Film emblématique de la communauté LGBT+ mais également le dernier film de Rainer Werner Fassbinder, décédé avant la fin du montage, sorti en 1982, n'est pas si mal que ça mais possède tout de même pas mal de défauts, résidant surtout dans les longueurs. Le film est adapté du roman "Querelle de Brest" de Jean Genet et raconte l'histoire de Querelle, un matelot qui se pose des questions sur sa sexualité. Alors, pour être tout à fait honnête, même si l'affiche est plutôt éloquente, je ne m'attendais pas à un film abordant l'homosexualité de manière aussi directe et sans retenue, ce qui est une petite prouesse pour l'époque. Effectivement, même si on pourrait dire aujourd'hui que le héros gay est également un meurtrier (certains pourraient ainsi associer l'homosexualité au crime, ce qui est une bêtise), le film ne se cache absolument pas pour afficher son identité gay. Avec ses personnages donc, tous homosexuels, le film ne comportant d'ailleurs qu'une seule femme qu'on ne voit pas tant que ça, mais également avec des décors très explicites, comme ce mur en forme de phallus ou tous ces dessins sur les murs ou les vitres du bar. Et j'adore complètement cet univers, surtout qu'il est renforcé par des décors carton-pâtes complètement assumés et des couleurs criardes, si bien qu'on se croirait dans une pub pour le parfum "Le Mâle" de Jean-Paul Gaultier (qui s'en inspire d'ailleurs très certainement). Même dans les costumes, tout est absolument cliché (dans le bon sens du terme) et tout renvoie à une iconographie gay. De plus, le film évolue dans une ambiance moite, rendant le film d'autant plus érotique. Seulement, le film ne se repose que là-dessus, au détriment d'une histoire qui peine à avancer. Et avancer où d'ailleurs, on ne le sait pas vraiment puisque l'on a du mal à comprendre où elle veut vraiment en venir. Oui, le héros se cherche, comme tous les autres personnages d'ailleurs qui sont des beaux mecs virils qui se dragouillent entre eux, mais au bout d'un moment, on finit par tourner en rond, malgré les quelques sous-intrigues qui finissent par se rejoindre. Concernant les acteurs, nous retiendrons surtout Brad Davis duquel on a du mal à détourner le regard et puis Jeanne Moreau dont on aurait aimé qu'elle prenne plus de place. "Querelle" n'est donc pas un film intéressant, loin de là, mais se rapproche plus de l'expérimentation visuelle, en délaissant malheureusement son scénario.