La Ciociara, est digne de ses films, qui au travers d'un détour raconte l'impact de la grande histoire, sur la petite et tisse au fond un de ses parallèles profond, sublime, telle l'Italie, mieux que quiconque, n'a à cette période, à su le faire. Vittorio De Sica, dans un geste fou, commence de ce fait son film par un générique de fin, ou la musique, si l'on excepte de rares tons plus joviales, dépeint, déjà, un contexte à la fois grave et pernicieux, lugubre, pour ne pas le dire !
De cette rue qui s'anime, post images figées, l'on retiens cette alerte, qui poussent la foule amassée là vers une course dont la suite n'a ni logique, ni gage de sureté. L'échappatoire, la fuite de Rome, de cette Femme et de sa fille que l'on découvre dans cet instant fragile et tragique sera notre ancrage dans la narration de cette démonstration de torpeur. Il ne faut pas attendre longtemps pour croisé l'étrange paradoxe de ces " aides ", puisque pour partir, Cesira, devra cédé, dans un semi-abandon à une passion qui n'a pas la sienne, qu'elle connait, néanmoins très bien, dans l'évocation de son défunt mari, pas vraiment regretté. Cette fois, son " ami / allié " de circonstance, cloisonnera la pièce, sombrera dans la pénombre et fera dans un contre jour un autre portrait taillé sur mesure sur la personnalité de cette incroyable personnage qu'est cette Ciociara !
Le départ scelle un périple ou le regard des hommes n'aura de cesse d'entrée dans le collimateur de celle qui en subit ces ardeurs. Loin d'être éploré, elle rigole, fait preuve de bon mot, à la fois belle, drole, tendre mais aussi farouche et inteligeante, comme lorsqu'elle brandit sa pierre en guise de défiance face à celui qui la menace, elle et sa petite, milice ou pas, rien ne terrasse son aura de protectrice. La scène du train, bien avant ce passage au village, est une autre de ses facettes sur la condition d'un tel départ. La chaleur étouffante, la faim, la promiscuité et le manque de sommeil seront ensuite approfondis mais déjà à cet instant, l'on ressent ce souffre qui allume les sonars, prennent au cœur, à la gorge aussi.
Les retrouvailles de la table, des visages plus ou moins connus par cette paysanne de la ville, change la dimension de son fil conducteur. La mort du cycliste, abattu par cette avion qui tire à vue étant la dernière image de terreur manifeste avant un petit moment. Pas de répits cependant dans cette réclusion à la campagne. Le retour au source, ravive le labeur quitté dans le passé, mais appuie surtout sur le manque présent. Cette nourriture qui se raréfie, aux désaccords, en passants par le défilé de cette guerre, ou les pronostics vont bon train. Sécurité et Justice, deux termes et fondements de la société sont évoqués, par notre héroïne, comme de son pendant Michele, que tout oppose à première vue, mais qui unirons une tendresse mutuel l'un à l'autre dans cette épreuve, dont tous, souffrions jusque dans leurs chairs ...
" Grande Casino " ! Car oui, malgré la dureté, on prend et accepte la moindre réjouissance, à l'instar de Cesira, qui lit son courrier, partage son repas et sa bouteille, s'amuse de la déclaration d'amour de son prétendant en évoquant sa barrière cassé, et qui chasse la chèvre qu'elle appelle " sale bête " dans un sourire d'une générosité incroyable ! La femme " au lait ", en est un autre exemple de fracture, de perte et d'abandon dans cette Italie ou les héros ne sont pas ceux que l'ont attend ... La libération se fait dans la terreur, un vacarme similaire à une occupation de privation, de monopolisation pour la soumission qui entre dans une seule et mem case !
L'attaque, insoutenable, sur ces femmes, de la meurtrissure qu'elles partagent et qui pourtant les éloignent nous poussent à revoir touts les moments mère / fille jusque là vu avec joliesse, qui nous poussent cette fois à la colère et l'apathie, comme elles ! Sa suite, entres cris et larmes, fatigue qui les taisent, avec le chant du cuistre immonde accrédite encore nettement plus la thèse qui fulmine en nous, irrémédiablement !
Le partage de douleur, de la douleur, et la consolation face à l'ignominie ne soignent pas les plaies molestés de la veille ... Le fine, qui clôture, sans rien autre libère une autre frustration ...
Je profite de cette critique pour déclaré pour amour à Sophia Loren, la plus immense des actrices ! Belmondo and co sont magnifiques, mais elle est au-dessus de tout ! Elle procure ses émotions, sur le fil tendu, un éloge de mélancolie dans un visage qui ne perd rien de sa superbe, au delà des traits, dans ses yeux qui ne disent pas touts ... Que l'on observe à la recherche du petit détail.