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    Le Genou de Claire
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     Kurosawa
    Kurosawa

    578 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 2 mars 2017
    Sur les bords du lac d'Annecy, le loup rôde. Dans cette somptueuse relecture de "Don Juan", Rohmer met en scène un personnage qui dit uniquement vouloir séduire et non pas posséder (il se dit pourtant timide), et qui va s'attaquer aux jeunes Béatrice et Claire, dans un élan à la fois animal et amoral. La dimension prédatrice de Jérôme est évidente, d'abord physiquement, avec une barbe imposante, et verbalement, puisque le personnage manipule le langage avec brio, l'adapte suivant la proie séduite. Mais l'amoralité de Jérôme ne réside pas dans le fait qu'il s'intéresse à ces deux jeunes filles - la première est d'ailleurs amoureuse de lui - mais plutôt dans l'idée qu'il compte se marier dans les semaines qui suivent. Si la conquête de Béatrice est plutôt simple, celle de Claire l'est nettement moins, parce qu'elle en couple et surtout parce qu'elle ne l'aime pas : il va donc falloir ruser pour pouvoir l'approcher et la toucher. Pourtant, le cynisme de Jérôme ne le rend pas pour autant détestable ou plutôt tempère le jugement que le spectateur devrait lui porter. C'est d'ailleurs le coup de force du film de créer une distance avec ce personnage - on se fout de savoir si son mariage sera réussi - tout en nous troublant également face à l'érotisation du corps de la jeune fille et nous rendant ainsi curieux de savoir s'il posera ou non sa main sur le genou de Claire.
    Clingo
    Clingo

    58 abonnés 128 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 2 février 2012
    Comme les héros rohmériens, je suis partagé entre deux côtés. D'une part il y a l'ennui, de l'autre une joie intense. L'ennui vient du film - chiant comme un dimanche pluvieux -, la joie vient de ma relation au cinéma de Rohmer : nous venons de rompre, c'était mon dernier film avec lui ( pardon, j'ai utilisé le mot cinéma, il est en trop ici ). Je voulais voir plusieurs de ses films avant de juger définitivement. Je suis venu, j'ai vu, je suis déçu. Déçu parce qu'on m'avait dit que Rohmer était un des plus grands cinéastes français de l'Histoire. Pauvre cinéma français ! Etre associé à une telle absence de forme(s), de mise en scène, être confondu avec le théâtre ( non pas que je n'aime pas le théâtre...)...car au pire, Rohmer aurait mieux fait d'en faire, du théâtre. Il faut reconnaître que chez lui, il y a au moins quelque chose d'intéressant : la musique des dialogues. Il y a chez Rohmer un sens du rythme très intéressant, une manière qu'ont les mots de s'enchaîner qui s'avère agréable. Seulement, les mots ne sont pas intéressants. On parle beaucoup pour ne rien dire, ou alors pour dire des choses qui auraient très bien pu intéresser un public du 17ème siècle. Car c'est précisément ça le problème de Rohmer : il a trois cents ans de retard sur tout. Son cinéma est daté, et parfois je regrette que le septième art ait été inventé au 19ème siècle, me disant que s'il l'avait été en février 2010, Rohmer n'en aurait jamais fait et qu'il se serait concentré sur la littérature ou la scène donc. Mais il a choisi le cinéma et ça ne fonctionne pas, c'est plat, vain, c'est le degré zéro de la mise en scène. Loin de moi l'idée que le théâtre exclue la mise en scène évidemment, mais au cinéma le degré d'exigence est différent, et il me semle que Rohmer l'oublie un peu.

    Il y a cette fameuse phrase d'Hitchcock sur le mauvais cinéma qui n'est que du théâtre filmé, qui fait inévitablement penser à Rohmer. On a l'impression que sa caméra fait dans le prêt-à-filmer, que ni l'espace ni les corps n'intéressent l'homme. Ce qui l'intéresse ce sont les états d'âme de ses pauvres personnages qui ne savent pas très bien où ils en sont dans leur vie sentimentale. Ils hésitent, c'est ça l'amour pour Rohmer : de l'insatisfaction permanente. C'est très bien mais le problème réside dans l'incapacité à créer de l'émotion et à toucher le spectateur dans la mesure où la forme ne développe rien. Comment s'intéresser à des personnages quand la matière qui les entoure est flasque et repoussante ? Comment se passionner pour ce qu'ils sont quand ce qu'ils disent est d'une affligeante monotonie ? Ils souffrent, mais on s'en fout. L'amour est certes universel et atemporel, mais ça n'est pas une raison pour traiter le sujet comme on le faisait il y a quelques siècles. Le cinéma de Rohmer manque d'idées - ce que ses défenseurs appelleront de la simplicité -, de modernité - " un charme désuet " -, c'est un cinéma qui au sein de la Nouvelle Vague aurait dû faire figure de paradoxe : ça sent trop la naphtaline, c'est à l'opposé d'une certaine idée de la fraîcheur que pouvait représenter A Bout de Souffle ( wahou, je défends ce film, c'est dire ), c'est encore pire que le cinéma " de papa " français, contre lequel s'établissaient les Cahiers et ses critiques de l'époque. Dans le film, même les jeunes de seize ans semblent en avoir soixante-dix. Le choix d'une diction théâtrale et l'incohérence des dialogues - surécrits, surpensés - enlèvent toute jeunesse au film. Il n'y a là aucune modernité, c'est un monde bourgeois fermé sur lui-même, sans aucun repère social. Ca n'est pas un hasard si Rohmer filme souvent des lieux où la modernité est absente : campagnes, plages, montagnes, forêts. Comme si le contemporain n'avait pas sa place ici.

    Il y a cet examen que l'on fait chez le médecin, quand il nous tape le genou pour tester son réflexe. Si le film de Rohmer passait ce test, il ne bougerait pas, parce que le genou de Claire est inerte, vieux, déjà un peu mort.
    J'ajoute que s'il vous venait à l'idée de me torturer, inutile d'appeler Jack Bauer, montrez-moi deux films de Rohmer d'affilée, je ne tiendrais pas longtemps.

    Un des meilleurs films de son auteur.
    QuelquesFilms.fr
    QuelquesFilms.fr

    267 abonnés 1 634 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 6 août 2014
    C'est le cinquième des six "contes moraux" réalisés par Éric Rohmer entre 1962 et 1972. Avant ce Genou de Claire, il y a eu La Boulangère de Monceau (court-métrage), La Carrière de Suzanne (moyen-métrage), La Collectionneuse et surtout Ma Nuit chez Maud, probablement le chef-d'oeuvre du cinéaste. Après, il y aura L'Amour l'après-midi, moins connu. Dans cette série de films, Rohmer renoue avec l'esprit littéraire et philosophique du XVIIIe siècle, un peu aussi hélas avec la préciosité du XVIIe, pour faire disserter des personnages contemporains sur la liberté, l'amour, la foi, la morale... Entre libertinage et marivaudage modernes. Tendance intello. Mais autant le réalisateur avait su trouver une austérité, une crédibilité et une profondeur magnifiques dans la joute verbale de Ma Nuit chez Maud, autant il peine ici, dans Le Genou de Claire, à faire oublier l'artifice de son dispositif, une verbosité un peu décalée dans un contexte de légèreté estivale, un peu anachronique aussi. Impression renforcée par le fait que certains acteurs, notamment Aurora Cornu, récitent leur texte bien peu naturellement (Jean-Claude Brialy, heureusement, s'en sort mieux). Ça cause donc beaucoup, très bien, trop bien. C'est toujours très fin, très subtil, mais aussi légèrement pédant et lassant sur la durée. Et puis on est sensible ou pas à ce type d'expérience de vie et d'expérience de cinéma. Écouter des bourgeois oisifs philosopher à bâtons rompus sur les choses de l'amour, entre sorties en bateau et parties de tennis, peut laisser vaguement indifférent, voire agacer, aussi beau soit le décor du lac d'Annecy, superbement photographié par Néstor Almendros... De ces jeux de l'amour sans hasard, très calculés, on garde quand même quelques pépites : un fétichisme amusant (mais développé tardivement) qui fait du genou de Claire "le pôle magnétique" du désir du personnage de Brialy, ou encore le premier rôle au cinéma de Fabrice Luchini, très blond et déjà très bavard...
    Nicothrash
    Nicothrash

    363 abonnés 3 024 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 20 novembre 2012
    Une première partie longue à démarrer, Claire qui n'apparait qu'après une heure de film, des dialogues longuets et trop bavards, non vraiment je ne retrouve pas le charme fou de "Ma Nuit Chez Maud", je me suis à nouveau ennuyé par contre les acteurs sont au niveau, c'est toujours ça de pris ...
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    3 047 abonnés 3 967 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 4 août 2011
    Luchini qui tient un petit rôle dans le film parlait (si je me souviens bien), de ce film, comme d'un jeu érotique pour savoir si oui ou non le personnage principal attiré par le genou de Claire, va la mettre dans son lit ou non. Alors j'ai été déçu, sans doute car je m'attendais à ça justement, voir un personnage masculin totalement tiraillé par ce genou et ce dilemme, tromper sa femme ou non. Alors qu'en fait Claire débarque très tard dans le film, et la question se règle assez "facilement". Il n'empêche qu' on a droit à des très belles pensées, par exemple le moment où le copain de Claire pose sa main sur ce fameux genou, le personnage principal, dont le nom m'échappe, arrive à nous faire sentir son agacement de voir un geste aussi banal et vulgaire sur un si beau genou. Et je trouve ça merveilleux, je dois le dire. Le côté jeu amoureux, on tente de séduire l'autre a lui aussi quelques petits côtés très jouissifs, ainsi que la scène clef du film, sous la pluie, tout à la fin, touchera, ou ne touchera pas le genou de Claire ?
    Et ce que j'adore aussi chez Rohmer se sont les fins, très brutes j'ai l'impression. Ici je la trouve très bien choisi, elle dégage vraiment quelque chose, malgré que ça soit loin d'être mon Rohmer préféré.
    Rohmer c'est pas quelqu'un qui raconte quelque chose d'inutile, j'aime ça aussi chez lui, ainsi on a que les scènes essentielles à la compréhension de l'histoire, pas de scènes où justement il ne se passe rien, du coup dans le découpage narratif de l'histoire on peut avoir avec une scène qui dure 10 secondes, on a vu ce qui se passait d'intéressant ce jour là, on passe à la suite, il ne va pas chercher à justifier cette scène en brodant, non directement à l'essence même. C'est une vision assez intéressante.
    Du coup j'ai pas détesté, et j'ai plutôt aimé, malgré ma déception.
    stebbins
    stebbins

    497 abonnés 1 747 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 23 avril 2009
    Le Genou de Claire est une oeuvre troublante et d'une profonde beauté. Le récit de ce conte moral est celui d'un désir pratiquement platonique, d'un désir qui ne peut décidément se concrétiser qu'à travers la parole. Il n'est d'ailleurs pas nouveau chez Rohmer de voir des personnages ayant le verbe facile : les héros de son univers sont pour la plupart de grands enfants qui verbalisent, des êtres plein de contradictions et d'afféteries frisant l'incongruité. Mais ici, leur maladresse existentielle trouve toute sa raison d'être : le sujet du film de Rohmer est bel et bien l'importance du geste, celui qui fait charnière entre la volonté d'agir et l'acte en lui-même. Le genou de Claire, sorte de pôle magnétique inaccessible, fruit de l'obsession fétichiste du protagoniste ( surprenant Brialy ) est un punctum exemplaire, un de ces détails purement emblématiques du cinéma de l'affect. Nous ne sommes donc pas tout à fait dans l'intellect absolu : Rohmer parvient à créer un film sensible, un poème cinématographique visuellement proche d'un métrage de Ozu ( photographie magnifique, presque chatoyante ). La manière dont il utilise en permanence le panoramique est remarquable : les mouvements de caméra épousent les personnages, comme pour les toucher à distance. Tout est dans le titre : Le Genou de Claire, c'est le film d'un lien, d'une articulation entre deux mondes. Celui d'un geste décisif. Beau et profond.
    Prad12
    Prad12

    89 abonnés 1 086 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 31 mai 2014
    Comment résumer ce long dialogue..... j'ai trouvé..... une histoire à la limite de la pédophilie chez Boboland sur les rives du lac d'Annecy jouait par des pseudo comédiens qui ne jouent pas mais qui récitent leurs textes banals.............. irritant...... vous ne savez pas jouer ? Jouer dans un film de Rohmer.....
    Jean-Sébastien T.
    Jean-Sébastien T.

    25 abonnés 95 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 30 juillet 2017
    Tout pour déplaire : à part Brialy et Luchini la direction d'acteurs est abominable (les acteurs qui ont du métier ne manquent pourtant pas, pourquoi aller chercher des gens qui ne savent pas jouer ?). Nous avons des dialogues aussi naturels que chez des écrivains qui peinent à se faire publier, un enjeu dont on se fout royalement, des bobos déconnectés du monde et qui n'aiment pas que des pauvres viennent troubler leur pauvres petites vies. Bref une vraie purge.
    SebD31
    SebD31

    88 abonnés 553 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 28 mars 2009
    Un trentenaire aimant plaire aux femmes, est obsédé par le genou d'une jeune fille. Rohmer, cinéaste intellectualiste, à partir de cette histoire simple, va développer les méandres de l'âme humaine. Un film relevant du génie tout simplement !
    Estonius
    Estonius

    3 281 abonnés 5 452 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 14 décembre 2012
    On pensait retrouver la qualité de "Ma Nuit chez Maud" du même réalisateur. Déception, c'est sans intérêt, mal joué, chiant, réac, et très con ! A obtenu le prix Louis Delluc en 1970 (mort de rire)
    Skipper Mike
    Skipper Mike

    84 abonnés 650 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 22 août 2014
    Après le dépouillement pictural de "Ma nuit chez Maud", Éric Rohmer réalise un conte incroyablement riche visuellement. Par bien des aspects, "Le Genou de Claire" s'oppose ainsi à ce précédent film : les couleurs sont vives et éclatantes, tandis que les dialogues ne traitent plus de conceptions abstraites mais du désir sensuel, thème bien plus proche de la chair. L'érotisme est toutefois toujours aussi présent, et même plus encore puisqu'il n'est ici pas refoulé par le personnage principal. L'ambiance estivale alimente d'autant plus cette atmosphère propice à la badinerie amoureuse, les corps étant à moitié nus et le sport pouvant se révéler un catalyseur aux rapprochements. Il faut ajouter que les protagonistes sont tous absolument fascinant, du facétieux Jérôme à la délicieuse Aurora – quelle bonne idée que d'introduire ce personnage d'écrivain afin de faire de cette histoire une expérience précédent l'écriture d'un roman ! – en passant par la magnétique Claire et l'ambiguë Laura. Le scénario propose des réflexions infiniment bien écrites et interprétées avec talent par les acteurs. C'est alors avec passion qu'on suit le stratagème de Jérôme pour effleurer le genou de Claire. Il est étonnant de constater, rétrospectivement, que cette histoire a tout l'air d'être mineure, alors qu'elle marque en vérité durablement. L'art subtil de Rohmer s'exerce avec délicatesse et discrétion, mais avec un tel génie !
    Ykarpathakis157
    Ykarpathakis157

    4 474 abonnés 18 103 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 4 juin 2021
    Comment Rohmer s'en sort il et je ne parle pas seulement de la réalisation des films mais aussi de la façon dont ils sont considérés comme des classiques. Le Genou de Claire n'a rien de significatif à dire sur quoi que ce soit. Non seulement ces personnages n'existent pas dans notre vie mais ils n'existent nulle part ailleurs. Comme souvent dans les films français le mot amour devient interchangeable avec passion ou le simple fait d'aimer quelqu'un au point qu'il devient inutile d'utiliser ce terme. La performance principale de Brialy dans le rôle de Jérôme donne l'impression que Rohmer lui a simplement crié les répliques avant de dire action. Nous sommes censé croire qu'il est attiré par tant de femmes y compris la belle écolière de 16 ans Laura. Si vous donniez une caméra une pellicule quelques lampes, un magnétophone, un stylo et du papier aux sept personnes qui passeraient devant votre porte même s'il s'agit d'une vieille femme avec un panier à provisions, de deux garçons de quatre ans, d'un clochard, de votre mère, du marchand de sable ou d'un détenu en fuite et que vous leur donniez deux semaines pour réaliser quelque chose. Ils reviendraient toujours avec quelque chose de plus intéressant, de plus engageant et surtout de plus significatif que ce film...
    Moorhuhn
    Moorhuhn

    141 abonnés 579 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 14 février 2012
    Mon premier Rohmer et j'en ai une drôle d'impression. Plusieurs aspects du film m'ont plutôt agacé mais en fin de compte j'en suis ressorti plutôt satisfait, j'ai relativement apprécié ce long-métrage malgré tout.
    Sur un plan technique j'ai apprécié la sobriété de Rohmer, il n'en fait pas des tonnes, aucune effet de style, pas de musiques si je ne m'abuse, c'est calme, on se laisse balader, il y a des prises de vue sympathiques et il excelle dans les (rares) non-dits. Par contre c'est très bavard sans que ça n'ait forcément lieu d'être... Je m'explique, je trouve que les passages où Rohmer capte les émotions, les regards, les expressions beaucoup plus éloquents que la majorité des dialogues. D'ailleurs je ne suis vraiment pas fan de cette manière de déclamer un texte. les dialogues sont très bien écrits mais je les trouvais inappropriés, ça m'énervait un peu de voir une jeune ado s'exprimer comme Marguerite Duras. Je suis conscient que c'est un choix de la part du cinéaste mais ça ne m'emballe absolument pas. Ca embourbe le film dans un côté vieillot un peu déplaisant, c'est dommage car ça va à l'encontre de ce sentiment de fraîcheur que j'ai pu ressentir d'un côté. Ce film est léger, bien construit. Le fait que l'histoire soit découpée de manière chronologique m'a plutôt plu, c’est ultra linéaire mais ua moins on se repère facilement dans le temps.
    Mais certains choix me laissent songeur. Le côté très théâtral du jeu des acteurs et l'aspect très littéraire des dialogues m'a refroidi. Mais Brialy est génial dans le film, j'aime sa présence, sa voix, son visage. Une très bonne performance qui, je dois l'avouer, a maintenu mon intérêt en partie. Après je m'attendais peut-être à moins sage car en effet le film est très sage, très pudique et j'aurais préféré plus de tension sexuelle avec un sujet pareil. Mais bon on fait avec ce qu'on a! Mon premier Rohmer ne m'a pas chamboulé mais j'en garde une impression assez positive, j'en verrais d'autres c'est certain et je n'exclus pas de revoir celui-là par la suite car même si les défauts sont là, il a un capital sympathie non négligeable.
    Matthias T.
    Matthias T.

    43 abonnés 612 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 10 décembre 2016
    Comme les cinq autres Contes Moraux Rohmériens (1962-1972), Le Genou de Claire, Prix Louis-Delluc en 1971, peut être synthétiquement résumé par la phrase suivante: "Un homme, lié à une première femme, en rencontre une seconde qui accapare son attention jusqu'à ce qu'il revienne vers la première".

    Ici, l'homme c'est Jérôme, attaché culturel de trente-cinq ans. Il s'apprête à se marier avec Lucinde, qu'il connaît depuis huit ans, et, ainsi, à se fixer. Mais, à ce moment-là, alors qu'il passe des vacances aux alentours du lac d'Annecy, il se sent, irrépressiblement, attiré par le genou de la jeune Claire, la fille de Mme W.; une attirance qui confine d'ailleurs à l'obsession. Pourquoi cette attirance, tout à coup? Il ne saurait le dire lui-même. En tout cas cette attirance met momentanément sa vie sentimentale en suspens; jusqu'à ce que Jérôme reprenne ses esprits et son bateau, (re)fasse ses bagages et parte pour, en tout cas c'est ce qu'il affirme, se marier avec cette femme, Lucinde, dont on ne voit que la photo au début du film, qu'il présente à Laura, en lui demandant: "Tu ne trouves pas que nous sommes un couple bien assorti?".
    À ce schéma narratif simple s'ajoute la présence d'Aurora, romancière roumaine, qui utilise Jérôme comme "cobaye", s'imaginant les dévergondages amoureux de Jérôme matière à roman. Ainsi Le Genou de Claire joue continuellement sur l'ambiguïté concernant le libre-arbitre ou non de Jérôme: ses "aventures" amoureuses avec Laura et Claire sont-elles l'oeuvre d'Aurora, ou sont-elles l'expression du désir propre de l'attaché culturel trentenaire?

    Le film collectionne de cette façon les paradoxes (de la même façon qu'Haydée collectionne les hommes dans La Collectionneuse, autre Conte Moral de Rohmer, 1967), la plupart dignes objets de fascination.
    Par exemple, malgré le côté forcé de certains dialogues trop écrits - notamment dans la bouche d'une Béatrice Romand qui se contente de les réciter avec une nonchalance d'écolière un peu agaçante à plusieurs reprises - le film dégage une surprenante impression de naturel. Même si ceux que les personnages disent est souvent tourné de manière sophistiquée, on a constamment l'impression de les prendre sur le vif - assis sur des chaises longues près du lac d'Annecy, en balade dans la montagne, pendant une partie de tennis ou de volley-ball.
    A la fois artificiel par son dialogue très écrit et débordant de naturel par la simplicité déconcertante de ses situations (Gilles et Claire, sur une échelle, cueillent des cerises tout en s'échangeant un baiser), dans un style autant fabriqué qu'authentique, documentaire que "cinématographique"; le cinéma de Rohmer, à l'aune du Genou de Claire, se dérobe définitivement à tout adjectif réducteur pour se déplier en toute liberté, et se révéler une surprise de chaque instant pour un spectateur conquis du moment qu'il veuille bien céder au charme rohmérien.

    Mais, tout en étant très bien représentatif du "style Rohmer", ce cinquième des six Contes Moraux vaut également pour lui-même et ses qualités propres. Remarquons dans ce sens qu'il est très beau sur le plan visuel - l'image de Jérôme, barbe et cheveux noirs, une chemise blanche en guise de haut, une écharpe bleue enroulée autour des épaules, un chapeau de paille sur la tête, rapprochant, extasié, son index du pied d'une Claire installée sur une échelle pour cueillir des cerises, est par exemple tout à fait mythique. Certaines images du film, superbement cadrées par Nestor Almendros, s'imposent à nos yeux avec une évidence nuancée de simplicité, estivales, lumineuses, magnifiques dans leur dépouillement minimaliste, leur agencement des couleurs qui paraît ne pas en être un, qui paraît être simple hasard.
    Mephiless s.
    Mephiless s.

    62 abonnés 697 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 16 mai 2015
    Le prestigieux prix Louis-Delluc est totalement mérité pour ce 5ème épisode des contes moraux! Jean-Claude Brialy en barbu est touchant et naturel, dans un cadre magnifique, bien appuyé par la photographie. Une fois de plus les dialogues sont très bien écrits, ils font bien l'analyse des sentiments de chaque personnage (chacun très bien travaillé)! Un très beau film et une belle histoire!
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