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    Urga
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    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    3 096 abonnés 3 969 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 14 octobre 2006
    Le film est lent et c'est bien son seul défaut, on se laisse porter dans cette histoire hors du commun ou l'imaginaire et le réel ne font qu'un. Les paysages sont magnifiques, les rôles sont tenus à merveille. Un hymne à la vie
    Pomacantha
    Pomacantha

    14 abonnés 59 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 22 janvier 2023
    Un camionneur perdu dans l'immensité des steppes, fait connaissance puis se lie d'amitié avec une famille Mongole qui l'héberge sous une yourte. Un "rendez-vous en terre inconnue" très original et parfois émouvant.
    Eowyn Cwper
    Eowyn Cwper

    124 abonnés 2 039 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 6 novembre 2019
    Avec ses trois titres ”internationaux”, le premier film non soviétique de Mikhalkov est franco-russe, étant préparé, scénarisé, monté et produit par des Français. On connaissait le réalisateur pour être particulièrement attaché à sa patrie gigantesque, mais cette affection a toujours été artistique et non patriotique, alors la collaboration n’avait pas de frontières et il n’a sûrement même pas eu le sentiment de franchir celles qui ont toujours été très poreuses à l’est de son pays quand il est allé y filmer les paysages méconnus de la Mongolie Intérieure communs à la Chine, la Mongolie et la Russie.

    — ᠤᠷᠭ᠎ᠠ : le terme mongol ”uurga” d’où vient le titre et qui… s’afficherait en vertical comme il se doit s’il n’y avait pas les limitations techniques. Il désigne une perche-lasso qui sert à attraper les chevaux. —

    Mikhalkov ne voulait pas forcément casser des idées reçues, mais il était obligé de composer avec. La preuve en est qu’il nous introduit en nous mettant à la place du petit garçon demandant à son père Gombo : ”sommes-nous Mongols ?” Oui, répond-il, des Mongols de Chine. Une accroche pédagogique qui laisse à penser que l’œuvre s’adressait à une audience ignorante du contexte, ou bien qui présage une tendance au documentaire.

    L’histoire ne commence vraiment que lorsqu’un routier russe avec un camion chinois, Sergueï, rend visite à Gombo malgré lui quand une ”panne” le délaisse au milieu des steppes, établissant un lien inimaginable entre les trois peuples. En fait, il s’est endormi au volant, sûrement bercé par la même douce brutalité russe qui nous a fait croire que la famille mongole allait être tirée d’un documentaire hésitant au point de la figer dans la glu des préjugés sous une forme des plus basiques, comme des ”gens qui ont une autre culture”, voire des sauvages belliqueux constituant des personnages très cinématographiques et peu coûteux en justificatifs. Évidemment, c’est mal connaître le cinéaste.

    Même si l’on s’attend quand même à l’habituelle délicatesse mikhalkovienne, il est difficile de se préparer à l’immense paisibilité qui émane du foyer mongol, à peine troublée par l’oncle ivre qui rend parfois visite en laissant des petits cadeaux sortis de nulle part et des bobards acceptés de bonne grâce, ou la femme de Gombo (elle vient de la ville) qui fait l’apologie de la télévision sans pourtant se sentir mal à l’aise dans la grande verdure pommelée de son chez-elle.

    Ces conflits sans perdition, ces obstacles innocents, c’est tout le procédé de Mikhalkov qui, négligeant ses compatriotes parfois colériques et encombrants, amène presque un seul protagoniste russe, camionneur assoupi qui préférerait manger sa propre tambouille et repartir que d’assister à l’abattage et au dépeçage d’un mouton. Non simulés.

    Ce côté documentaire, impressionnant sur le coup et présentant l’avantage d’une immersion éclair, jure un peu quand on y pense avec du recul, car il semble qu’on eût pu se laisser hypnotiser par de l’herbe pendant deux heures tant l’image est constamment belle. Cependant, ce qui le rend vraiment caduc avec une élégance surnaturelle, c’est la myriade d’anachronismes et d’absurdités… apparents (faire naître un rêve avant que le personnage ne s’endorme, personne ne prétendra que ça tient du documentaire) que Mikhalkov développe avec poésie, de sorte que jamais il ne trahit son art par le seul souhait qu’on lui attribue faussement de faire comprendre au monde qui sont vraiment ces gens.

    Ainsi, sans jamais se déconnecter d’une œuvre qui est imaginative, esthétique et instructive – donc un vrai film de cinéma mais avec un bonus –, on verra le père discrètement soupirer que son garçon ait plus d’intérêt pour un jouet en plastique que pour un insecte, et on contemplera le ciel qui s’oxymorise aux pelotes de câbles en ville. On verra Rambo 3 à la télévision, on parlera d’un frère en Amérique. Il n’y a pas de critique, et c’est même trop innocent pour constituer de simples constats, mais c’est beau et révélateur à la fois.

    À force, on n’a même plus le cœur à rire, en éclairés ignorants que nous sommes, que les nomades ne connussent pas le préservatif, ni pour trouver bizarre qu’en ville, on oubliât de payer ou bien qu’on payât beaucoup trop. On n’est même plus le touriste qui pourrait s’étonner. On perd l’envie de faire remarquer que le caissier chinois s’exclamant ”il y a pour une heure de manège !” avec ses 2 yuans est une scène qui manque de spontanéité. On a seulement envie de savoir ce que l’homme peut faire d’autre que de garer son cheval devant une pharmacie chinoise où on lui donne du ”camarade”, ou bien de retourner se laisser hypnotiser par de l’herbe. Une illusion pas si fausse dont on s’éveille en réalisant que Gombo, casanier (enfin… yourtanier), connaît le mongol, le chinois et un peu de russe.

    Il y a une grosse leçon de morale derrière ce film, et l’on manque de passer à côté comme il s’achève ainsi qu’une épopée après deux heures de steppes et de chevaux. On est tellement emberlificoté dans l’incroyable velouté d’images de Mikhalkov – qui lui a servi à nous faire découvrir tant de choses incondescendamment – qu’il faut fournir soi-même un effort et se remémorer tout.

    Une famille mongole. Un routier russe. Leur rencontre, exotique, naturelle, gênée mais pas gênante, dans un entredeux où il est impossible de distinguer ce qui est joué avec un talent extraordinaire de ce qui tient d’un naturel ahurissant, surtout chez les enfants – qui, en fait, ne comprenaient sûrement pas ce que cela impliquait de prendre leur image.

    L’absence de l’impression – à laquelle les Occidentaux sont particulièrement sensibles devant du cinéma russe – que les gens sont enfermés dans l’immensité trop ouverte de leur propre foyer. L’autarcie qui se délite sans être vraiment menacée par un monde moderne pas très distant – à la ville – dont on sait qu’il mettra encore des décennies à arriver, que ce soit de Russie ou de Chine. L’incroyable sentiment que la Mongolie, loin d’être coupée de tout comme on pourrait le croire, est reliée au monde humain par autant de fils dont on a simplement peine à concevoir les infinitésimales proportions dans une ère qui, en 1991 déjà, cherchait à connecter tout le monde à tous les autres. Enfin, les touches d’absurde et de non linéarité glissées là pour rappeler que c’est vraiment un film, qu’il a vraiment été fait par des humains avec des humains, et que les steppes sont un paysage bien terrien que menacent des cheminées et la lente avancée du désert d’une société unifiée.

    Jusqu’ici, Urga est mon film préféré de Mikhalkov, qui était déjà mon réalisateur russo-soviétique favori (Tarkovski est très fort mais plus lourd aussi). C’est une œuvre sans grandes humeurs qui donne l’impression que tout est à sa place sans rien mettre en mouvement d’autre que l’image, et un film qui fait vraiment regretter, sans le cynisme autocongratulant d’un documentaire – genre dont il ne garde que les vertus –, que le monde perde aujourd’hui de sa variété.
    QuelquesFilms.fr
    QuelquesFilms.fr

    272 abonnés 1 646 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 15 septembre 2013
    Le mot "urga" désigne une grande perche munie d'un lasso, qui sert à Gombo pour attraper les moutons ou bien... sa femme, lorsqu'il a envie d'elle. Plantée devant la yourte, elle signale au monde extérieur que les occupants font l'amour... Nikita Mikhalkov s'applique à saisir les us et coutumes d'une famille isolée, les gestes du quotidien, un mode de vie ancestral. Il capte également l'immensité et le silence, en plans larges, superbes. Quant au thème général, il est classique (opposition entre nature et culture, entre tradition et modernité), mais cuisiné à différentes sauces : ironie, drôlerie, nostalgie... Le réalisme, simple et chaleureux, est ponctué de fantaisie (l'apparition de Gengis Khan...). Au final, le parti pris de Mikhalkov est résolument en faveur de la nature, des traditions. On s'amuse de son sens du décalage lorsqu'il croque le monde moderne. On peut aussi y voir un certain passéisme.
    Benjamin A
    Benjamin A

    717 abonnés 1 922 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 12 juin 2016
    Lorsque Gombo, nomade vivant dans la steppe de Mongolie (dans l'une des provinces autonome de la Chine), rencontre Sergueï, un chauffeur russe qui a un accident de camion, une amitié commence à naître et, ensemble, ils vont aller en ville, où Gombo doit notamment acheter des préservatifs pour ne pas enfreindre la loi de limitation des naissances.

    De Nikita Mikhalkov je ne connaissais que le brillant Partition inachevée pour piano mécanique, et à nouveau, dans un style totalement différent, il me surprend et ce de très belle manière. Braquant d'abord sa caméra sur le quotidien et les préoccupation de ce mongol, on assiste peu à peu à sa rencontre avec Sergueï, puis sa virée en ville. Mikhalkov met en place cette improbable rencontre et le choc des cultures qui en découle, mettant cela en scène sous une dimension humaine et les tranches de vies, souvent simples et chaleureuses qui en découlent, que ce soit dans le bonheur, le malheur ou le travail.

    Dès le début il nous intéresse à ce personnage puis à cette rencontre et les péripéties qui vont en découler. Il prend son temps pour raconter cette histoire, prenant parfois un point de vue presque documentaire pour mettre en avant la façon de vivre de ce paysan mongol alors que l'URSS tombait la même année. Peu à peu, c'est vraiment la dimension humaine qui l'emporte où il met en place une atmosphère tour à tour poétique, émouvante et belle. Entre tradition et modernité, on passe de séquences drôles à d'autres plus nostalgiques à la découverte, chacun leur tour, d'une vie nouvelle qui s'offre à eux. Finalement c'est là aussi que le film est intéressant, dans la façon dont Mikhalkov place la découverte d'une vie totalement différente pour chacun d'eux, quand l'une est plus moderne, l'autre est traditionnelle, voire même ancestrale.

    La force et la puissance du film découlent de la manière dont Nikita Mikhalkov capte tous les moments de vies et les personnages. Il prend le temps qu'il faut pour en faire ressortir les diverses sensations et émotions que l'on peut y trouver et dans le même temps, il sublime de magnifiques paysages, notamment grâce à des plans larges où les plaines de la Mongolie prennent toute leur ampleur ainsi qu'une dimension particulière. À l'image de Gombo ivre sur son cheval, plusieurs scènes sont mémorables et Urga bénéficie aussi de la justesse de ses interprètes et d'une belle photographie.

    Basé autour du choc de la culture et de modes de vie totalement différents, Nikita Mikhalkov met en scène une amitié naissante aussi improbable que belle où l'on assiste à une oeuvre qui prend, tour à tour, un aspect poétique, documentaire, beau ou encore mélancolique.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 10 octobre 2009
    Un doc/fable ou l'inverse dans des peintures désertiques plein l'écran avec la lune pour témoin. Juste un petit point dans cet immense décor : notre famille mongol qui vit là (heureuse), au milieu de nulle part, hors du temps... hélas, la TV va faire son apparition.
    Najou
    Najou

    14 abonnés 234 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 16 août 2008
    Un film sublime sur l'amitié étonnante qui nait entre deux personnes venant de mondes très différents. Les paysages sont magnifiques, la vie de ces mongols y est décrite quasiment à la manière d'un documentaire (d'où une certaine ressemblance avec Le Chien jaune de Mongolie) et les sujets tels que l'industrialisation, l'éloignement de sa terre natale sont traités avec brio (le mal du pays de Sergeï, tellement émouvant lorqu'il chante sur les collines de Mandchourie). Un très beau film.
    Raw Moon Show
    Raw Moon Show

    139 abonnés 832 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 6 septembre 2013
    Anachronisme dans une filmographie par ailleurs rugueuse, âpre, souvent très engagée politiquement, Urga s'offre sous la forme d'un conte au fil d'une rencontre improbable entre deux mondes, chacun à sa façon rongé par la nostalgie et menacé par des changements brutaux à venir... Le progrès rampant qui avale tout.

    Restent ces paysages à couper le souffle, deux personnages grandioses exultant dans la steppe infinie, une bande originale magistrale, voilà ce qu'avec Urga le progrès n'aura pas. Cadeau sacré.
    Yetcha
    Yetcha

    895 abonnés 4 406 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 29 octobre 2009
    Un film que je me duis décidé à regarder après un voyage en Mongolie. Un peu déçu parce qu'il s'agit ici d'une famille en Mongolie intérieure (chinoise) et non en Mongolie. Mais bon, j'ai pu voir et observer les différences qui existaient et l'influence chinoise. De beaux moments, de beaux paysages mais une platitude qui vous paraitra immense, surtout si vous n'avez jamais voyagé en Mongolie ou en Mongolie intérieure. Ce qui n'est pas mon cas!
    Nicolas S
    Nicolas S

    46 abonnés 545 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 10 octobre 2019
    De ce film contemplatif et lent on retient évidemment les beaux paysages, les quelques passages oniriques et l'aspect quasi-documentaire d'autres scènes, mais plus encore le pessimisme extrême de sa conclusion qui, plutôt que de conforter la décision du protagoniste de s'adapter lentement au monde moderne, matérialise ses pires craintes. Terrible.
    Léo Peteytas
    Léo Peteytas

    17 abonnés 111 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 18 octobre 2024
    La steppe s'étend. Horizon bercé par les collines et les montagnes, parfois fendu d'un cours d'eau paisible. Immensité verte ou paissent quelques troupeaux épars, et seulement tachée au loin d'un point blanc ; une yourte. Plus qu'un mode de vie ou un choix civilisationnel dichotomique à la ville, le nomadisme d'Urga est comme une idée ; celle de la liberté. Evidemment, les différences avec le mode de vie urbain ne manquent pas. Les rythmes ne sont pas similaires - dans la steppe, le temps est comme suspendu entre ce ciel d'un éternel bleu océan, domaine de Tengri, et le domaine terrestre d'Ätügän, déesse de la terre. Il s'écoule lentement ; rien ne presse. Dans la ville, tout va beaucoup plus vite, et tout est tellement bruyant ! Alors que dans les plaines, seul se perçoivent les sons produits par le vent, couchant l'herbe fraiche, claquant contre le feutre de la yourte ou soulevant les habits en soie ; et le langage des animaux. Tout y est plus coloré, également ; les peuples nomades apprécient particulièrement les teintes vives. La ville, c'est un univers artificiel, d'une uniformité grise, triste. On s'y bouscule, et l'espace manque. Un comble, tant elle empiète sur la campagne environnante ! Dévorant la terre, et tissant secrètement les liens de la "modernité" entre deux sociétés ayant toujours été, semble-t-il, inconciliables. Urga est en fait le récit d'un apparent paradoxe. Deux mondes qui se côtoient, se mêlent et bénéficient d'influences réciproques - sans jamais se confondre, car ils conservent leur caractère. Simplement, l'un empiète inexorablement sur l'autre. Urga, cette perche mongole servant à capturer les chevaux, c'est un ensemble - mode de vie, croyances, symboles, qui subsistent encore, en marge mais pas en autarcie, connectés à ce monde global et complexe qui mange tout, et qui élève ses cheminées.
    Patjob
    Patjob

    34 abonnés 601 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 29 septembre 2020
    Un film qui nous entraine dans des contrées peu vues au cinéma, en l'occurrence la Mongolie Chinoise, sa steppe pour l'essentiel, avec une intéressante incursion en ville. La rencontre entre Gombo, éleveur Mongol indépendant dans l'immensité de la steppe et Serguei, un Russe momentanément expatrié pour participer à la construction d'une route, va être en même temps celle de trois cultures : la culture traditionnelle Mongole, l'administration communiste Chinoise, et aussi l'âme Russe. La première occupe l'essentiel du film, avec son quotidien simple et naturel où les enfants participent à l'écorchage de l'animal domestique dont on se nourrira de la chair et vêtira de la peau. Quant à l’âme Russe, elle apparaît lors d’une magnifique scène où Serguei, ivre, chante sa terre. Ce film poétique qui laisse une bonne place à l’humour est une véritable bouffée d'oxygène, un vrai dépaysement.
    Barry.L
    Barry.L

    31 abonnés 136 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 5 janvier 2017
    ''Urga'' du russe Nikita Mikhalkov fut le vainqueur du festival de Venise en 1991 où il reçut le Lion d'or. Récompense méritée (presque, car il y avait quand même "Epouses et Concubines" de Zhang Yimou) pour cette évocation d'une famille mongole vivant dans leur yourte et les premières marques de la mondialisation.

    Donc, tout va bien pour Gombo, le chef de cette famille, qui vit en paix avec la nature. Un jour, il accueille sous son toit Sergueï, un citadin dont le camion est tombé en panne. A son départ, Gombo décide de l'accompagner en ville pour faire quelques courses. Evidemment, on l'aura compris, le réalisateur fait un film sur deux mondes: celui des villes et celui des champs. Un sujet banal, pour ne pas dire pompier car la majorité des réalisateurs qui traitent ce sujet là ont généralement une vision très convenue: la vie dans la nature est géniale alors que la vie citadine est sinistre. Seulement voilà, c'est la manière dont le sujet est traité et non le sujet en lui même, qui fascine et séduit.

    A l'heure où les films sont (trop) engagés, "Urga" se démarque par l'absence totale de mépris ou de haine pour tel ou tel personnage. Ceci semble d'ailleurs constant dans l'oeuvre de Mikhalkov, même quand l'idéologie du réalisateur est en contradiction avec celle des personnages. Prenons "Soleil Trompeur" (3 ans après "Urga"), sans doute l'oeuvre la plus célèbre du réalisateur. Cette oeuvre présentait deux personnages principaux: l'un joué par le réalisateur lui-même (et qui a sa faveur) et l'autre, le "méchant" joué par Oleg Menshikov. La chose fascinante, c'était que ce dernier n'est absolument pas diabolisé: c'est l'idéologie, non l'homme que condamne Mikhalkov. Ici aussi, on retrouve un monde très peu manichéen. Que préfère Mikhalkov entre le monde urbain et le monde rural? Toute la beauté est là au fond. Certes, le réalisateur dresse deux constats que nul n'aura le courage de réfuter: d'abord, la campagne, la plaine mongol a une beauté que n'a pas la ville, et pourtant, c'est la ville qui gagne du terrain sur la campagne (serait-ce judicieux de dire le mot "hélas"? Le visionnage du film n'offre pas de réponse). Sinon, jamais de subjectivité, un simple constat. Le film offre une précision documentaire passionnante et surtout de beaux personnages, curieux, jamais méprisant, souvent drôle et attachant. Si le film offre des scènes proches du documentaire (notamment la scène du repas), il y échappe totalement grâce à la magnifique mise-en-scène de Mikhalkov. Elle parvient, avec trois fois rien par moment, à insuffler un lyrisme et une beauté, soulignée par l' hypnotisante musique d'Edouard Artemiev (ah! Stalker!). Un homme qui danse dans les plaines sous un arc-en-ciel, un camion qui quitte dangereusement la route (moment par ailleurs très drôle)... la beauté est ici plus évidente que recherchée et donc non factice. Une mise-en-scène qui souligne l'essentiel de ce que dit le film: la campagne sera peu à peu remplacée par la ville, comme un processus mécanique. Deux plans pour souligner cette idée: l'un où l'on voit le camion de Sergueï bloqué dans l'eau spoiler: et le dernier du film où la perche plantée est remplacée par une cheminée
    . Mais tout ceci n'est pas moral ni moralisateur. Ces plans sont étrangement beaux et le plan du camion coincé dans l'eau montre une union harmonieuse entre nature et ville. Une union que l'on retrouve dans l'amitié entre Gombo et Sergueï. Mikhalkov se tient à la bonne distance et ne fait que montrer des choses : à nous de les interpréter comme on veut. Il convient toutefois d'accepter un principe : le progrès et les transformations qu'il engendre sont nécessaires. spoiler: Dans le film, seuls sont diabolisés ces sortes de pseudo Gengis Khan, rejetant le progrès et vivant dans un monde depuis bien longtemps révolue
    . Mieux vaux se tourner vers l'avenir que vivre dans un passé mort, même si les héros ont un rapport étroit avec la notion de passé que ce soit Gombo qui vit dans la yourte de ses ancêtres ou Sergueï, qui se souvient, à travers une chanson, de ses années de guerre.

    Splendeur de la mise-en-scène, profonde affection pour ses personnages... Mikhalkov a réalisé un film qui dépasse, par son impartialité, la puissance de bon nombre d'oeuvres engagés. Ici, ville et campagne peuvent s'allier. Un message très optimiste, qui ne peut que fédérer tout le monde.
    leventinvite
    leventinvite

    11 abonnés 70 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 3 décembre 2013
    Une belle histoire, un conte? Si vous avez aimé L'Histoire du chameau qui pleure ou Le Chien jaune, alors n'hésitez pas à; voir ce petit bijou!
    TB3256
    TB3256

    2 abonnés 83 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 18 juin 2008
    Un lion d'or et un prix du meilleur film européen : deux récompenses vraiment méritées
    Les meilleurs films de tous les temps
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