Comme Barbet Schroeder y a passé une partie de son enfance, la Colombie est le pays de son cœur. Il a adapté le livre éponyme de Fernando Vallejo, écrit à 52 ans (8e roman) en 1994 et largement autobiographique. Le film a été tourné (en Haute Définition, ce qui a permis d’avoir une grande profondeur de champ, mettant en valeur les montagnes entourant la ville) à Medellín, 2e ville de Colombie et capitale du département d’Antioquia. Ville dangereuse à l’époque (le baron de la drogue, Pablo Escobar est mort 7 ans auparavant). L’écrivain revient, après 30 ans d’absence à Medellín, ville en proie à la violence et qu’il ne reconnaît plus.
Il couche avec un jeune homme, Alexis, originaire d’un quartier pauvre de la ville. Ils s’installent tous les 2 dans un appartement, l’écrivain essayant de lui faire découvrir l’opéra (Maria Callas dans « Casta Diva », extrait de « Norma » de Vincenzo Bellini) ou la littérature. Alexis n’hésite pas à tuer pour se défendre ou ceux qui les gênent, tel un voisin punk jouant de la musique tard la nuit. Il finit par être tué à son tour par un autre jeune qui circule en moto. L’écrivain, déjà déprimé par la violence de sa ville natale (une scène est tourné dans la commune de Sabaneta où un panneau indique devant un fossé qu’il est interdit de déposer des cadavres (pourtant présents !), erre dans la ville et rencontre un autre beau garçon, Wilmar, tueur également et qui vient habiter chez lui…
L’écrivain, quinquagénaire, sans illusions sur lui et le monde qui l’entoure, est attachant. A la façon d’Alfred Hitchcock, Barbet Schroeder apparaît fugacement dans la 1ère scène du film. Clin d’œil, peut-être aussi, à son film, « Vertigo » (« Sueurs froides ») (1958) où James Stewart, après la mort de Madeleine (Kim Novak) la blonde, retrouve Judy, son sosie, la brune…