Al Pacino et De Palma, c'est une histoire pas drôle qui commence avec Scarface. Avec un objet culte pour les uns, excécrable pour les autres, mais que je n'ai pas encore vu au moment où j'écris ces lignes, alors je me garderais bien d'émettre un avis sur la question. Cependant, au vu du...hum...« talent » de De Palma a mettre en chantier un récit de gangster avec l'Impasse, j'ai de quoi prédire à l'avance duquel côté je me rangerais lorsque l'heure aura sonnée. L'Impasse est pourtant plus réussi que les Incorruptibles, car il est moins empêtré de tentatives de coups d'éclats défectueuses et possède un minimum de scènes d'actions à conclusion de type dramatiquement fortes, et par conséquent cela limite grandement les dégâts. La majeure partie du film laisse place aux dialogues et au suspense. Bon. Al Pacino campe son personnage plutôt bien, Sean Penn est admirable en avocat corrompu, et les autres comédiens s'en sortent pas trop mal. Le scénario se tient, il n'est pas trop cosu de fils blancs, et dénonce l'impossibilité de stopper la machine maléfique du deal lorsque elle est enclenchée. Seulement tout tourne autour d'une romance sans grand intérêt, qui constitue les scènes les plus faibles, les plus stéréotypées de l'ensemble. La mise en scène et la photographie sont pourtant au rendez vous, la musique aussi tient la route, mais ça ne décolle pas une seconde. Les thèmes abordés en soi ne suscitent guère un intérêt captivant, en fait on se fout un peu du destin du héros. Le personnage joué par Sean Penn accapare davantage l'attention, mais il enchaîne tellement d'idioties qu'on ne se fait guère d'illusions sur son noir avenir. La dernière partie du film se montre plus haletante, le rendez vous entre les deux amants passe par un enchaînement de péripéties tendues sous l'ombre du sablier assez divertissantes, tout comme la poursuite dans la gare, longue et intense, brillante même si elle finit par une fusillade au ralenti, sanglante et ridicule comme il n'y a que De Palma qui sait les faire. L'Impasse se termine sans faire de concession, ou presque. Ce film est assez donc exempt de la plupart des tares qui affectent les oeuvres de son auteur, mais ne propose pas un sujet bien original ni une narration inventive. Rien qu'un polar très banal somme toute, mais qui évite ainsi la flaque de boue.