Quelques années après « La Vie et rien d‘autre », Bertrand Tavernier revient à la Première Guerre Mondiale, dans un contexte totalement différent. « Capitaine Conan » se déroule en 1918, dans les Balkans. Un volet méconnu du conflit. D’autant plus que la majeure partie du film se passe après l’armistice, alors que les soldats sont désemparés. Toujours mobilisés dans un pays étranger, rincés après des années de conflit, ils ne demandent qu’à rentrer en France, pour entendre que les Bolchéviques sont la nouvelle menace.
On suivra en particulier Conan, officier spécialisé dans les missions commando. Habitué aux opérations éclair aussi efficaces que bouchères, où l’on tue au couteau sans avoir le temps de faire des prisonniers, ce « fou de guerre » va avoir du mal à digérer la paix…
Le seul vrai défaut du film est peut-être toute sa partie centrale, en forme de chronique, sans qu’une trame narrative principale ne se dégage. Ce qui induit un récit pas toujours rigoureux. Mais le reste est un plaisir, d’autant que l’écriture est fine.
Un jolie BO (néanmoins discrète). Des acteurs en forme, qu’il s’agisse de Philippe Torreton en « guerrier » méprisant les militaires de bureau, ou des divers seconds rôles. De très bons dialogues, avec l’argot militaire de l’époque, et même des touches d’humour !
Et, question mise en scène, c’est ambitieux. Le premier et le dernier acte offrent des assauts spectaculaires, à coup de figurants, explosions, décors naturels, caméra à l’épaule, et mini plans-séquence. Le reste du film est tourné avec un niveau de détail (costumes, décors, image froide) qui nous plongent dans cet environnement désespérant.
Rares sont les films français sur la Première Guerre Mondiale, et celui-ci vaut le coup d‘œil.