Comme souvent chez Tourneur, une forme soignée s’accompagne d’un certain vide scénaristique, et c’est dommage car il a un talent notable, mais pas le sens du récit.
En effet formellement Vaudou est très séduisant. Il y a de beaux décors, simples mais efficaces, une ambiance prenante, avec une vraie authenticité dans la manière de montrer les rites vaudous. La mise en scène, sobre est toujours pertinente dans ses choix, et il y a de vraies bonnes idées. Le tout est servi par une photographie particulièrement qualitative, jouant à merveille sur les effets d’ombres portées. Franchement Vaudou est beau, c’est indéniable, et le zombi à de l’allure ! Comme quoi il n’en faut parfois pas beaucoup pour marquer.
Malheureusement à ce beau travail s’adjoint une histoire peu percutante. On se doute un peu du problème de la femme, l’histoire d’amour est des plus convenues, et on reste un peu sur sa fin en matière de vaudou. En fait le film est sûrement trop court pour son propos. Du coup ça parait un peu bâclé, superficiel, peu approfondi, et on n’a pas le temps de s’immerger pleinement dans l’ambiance, les mystères. Tout passe beaucoup trop vite, et en plus le film a fait des choix scénaristiques complexes à traiter sur 1 heure 05 à peu près.
Du coup, malgré de bons acteurs (Frances Dee est à la hauteur), là aussi c’est assez gênant. Ces interprètes se retrouvent avec des personnages très simples, pas assez dégrossis, et on reste relativement déçu. Même l’héroïne n’est pas vraiment traitée, et en dépit de seconds rôles marquants (le casting noir est d’une redoutable authenticité), il y avait vraiment matière à creuser davantage les rôles de premier plan.
Pour moi Vaudou est un film authentique et esthétique, c’est clair. Mais si Tourneur montre son talent formel, la narration manque de substance, de qualité, de relief, et l’on se retrouve avec un métrage au goût doux-amer. Je donne 3.