Spielberg n'est jamais aussi bon que lorsqu'il met tout son talent au service d'une histoire futuriste. Cette fois-ci, il le prouve encore, comme il le prouvera plus tard avec La Guerre des Mondes et "Minority Report". Au-delà de la simple histoire de méchants dinosaures et de savants fous (déjà très "Wellsien" !), le réalisateur du Soldat Ryan profite de l'aubaine pour dresser un réquisitoire sans concession sur l'aveuglement d'une société entièrement tournée sur le profit. Certes "l'homme-dieu" créateur d'un monde perdu a dépensé sans compter, mais il a oublié ce que Jeff Goldblum, dans le film, s'entête à démontrer : l'inaliénable force de la nature. L'homme ne fait ni plus ni moins partie de ce monde chaotique qui règne sur la terre depuis la nuit des temps. Et vouloir contrôler l'incontrolable le conduit irrémédiablement à sa perte. C'est ce terrible constat que dresse deux heures durant Steven Spielberg. Armé de dinosaures plus vrais que nature (je me souviens encore de ma sortie du cinéma en 1993... Je guettais les T-Rex au coin de la rue !!!), d'humains plus féroces, cupides et avides que les bêtes qu'ils croient traquer, d'un sens du suspense toujours aiguisé (la scène du raptor dans la cuisine avec les enfants est inoubliable) et d'une imagination toujours plus foisonnante, Steven Spielberg tire en plein dans le mille. Attention chef-d'oeuvre !