salle Médicis (3 rue Champollion à Paris) est projeté en première parisienne "Gertrud", le dernier film du grand réalisateur danois Carl Theodor Dreyer dont l'aura est immense depuis le succès mondial de "Ordet" en 1955 (Lion d'or à Venise). Ce sera un retentissant échec, la foule prenant à parti le réalisateur présent, le traitant de sénile au vu d'un film jugé comme compassé et statique. Certains iront même jusqu'à déclarer que Dreyer aurait mieux fait de disparaître juste après "Ordet" ce qui lui aurait évité d'entacher de la sorte son imposante filmographie. Seul Godard viendra au secours du vieux réalisateur affirmant dans les Cahiers du cinéma : " Gertrud est égale, en folie et en beauté, aux dernières œuvres de Beethoven". Dreyer qui ambitionnait à la suite de se consacrer à une biographie du Christ qui lui tenait à cœur depuis de nombreuses années mourra quatre ans seulement après cette maudite projection. Depuis bien sûr, le film a été largement réévalué, accédant même pour certains au titre de chef d'œuvre. Si "Gertrud" n'a pas la vigueur des œuvres les plus marquantes de Dreyer, il rayonne tout autant par la manière du réalisateur de laisser le rythme de son film s'imprimer via son personnage principal. Le réalisateur tout au long de son œuvre a montré sa préoccupation quant à la place faite aux femmes dans la société. Pour ce faire il n'hésite pas à questionner l'histoire ("La passion de Jeanne d'Arc" en 1928 et "Jour de colère" en 1943) ou à s'immiscer par le procédé intimiste du "Kammerspiel" dans la géométrie compliquée d'un couple citadin du début du siècle ("Le maitre du logis" en 1925). La pièce de Hjalmar Söderberg qu'il remanie sensiblement lui permet de proposer une vision complètement moderne de la décomposition d'un couple. L'habituel trio amoureux généralement constitué d'un homme et de deux femmes est ici transformé en un somptueux quatuor. Gertrud (Nina Pens Rode) en quête de l'amour absolu, amour impossible diront certains, fait face le temps d'une journée aux trois hommes de sa vie. Gustav Kanning (Bendt Rohe), son mari avocat un peu falot en passe de devenir ministre, Erland Jonsson (Baard Owe) son jeune amant pianiste volage et jouisseur et Gabriel Lidman (Ebbe Rode) son ancien amour devenu un écrivain célèbre se confrontent à Gertrud et lors d'échanges apaisés s'interrogent sur leurs rapports présents et passés avec la jeune femme. La très grande modernité du propos n'a pas été perçue lors de la sortie du film sans doute masquée par l'austérité de la mise en scène de Dreyer en complet décalage avec les partis pris esthétiques de la Nouvelle Vague qui vient de révolutionner la manière de faire des films. Selon Dreyer seule la femme est capable de l'abnégation et du désintéressement que réclame l'accomplissement du grand amour comme le conçoit Gertrud. Combattante ardente et assumée de sa cause, elle n'hésite à aucun moment face aux choix qui s'imposent à elle. Voulant se donner pleinement à son jeune amant, elle annonce froidement à son époux qu'elle le quitte après ne l'avoir jamais aimé. Son jeune amant ne veut pas renoncer à sa vie de bohème et à sa liberté amoureuse, elle s'efface dans la minute qui suit. Son ancien amant veut lui donner cette fois ce qu'il lui a refusé autrefois, elle lui explique que l'amour absolu ne souffre pas le retour en arrière. Exigence absolue d'une femme qui se refusant à l'introspection se condamne fatalement à l'isolement provoqué par une soif de pureté inextinguible. C'est dans sa thébaïde qu'Axel (Axel Strobye) son ami docteur retrouve Gertrud bien des années plus tard où malgré une solitude parfois pesante, la vieille femme ne regrette rien de ses choix passés. Si les hommes sont des Judas comme elle l'affirme, elle n'en décide pas moins d'inscrire au fronton de sa vie l'épitaphe "Amor Omnia" (l'amour est tout). On peut discuter de cette intransigeance qui place à tout coup Gertrud en position de censeur, se décernant à elle-même un satisfecit de perfection. Elle s'inscrit toutefois dans la conception métaphysique de Dreyer pour qui seul l'idéal permet à l'homme de transcender sa condition de mortel.
    TTNOUGAT
    TTNOUGAT

    589 abonnés 2 530 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 28 novembre 2015
    Quatre étoiles seulement bien que la forme soit magnifique grâce à la perfection des courtes séquences et l’absence de trop nombreux gros plans. Faute en est au contenu, totalement inintéressant. Je ne comprends pas les raisons qui ont pu motiver Dreyer dans ce scénario, à part l’approche de sa vieillesse (75 ans) et un pessimisme de plus en plus grand acquis lors de son enfance si malheureuse. C’est une œuvre purement intellectuelle détachée de la vie qui pourrait faire croire qu’une telle femme à existé sans que l’on puisse la considérer comme inadaptée au monde qui l’entoure. Il faut donc regarder ‘’Gertrud’’ comme une œuvre picturale propre au septième art. Dans ces conditions, on peut en apprécier toute sa beauté sans que notre cœur tressaille. Outre la lumière, constamment parfaite, qui joue sur les nuances ou sur les contrastes pour les flashbacks, les courts travellings et les déplacements des personnages qui nous sont toujours présentés cote à cote sans aucun champ/contre champ, il faut porter son attention sur la sobriété des décors. Ce film est l’exemple parfait de la question que devrait se poser chaque réalisateur…Qui y a t il de trop dans le champ de ma caméra ? Parmi les longs moments de contemplation, les brusques décisions de Gertrud nous surprennent et son entêtement à ne jamais se mettre en question nous insupporte. Parmi les plans les plus beaux resteront dans nos mémoires la scène du déshabillage avec le reflet des ombres censés signifier un érotisme brulant, la triple vision du miroir avec les images mouvante qu’il reflète, l’allumage et l’extinction des deux bougies. Ce sont les seuls signes de vie de cette sombre histoire magnifiquement filmée.
    stebbins
    stebbins

    501 abonnés 1 747 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 7 mai 2010
    Film testament d'une longueur interminable, non dépourvu de qualités scénographiques - certains inconditionnels parlent même de l'aboutissement technique de l'Oeuvre de Dreyer - Gertrud ne parvient pourtant jamais à dépasser la banalité de son propos. Terminé le temps où Carl Theodor Dreyer prêchait la bonne Parole : ici la religion se fait discrète, cédant la place aux préoccupations sentimentales d'une femme à convictions... Le résultat manque parfois d'intérêt, plombé par une mise en scène toujours aussi précise mais immanquablement théâtrale. Effectivement la structure est brillante, jouant sur différents niveaux ( ici les personnages masculins, maigrement développés et donc quasiment stéréotypés ) et l'interprétation force l'admiration... On regrette simplement la platitude de l'intrigue, paradoxalement rehaussée par l'unité narrative. Il est évident que le film est plus que respectable - d'ailleurs, qui suis-je pour critiquer Dreyer ? - mais aussi sévèrement pompeux... Une déception pour un cinéaste que j'admire considérablement.
    Flavien Poncet
    Flavien Poncet

    237 abonnés 1 024 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 18 juin 2009
    L’œuvre du réalisateur de génie Carl Theodor Dreyer, se clôt avec «Gertrud» (Danemark, 1964). Epargnons-nous de considérer ce film ultime comme une sempiternelle apothéose de son auteur puisque «Gertrud» peut aussi bien se présenter comme le nouveau départ pris par un cinéaste curieux d’expérience inédite. Le personnage de Gertrud, autour duquel s’articule l’intrigue, fait partie des caractères les plus fascinants du cinéma. Grande bourgeoise, épouse d’un prochain Ministre, Gertrud fait la convoitise de quatre hommes. Continuellement exposée dans une lumière blanche qui la transforme en angelot, Gertrud répète ne vivre que pour aimer. Casuiste par nature, elle ne se repentit jamais et martèle à ses prétendents qu’elle n’a de cœur et d’âme que pour la joie de l’amour. Figure abstraite et pure des sentiments, Gertrud apparaît souvent comme la conscience des hommes qui la désire. Elle dénonce l’égoïsme de son époux, le libertinage de son amant, la faute passée de son amour déchu puis la légèreté de son ami éternel. Dreyer voue à cette martyre une affection profonde et passionnée. Car la passion et bien ce qui s’exprime avec une virulence contenue dans ce grand film. «Gertrud» adapte au cinéma une pièce de théâtre. Les longs plans-séquences dont usent la mise en scène ne sont pas tant un moyen de préserver la médium originel de la pièce qu’une façon de ne pas rompre l’instant des échanges. Succession de dialogues, laissant apparaître le découpage en scènes et actes de la pièce de théâtre, le dernier film de Dreyer réduit les effets de réalisation à leur plus simple appareil. Le montage intervient très rarement et les mouvements de caméra sont employés avec parcimonie. L’acteur, sa place dans l’espace, sa position dans la lumière sont les moyens avec lesquels Dreyer figure la détresse d’une femme. Et cette détresse est celle du cinéaste dont l’œuvre s’est exécuté à rester sans compromis. Comme Dreyer, Gertrud se meurt avec les idéaux brisées d’une époque défunte
    Pascal
    Pascal

    159 abonnés 1 649 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 11 avril 2022
    Dernier film de Dreyer, "Gertrud " est mon préféré dans une filmographie courte mais uniformément flamboyante. A mes yeux, "Gertrud" est sans doute le sommet de ce que le cinéma intimiste peut produire.

    Une ancienne chanteuse d'opéra, romantique sincère et ayant soif d'absolu est remariée à un avocat qui va être nommé ministre. Elle souhaite cependant quitter son mari et partir vivre avec un jeune pianiste, lorsqu'elle s'aperçoit que ce dernier n'en vaut pas la peine.

    On reste les bras ballants devant la beauté, la pureté d'un tel film qui s'apparente aux plus grandes réussites de Ingmar Bergman. Profondeur des dialogues, amenés de telle sorte que l'on les goûte et les savoure tout au long de sa durée.

    Gertrud préfère la solitude que de vivre en transigeant sur sa conception de l'amour total. En creux, "Gertrud " nous interroge sur la réalité de cette conception magnifique de l'amour. Gertrud n'a t elle pas eu de chance, puisqu'elle dit n'avoir pas trouver ce quelle cherchait ? Ses espérances relèvent elles de la croyance, d'une espérance vaine ou peuvent elles se rencontrer dans la vie réelle?

    Chaque spectateur répondra pour lui. Il n'en reste pas moins que "Gertrud " m'apparait comme l'expression ultime du romantisme désenchanté.

    Tout amateur du cinéma du patrimoine verra ce film, qui est pour moi, un des plus grands films qu'il m'ait été donné de voir. C'est dire à quel niveau je le situe.
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