Avec ce Tout feu, tout flamme, le rare Jean-Paul Rappeneau signe un très beau film, un de ces moments de grâce du cinéma français que l’on aimerait voir évidemment plus souvent. Un film superbe, tout en finesse, en douceur, en gravité et en drôlerie.
Le casting d’abord est énorme. Faut que je le dise, j’ai adoré les acteurs de A à Z, avec des choix d’interprètes toujours judicieux, et des prestations excellentes. Yves Montand trouve un rôle taillé sur mesure pour lui, fantaisiste, irresponsable, aimant mais toujours à poursuivre des chimères, qui, peut-être ne le sont finalement pas à chaque fois, il campe un personnage subtil, et lui apporte beaucoup de relief face à une Isabelle Adjani étincelante. Radieuse au possible, magnifiquement mise en valeur par Rappeneau, elle compose aussi un personnage fort passionnant, un très joli brin de femme forcément attachant. C’est réellement un très beau rôle pour elle, et elle le porte avec brio, toute en émotion et en drôlerie. Des seconds rôles forts réussis accompagnent ce duo, avec un Bideau amusant, une Lauren Hutton subtile, un Alain Souchon bien agréable aussi. La construction des personnages ait pour beaucoup dans la force cinématographique de ce film.
Le scénario est très réussi lui aussi. Il est surtout un magnifique exercice d’équilibre entre la comédie (et il y a des scènes très drôles), et le sérieux, puisqu’il y a quand même une certaine tristesse latente devant cette pauvre héroïne obligée d’assumer de front un peu tout toute seule et s’oubliant elle-même. Evidemment le film est optimiste et plein d’espoir, et Rappeneau signe ainsi un très joli métrage, plein d’émotion, de tendresse, abordant de nombreux sujets importants. C’est en tous les cas un très beau moment à passer, et il y a souvent une profondeur insoupçonnée sous des passages d’une joyeuse fantaisie.
Visuellement Rappeneau orchestre là encore un film des plus élégants. Sa mise en scène est excellente, vive, précise, soulignant à merveille les gestes et les attitudes de ses personnages qui sont le noyau dur de son film. Il se dote aussi de décors judicieusement choisis, et la photographie tour à tour grise et lumineuse souligne fort bien les changements, les évolutions, tant de lieux que dans la tonalité du film qui, plutôt triste au début devient peu à peu frais, optimiste et colorée. Je note une bande son parfaitement en adéquation avec la tonalité du film. Très belle partition, par moment délicieusement mélancolique, qui sert un métrage mémorable.
Tout feu, tout flamme est un film merveilleux, Rappeneau parvenant à mon sens un traiter de nombreux sujets graves avec une profondeur inespérée, sans pour autant sombrer dans le drame austère et repoussoir. Au contraire, il y a beaucoup de fantaisie et même de l’humour ici, et entouré de ses acteurs au sommet de leur art, il nous offre un moment d’une infinie poésie et d’une grande douceur. 5