Dernier des quatre contes que je n'avais pas vu, Conte d'automne arrive à capter quelque chose de formidable : les amours des femmes dont la beauté, bien qu'encore tenace, semble en train de s'estomper au fur et à mesure qu'elles vieillissent.
Et rien que pour avoir réussi à faire, ça c'est un film formidable, parce que mine de rien Béatrice Romand qui devait avoir environ 45 ans au moment du tournage garde un charme certain qui finalement n'a pas grand chose à envier à Alexia Portal, toute jeune à l'époque. Pour une fois la préoccupation principale du film ne sera pas les amours de la jeune, mais bel et bien celle de la femme plus mûre. Bref un parti pris intéressant.
La beauté du film réside également dans sa saison, l'automne. Je veux dire qu'on filme une saison sublime, on y voit la province, le travail de la terre, le moment où les feuilles tombent... Disons que non seulement j'apprécie fortement l'ancrage territorial du film, mais en plus ça va parfaitement avec le thème du film, comme si c'était la dernière chance, l'automne, pour tomber amoureux.
Après évidemment ce qui est fabuleux chez Rohmer c'est les dialogues, je dois avouer que beaucoup m'ont réellement mis mal à l'aise, notamment les scènes entre Marie Rivière et Alain Libolt. En effet Rivière donne un rendez-vous amoureux en se faisant passer pour son amie et on est dans le pur marivaudage, mais je ne comprenais pas l'idée, on voyait que le personnage galérait à se faire passer pour son amie... et tout ça c'est très étrange... c'est des choses absolument gênantes car on n'aimerait pas les vivre et je ne comprends pas qu'on puisse se mettre volontairement dans des embarras pareils. Bref, j'étais à fond.
Mais ça apporte quelque chose, puisque Marie Rivière sans réellement dire qu'elle s'intéresse à ce personnage va elle aussi goûter à nouveau aux frissons de l'amour, donnant ainsi une fin assez douce amère et mélancolique.
J'aime beaucoup la narration, le fait de commencer par ce couple qui va se marier, qui est au cœur de son amour et qui n'a pas encore connu les affres de la vie, tranche assez radicalement avec le reste du film, ces personnages plus âgées, qui ont moins de temps, des responsabilités et plus le temps de batifoler.
Bref, il y a tout dans conte d'automne. Et je crois que j'avais limite oublié le plaisir qu'il y a à écouter un film de Rohmer et ses dialogues, son phrasé un peu ampoulé peut-être, mais qui dit de très belles choses sur l'amour et sur la vie.