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Kurosawa
582 abonnés
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1,0
Publiée le 20 février 2015
Accroché au texte de Diderot telle une sangsue, Jacques Rivette signe une adaptation pantouflarde et d'un ennui abyssal. 2 h 15 devant un film où chaque minute en vaut dix: c'est long ! La mise en scène minimaliste d'abord intrigante se révèle finalement être une escroquerie, un dispositif verrouillé à triple tours, d'un formalisme désarmant et étouffant qui n'autorise aucune surprise. La seule raison de visionner cet objet (par ailleurs un excellent somnifère) est l'interprétation convaincante d'Anna Karina (même si Rivette la filme à peine). Une caricature de film d'auteur interminable et périmée, sans point de vue et donc sans intérêt.
Rarement un scandale n'a donné autant de raison d'être à l'oeuvre qui l'a provoqué (bien malgré elle ici !!!), car "La Religieuse", stupidement rebaptisé à l'époque à cause de la Censure "Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot", adaptation d'un roman du XVIIIe Siècle écrit par Denis Diderot montrait l'état d'esprit d'une France des années 60 partagé entre traditionalistes et ceux qui feront Mai 68. Le film, comme le livre auquel il est reste assez fidèle contrairement à ce qui annoncé au début (encore la Censure !!!), n'a rien d'antireligieux ; en fait on peut le prendre juste comme un pamphlet digne et puissant pour le respect de la liberté individuelle. Seule grande entorse à Diderot, alors que l'écrivain des "Lumières" laissait le sort de son héroïne en suspens le film non, mais la fin proposée dans ce dernier n'a rien d'illogique par rapport au reste. Jacques Rivette, dont je suis loin d'être fan de la suite de sa carrière, épure sa mise en scène pour faire sentir l'atmosphère d'enfermement dans lequel vit la protagoniste, se montre souvent inspiré en particulier au niveau sonore, à l'instar de la BO qui donne une résonance moderne intéressante à l'ensemble, et dirige admirablement la sublime Anna Karina pour ce qui est certainement le plus grand rôle de sa carrière. Beaucoup de bruit pour un très beau film.
Je n'ai à ce jour ni lu le roman de Diderot ni vu le film de Guillaume Nicloux, et autant admettre que ce n'est pas cette adaptation de Rivette qui m'incite à le faire. Formellement, le réalisateur a pris le parti du minimalisme radical, de la lenteur austère. Dans le premiers tiers du film, j'ai oscillé entre l'exaspération et un certain envoûtement. Puis ce que je redoutais est arrivé: je me suis finalement ennuyé comme rarement devant cette purge interminable, au rythme soporifique et où le cinéaste lui-même donne l'impression de s'intéresser assez peu à cette histoire pénible et bien trop engoncée dans l'époque qu'elle décrit (le milieu du XVIIIème siècle). Impossible de nier toutefois le talent et la conviction d'Anna Karina, qui tente vaillamment de sortir indemne de ce naufrage dont la réputation flatteuse me laisse perplexe.
Après Paris nous appartient, film déroutant qui révélait déjà un grand auteur, Rivette tourne cette Religieuse, adaptée de Diderot, qui déclencha un immense scandale et les foudres de la censure à sa sortie. Evidemment, les temps ont changé et les émois ne seraient plus les mêmes aujourd’hui, donc ne nous attardons pas sur ce point. Relevons plutôt la distribution d’où émergent Anna Karina, Micheline Presle, Francine Bergé, Liselotte Pulver et Francisco Rabal, ce dernier tenant le seul rôle masculin de quelque épaisseur dans cet univers de femmes. Saluons ensuite une mise en scène à la fois d’école et hautement originale, une direction d’acteurs parfaite et une utilisation de la musique d’une manière réaliste et non redondante (un peu comme chez Deville). La réflexion philosophique est réelle (évidemment puisqu’on part de Diderot) et profonde. L’enfermement, la soumission, la terrible trilogie chasteté - pauvreté – obéissance et ses alternatives : le mysticisme, le sadomasochisme, la sexualité… avant l’ultime : la mort choisie, conçue comme un départ. Ajoutez à cela l’innocence et son corollaire, l’ignorance… Que de thèmes, quelle densité ! Deux heures quinze qui passent dans un souffle, une œuvre d’une grande tenue, d’une rigueur intellectuelle et morale parfaite, bref, un chef-d’œuvre éternel qui n’a pas pris une ride.
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4,0
Publiée le 10 mai 2011
En 1966, Jacques Rivette devint malgrè lui une vedette de l'actualitè avec l'affaire de "La religieuse". Quelques annèes auparavant, Rivette et Jean Grimault avaient dèjà adaptè pour la scène ce roman de Diderot, dont l'hèroïne, Suzanne Simonin, est enfermèe au couvent par ses parents et subit un traitement sèvère de la part de ses supèrieures, avant d'être sèduite par l'une d'elles, subjuguèe par ses charmes! Au thèâtre, l'adaptation de cette oeuvre très cèlèbre du XIIIème siècle ne provoqua aucun scandale! Au cinèma, ce film de souffre interprètè par une superbe Anna Karina eut avec la censure des ennuis qui donnèrent lieu à de nombreuses protestations! Jean-Luc Godard, notamment, envoya une lettre à Andrè Malraux en faveur du film courageux et lucide de Jacques Rivette et contre l'interdiction! "La religieuse" fut pourtant prèsentè au Festival de Cannes et sortit un an plus tard, seul succès populaire de Rivette d'ailleurs! Son interdiction parait bien ridicule aujourd'hui! Censeurs et producteurs avaient même rèussi à nous faire allonger le titre de cette façon: "Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot". Loin d'être subversif et anticlèrical, ce film est au contraire d'une haute tenue et d'une rigueur morale frisant l'austèritè...
Au moment où sort sur les écrans une nouvelle adaptation du brûlot de Diderot, il n’est pas inutile de se replonger dans celle de l’austère Jacques Rivette dont c’était en 1966 la deuxième réalisation. La mise en scène épurée et statique de Rivette renforce encore la charge du propos de l’auteur des Lumières qui dénonce déjà en 1780 les ravages de l’enfermement sur la population monastique par la polarisation des frustrations. En préambule, Rivette prend soin d’exposer les dérives de l’institution religieuse dont les accointances avec la petite noblesse ne sont pas étrangères à l’embrasement révolutionnaire de 1789. La pauvre Suzanne Simonin exclue de sa famille car bâtarde va subir toutes les brimades d’une institution qui ne peut supporter sous peine de s’effondrer la remise en question. C’est un monde mené par le sexe que la jeune femme encore pure, découvre horrifiée. Pas étonnant dès lors que le livre comme le film aient eu à subir les foudres de toutes les censures. La beauté virginale de Suzanne attire toutes les convoitises et à chaque fois qu’elle accorde sa confiance celle-ci est presque aussitôt trahie au motif des pensées concupiscentes que la jeune femme inspire et qu’elle n’est pas encore prête à partager. La répétition des expériences traumatisantes aura raison de sa foi en la vie libre dont elle rêvait. La démonstration est sans doute trop manichéenne pour paraître complètement réaliste mais Anna Karina tout à la fois cristalline et volontaire permet de dépasser le manque de nuance d’un scénario qui pourrait rendre le film assez froid sans la présence miraculeuse (sans jeu de mots) de la belle actrice danoise. La comparaison avec le film de Guillaume Nicloux qui vient tout juste de sortir permettra de voir s’il y avait une autre manière crédible d’aborder l’œuvre de Diderot.
Axiome n°1 : Il n'existe aucun cas connu où la censure d'une œuvre serait justifiée, la censure est donc en soi une imbécilité. Axione n°2 : Une œuvre censurée est toujours surévaluée, car au bout d'un moment ce n'est plus l'œuvre en elle-même que l'on juge mais l'objet de la censure. Cela tendrait à dire que ce film est surévalué. Et c'est sans doute vrai, d'abord c'est trop long, ensuite, les dialogues sont trop théâtraux, là où il aurait fallu adapter. Il en est de même pour certaines postures. Et puis une question en passant qui n'a rien d'une critique, où est l'aspect nouvelle vague dans ce film ? Mais heureusement les qualités priment sur les défauts, Anna Karina porte le film sur les épaules et d'une manière générale la distribution féminine nous fait un sans-faute (Magnifique Liselotte Pulver). Le film montre bien l'hypocrisie et les mœurs de ce milieu, bien éloignés de qu'il est censé être. Dépeindre et condamner l'enfermement et les abus de pouvoir quel qu'ils soient c'est ni plus ni moins défendre la liberté ! Ah, deux choses encore, d'abord la musique est abominable, ensuite il faut savoir que la conclusion du film n'est pas celle de Diderot, certes Rivette a parfaitement le droit de changer la fin, mais fallait-il celle-là ? .
Rivette débute son film par une scène poignante. Le cri de révolte de cette jeune fille va résonner en muet dans son esprit par la suite. Film dur et pas si austère que ça car grâce à la légèreté de la caméra et les visages doux et angéliques qui tranchent avec le sujet. Passionnant
D'abord censuré par le secrétaire d'État à l'information (écoutant les plaintes de religieuses et, dit-on, celles de la femme du général de Gaulle), puis interdit aux moins de 18 ans, ce film est sorti dans les salles françaises le 26 juillet 1967, soit plus d'un an après sa projection houleuse à Cannes. Grosse polémique (et donc gros succès), à la mesure du scandale provoqué par le livre de Diderot, écrit en... 1760. Sur deux siècles, les tabous socioreligieux et les forces de censure sont donc bien tenaces. L'écrivain-philosophe des Lumières a dû se retourner dans sa tombe... Les contempteurs du film y ont vu une atteinte à la religion. Il n'en est rien. Ce sont les fondements de la vie monastique et le fonctionnement des institutions religieuses qui sont ici mis en cause. Diderot s'est inspiré d'un fait divers : le procès perdu d'une jeune femme qui réclamait contre ses voeux. Il a ensuite brodé et plus ou moins fantasmé autour de certaines pratiques (persécutions sadiques, amours saphiques...) dans les couvents, lieux secrets dont on ne savait finalement pas grand-chose à l'époque. Son but : s'insurger contre les sacrifices de liberté non volontaires, contre toute forme d'oppression sociale ou religieuse, tout abus de pouvoir. Et défendre la liberté de conscience. Au-delà de l'aspect romanesque, la dimension sulfureuse réside dans la présentation de l'innocence bafouée. Sans sombrer dans les orgies sadiennes, La Religieuse n'en est pas moins une illustration des infortunes de la vertu... Jacques Rivette et Jean Gruault (coscénariste et dialoguiste) sont restés assez fidèles au texte, atténuant cependant l'ironie de Diderot, mais pas la cruauté (scènes finales rapides et cinglantes). Quant au traitement visuel, il s'avère classique, rigoureux, épuré. Un revirement étonnant de la part de l'un des précurseurs de la Nouvelle Vague (Paris nous appartient). Enfin, la force dramatique du film doit beaucoup à la performance d'Anna Karina, investie corps et âme dans son rôle.
Réalisé en 1966 par Jacques Rivette, " La Religieuse " est une oeuvre austère et qui se regarde avec un certain d'intêret grâce à la subtile performance d'Anna Karina dans le rôle de la touchante Suzanne Simonin, à la mise en scène très classe du réalisateur français et à la photographie magnifique d'Alain Levant. Un bien joli film donc et qui meriterait d'être découvert par le plus grand nombre.
Mon second Rivette, j'avoue en avoir attendu beaucoup de ce film, sans doute trop. En effet j'adore les histoires de bonnes soeurs chez Dumont, Powell, Cavalier… Et là voir une bonne soeur jouée par Anna Karina j'étais aux anges par avance. Le début du film est assez intéressant avec cette fille qui est rejetée par tous, obligée de d'entrer en religion. Seulement je dirai que 2h15 c'est vraiment long pour ce film. Du coup le film souffre du même défaut que Paris nous appartient je dirai, ils sont trop long. J'ai l'impression que rivette ne parvient pas à m'intéresser pendant 2h15. Je pense qu'une heure et demi seraient largement suffisantes. Ou bien il faut aborder la chose sous un autre angle plus contemplatif. Après le film n'est pas nul loin de là il montre des scènes très critiques sur le traitement des soeurs même s'il y a un avertissement au début du film, sur le fait qu'il en faut pas prendre tout comme la vérité absolue. Mais globalement après une heure, j'ai commencé à me décrocher, je n'arrivais plus à me prendre d'empathie pour cette Suzanne, comme c'était le cas dans un contexte différent pour Thérèse chez Cavalier.
Un film qui fit scandale ? Autres temps, autres moeurs... car le parfum de scandale s'est bien évaporé. Reste donc uniquement un film. C'est déjà dommage quand on espérait voir plus que cela. Bon, le film est bien construit, bien filmé, Anna Karina y est très convainquante et plutôt séduisante. Rien de transcendant non plus mais de la belle ouvrage à la Rivette.
Jacques Rivette adapte le roman de Diderot et signe une œuvre ecclésiastique puissante et (très) austère malgré des scènes saisissantes. Un film qui fit scandale à l'époque.
Oeuvre polémique tiré de Diderot, le combat d'une jeune fille torturée psychologiquement et physiquement par des soeurs d'un couvent. Dans la seconde partie l'ambiguïté sexuelle est finement observée, Anna Karina est magnifique et l'histoire est terrible mais les images sont plutôt austères.
La révolte d'une nonne contre des voeux imposés qui prend peu à peu l'envergure d'une passion qu'on pourrait dire religieuse contre l'aliénation même (contre l’enfermement et la discipline monacale, mais aussi la perversion sexuelle ou la débauche). La langue a la force de celle du théâtre classique, la mise en scène est remarquable de sobriété et d'ingéniosité, particulièrement dans la gestuelle des acteurs.