A l'origine d'American Gangster est un article de Mark Jacobson publié le 14 août 2000 dans le magazine New York et intitulé The Return of Superfly. Le journaliste y donnait un compte-rendu de ses entretiens (avec Nicholas Pileggi, coscénariste des Affranchis et de Casino comme intermédiaire) avec Frank Lucas, trafiquant et pourvoyeur d'héroïne à grande échelle, chef de famille et figure charismatique de la communauté noire, qui revenait sur sa carrière de malfrat. Le titre fait allusion à Superfly, un monument de la Blacksploitation rendu célèbre par la chanson éponyme de Curtis Mayfield, monument qui aurait été inspiré de Frank Lucas lui-même. Universal acquit les droits de l'article l'année de sa publication, mais le projet fut mis en stand-by jusqu'à ce que Ridley Scott soit désigné pour le mettre en scène.
Brian Grazer, le producteur d'American Gangster, mais aussi de hits récents comme 8 Mile ou Un homme d'exception, voyait dans l'histoire du malfrat Frank Lucas une illustration de l'avidité du capitalisme "en col blanc". il explique : "Frank a pris pour modèle les valeurs du big business. Il a d'abord trouvé des contacts en Asie du sud-est, susceptibles de lui fournir la meilleure héroïne du marché, puis a conclu un deal avec des officiers américains stationnés au Vietnam pour transporter d'énormes quantités de drogue dans les cercueils à double fond des soldats rapatriés aux États-Unis. J'ai trouvé cette histoire fascinante de bout en bout."
American Gangster marque la troisième collaboration entre le réalisateur Ridley Scott et l'acteur Russell Crowe après Gladiator (2000; cinq Oscars au compteur dont Meilleur film et Meilleur acteur) et Une grande année (2006). Deux autres sont en préparation : Body of Lies et Nottingham. C'est en revanche la toute première fois que le cinéaste britannique travaille avec Denzel Washington.
Russell Crowe et Denzel Washington ont beau être deux des acteurs les plus côtés d'Hollywood, American Gangster n'est que leur second long-métrage en commun, douze ans après le thriller de science-fiction Programmé pour tuer.
Afin de cerner précisément qui était vraiment le charismatique Frank Lucas, et pour mieux l'incarner sur grand écran, Denzel Washington lui rendit visite et enregistra leurs échanges. Il évoque son expérience aux côtés du célèbre malfrat : "Je n'ai pas tenté de l'imiter, maisde faire ressortir son charme, qui est le trait dominant de sa personnalité. Je lui ai seulement demandé de ne me divulguer aucune information qui pourrait m'obliger à témoigner contre lui !" L'acteur, qui recueillit également nombre d'informations sur les trafics de stupéfiants de l'époque, et tout particulièrement celui de Lucas, conclut : "Mon objectif n'était évidemment pas de glorifier son passé de dealer, mais d'essayer d'illustrer son désir de rachat."
Dans American Gangster, Russell Crowe incarne l'Inspecteur Richie Roberts, qui tentera tout pour mettre fin aux agissement de Frank Lucas. L'acteur évoque ce personnage avec des mots empreints de mystère : "Ce scénario n'est pas un documentaire. Il donne une vision nécessairement partielle des événements et contient aussi certains détails fictifs, relatifs à la vie de Roberts. La trajectoire de cet homme pétri de contradictions n'obéit à aucun schéma traditionnel et ne se résume pas en quelques mots. On peut seulement tenter d'en livrer une certaine image."
Comme nombre de projets ambitieux, American Gangster a vu son tournage différé à plusieurs reprises, mais avec certains des plus grands noms hollywoodiens prêts à s'embarquer dans l'aventure. Ainsi, le film aurait pu être réalisé par Brian De Palma, Antoine Fuqua ou Terry George (réalisateur de Hotel Rwanda) avant que Ridley Scott ne soit finalement engagé. De même, le personnage de l'Inspecteur Richie Roberts aurait pu être interprété par Brad Pitt, Benicio Del Toro ou Joaquin Phoenix, alors que celui du malfrat Frank Lucas aurait pu revenir à Don Cheadle. Quant au scénario, la première mouture de Steven Zaillian (scénariste de La Liste de Schindler et Gangs of New York) fut retravaillée par Terry George, dont le travail fut également recalé et à son tour retouché par Zaillian.
L'actrice Ruby Dee, qui a bien connu Harlem, résume bien l'époque abordée dans American Gangster et l'influence des fameux gangsters sur le quotidien : "L'époque dont traite ce film est encore présente dans ma mémoire. Les gangsters jouaient un rôle important dans notre communauté, ils y étaient pleinement intégrés. À Thanksgiving, deux ou trois jeunes venaient de leur part livrer la dinde traditionnelle aux habitants du quartier. À Noël, nous recevions des jouets. C'est seulement plus tard que j'ai fait le rapprochement entre ces actes de générosité, la pègre et les politiciens locaux." Cuba Gooding Jr., qui incarne l'un de ces gangsters, plus précisément le grand rival de Frank Lucas, raconte de son côté que "ces super-dealers étaient d'authentiques célébrités, au même titre que certaines de nos stars ou vedettes du sport. Ils entretenaient des liens étroits avec le peuple et les quartiers populaires."
Pour attraper le mafrat Frank Lucas, l'Inspecteur Richie Roberts s'entoure d'une galerie de personnage haute en couleurs, qui forme la SIU, précurseur de la fameuse DEA (Drug Enforcement Agency). Russell Crowe évoque cette bande et le travail de comédien durant les scènes de groupes : "C'est une bande pour le moins pittoresque et très animée. Nous avons largement improvisé notre dialogue avec la complicité de Ridley, qui donne une grande liberté à ses comédiens. Ces scènes demandaient une vigilance particulière. Il fallait connaître à fond les personnages et la situation pour maintenir le tempo et se renvoyer effi cacement la balle."
Frank Lucas et Richie Roberts ont tous deux servis de conseillers techniques sur American Gangster, laissant Denzel Washington et Russell Crowe s'inspirer de leurs manières de parler et de leur gestuelles respectives. Ainsi, Denzel Washington passa de longs moments en compagnie du malfrat Frank Lucas, qu'il incarne sur grand écran, et lui offrit une voiture de luxe en guise de remerciement.
L'histoire d'American Ganster couvrant une longue période, il fallu figurer au mieux le vieillissement des protagonistes. Ainsi, même les mains de Denzel Washington durent recevoir un maquillage conséquent afin d'illustrer la marque du temps sur le personnage de Frank Lucas.
Le premier "employeur" du malfrat Frank Lucas fut Ellsworth "Bumpy" Johnson. On peut voir celui-ci incarné à deux reprises sur grand écran par Laurence Fishburne, dans deux films différents : Cotton Club, de Francis Ford Coppola, et Les Seigneurs de Harlem, de Bill Duke.
Le tournage d'American Gangster s'est bien entendu déroulé à New York, coeur-même des événements, à la fois dans le quartier de Harlem et sur les cinq sections de la ville, ainsi qu'à Long Island et dans une partie du Nord de l'État. Ridley Scott, qui connaissait bien les quartiers populaires de New-York pour avoir passé de longs mois dans le Bowery au début des années 60, explique : "Je savais comment m'y prendre pour recréer en plans larges et dans toute sa dimension le Harlem de l'époque." L'équipe filma par ailleurs une petite partie du film en Thaïlande.
Le rappeur américain Jay-Z a composé certaines des chansons d'American Gangster, dont la bande-son contient également nombre des musiques qui rythmaient l'époque dans laquelle vivait Frank Lucas. Jay-Z raconte : "L'histoire m'a profondément affecté. Nous n'avions jamais vu l'un des nôtres connaître une telle ascension. J'en retire une certaine fierté, mais je suis tout aussi conscient des drames humains qui émaillèrent cette odyssée."
Steven Zaillian, le scénariste d'American Gangster, possède un curriculum vitae prestigieux, puisqu'on lui doit les scripts de La Liste de Schindler (un Oscar à la clé) et de Gangs of New York.
En phase de préproduction, American Gansgter n'avait pas encore adopté son titre définitif : il a notamment été nommé Tru Blu et The return of Superfly.